Etat de la pauvreté en France 2025 - Rapport du Secours Catholique
Le secours catholique publie son rapport annuel issu de témoignages de terrain. Dans le diocèse de Lille, la présentation a eu lieu ce jeudi. Héloïse Hazard, en charge du plaidoyer et Samuel Prieur, directeur diocésain, sont les invités d'RCF Hauts-de-France pour évoquer les nouvelles pauvretés.
Heloise Hazard et Samuel Prieur, pour le Secours CatholiqueLe Secours Catholique soufflera ses 80 bougies mais plus spécifiquement depuis 30 ans ses analyses chiffrées alertent sur la paupérisation accrue de notre société.
« Au-delà de l’accompagnement des personnes en précarité, en 1994 le gouvernement Balladur a donné aux associations la mission de produire et d’analyser les données. Chaque année ces retours d’expériences locales – qui concernent 80 000 personnes sur toute la France rien que pour le Secours Catholique – permettent de dégager des grandes tendances sur l’évolution des types de pauvretés. C’est dix fois plus puissant qu’un sondage Ipsos. »
Pauvretés nouvelles
650 bénévoles pour 11 salariés : dans le diocèse de Lille comme partout dans le monde, la « Caritas » ne se contente pas d’apporter une aide de première urgence aux victimes de la précarité. L’accueil convivial dans des ateliers (jardinage, cuisine…) permet notamment de rompre l’isolement et de sortir, ensemble, du sentiment de “déclassement”. Partager ses problématiques, retrouver l’estime de soi sont des moyens éprouvés pour devenir « acteur» de son émancipation. Et beaucoup passent ainsi du statut d’aidé à celui de bénévole.
Pour autant le tableau de la France qui peine n’a plus grand chose à voir avec celui de la génération précédente. De 15% du public accompagné par le Secours Catholique en 1994, les personnes qui souffrent de problèmes de santé ou de handicap sont passées à 23% des effectifs accueillis.
Les enfants, premières victimes de la précarisation
« Si plus de 60% des personnes reçues par le Secours Catholique de Lille sont des femmes, il faut savoir qu’en France ¾ des mères isolées sont en situation d’extrême pauvreté et que 49% des personnes accueillies par l’association sont des enfants. »
Et l'on voit de plus en plus de travailleurs précaires pousser la porte du Secours Catholique. En effet, 28% des publics soutenus sont employés en CDI sans pouvoir régler leurs factures. Un problème d’autant plus aigu dans les zones rurales…
« Il y a 30 ans, vivre à la campagne permettait généralement de cultiver la terre et donc de se nourrir. Non seulement ce n’est plus le cas mais les questions d’hébergement et de mobilité sont devenues problématiques »
Dans le Nord seul, la part des personnes de nationalité étrangère a triplé en 30 ans pour représenter 60% du public accueilli. Installées ou désirant s’implanter dans la région, elles sont en attente de titres de séjour longue durée – qui sont de moins en moins délivrés… Leurs statuts, leurs conditions de logement et leurs ressources s’avérant pour le moins instables.
Pensons à ceux qui ne mangent pas à leur faim ou ne se chauffent pas
« Le revenu médian des personnes que nous rencontrons est de 500 euros environ. Revaloriser ces minima sociaux, qui permettent a peine de survivre, c’est du réalisme avant tout. Un revenu digne, c’est un tremplin pour mieux se battre. »
Face à ces constats alarmants, le Secours Catholique affiche un objectif clair : analyser les données pour mieux comprendre les causes de cette précarité endémique. Et les combattre.
« Sans indicateur, on ne peut pas faire évoluer les choses. A la faveur des élections à tous les échelons, nous sommes là pour faire des recommandations, aiguillonner les différents acteurs de l’Etat pour qu’ils prennent leurs responsabilités dans la lutte contre la précarité. »
Avant que les politiques ne mettent en place les réponses adéquates, l’association se mobilise pour aider certains à sortir de l’enfer de l’endettement : en négociant avec les partenaires économiques concernés, mais aussi en accompagnant les personnes dans la reconnaissance et l’usage éclairé de leurs ressources.
Si l’association est solide et reconnue depuis 80 ans, elle vit à 90% de dons, et de nombreuses mairies du Nord contribuent, chacune à sa mesure, à l’effort de guerre.
« Pour tout un chacun, il a plusieurs manières de nous aider : se renseigner tout d'abord sur la réalité de la précarité en France et lire la dernière exhortation apostolique du pape sur le sujet. Nous soutenir financièrement bien sûr car les politiques publiques ont du mal à suivre. Et enfin devenir bénévole au Secours Catholique. Il y a forcément un lieu d’accueil à moins de 10km de chez vous… »


Politique, culture, économie, religion ou société, Michel Picard reçoit en direct un grand invité issu des Hauts-de-France pour éclairer un point de l'actualité.
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