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Des propositions pour contrer le burnout parental

Un article rédigé par Yves Thibaut de Maisières - 1RCF Belgique, le 12 septembre 2024 - Modifié le 12 septembre 2024
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Comment lutter contre le fléau du burnout parental qui touche 8% des parents en Belgique ? La Fondation Degroof Petercam a recueilli 350 propositions émises par près de 180.000 personnes consultées sur le sujet. Outre un besoin d'augmenter le nombre de place en crèche, il s'agit aussi de revoir le schéma sociétal dans lequel la performance professionnelle a tendance à prendre le pas sur l'épanouissement familial. 

Burn-out parental ©PixabayBurn-out parental ©Pixabay

Nous connaissons la réalité du burnout dans le monde du travail, cette maladie professionnelle qui touche aujourd'hui de nombreux secteurs. Cette maladie de l'épuisement atteint désormais la sphère familiale. Selon une étude menée dans 42 pays, la Belgique se situe à la troisième place des nations les plus touchées par le burnout parental ! Une réalité qui concernerait 200.000 personnes dans notre pays. Un mal-être qui semble avoir des conséquences négatives pour près de 8 % des parents. Un sujet dont s'est saisi la Fondation Degroof Petercam, sur la base d'une consultation menée auprès de 180.000 personnes. 

Cette fondation d'utilité publique a à cœur de dégager des propositions pour aider concrètement les familles à concilier plus facilement la vie professionnelle et la vie privée. Anne-Sophie Pype directrice générale de la Fondation, explique ce plan d'action à Yves Thibaut de Maisières. 

Un épuisement aux conséquences multiples 

Pourquoi l'intérêt de la Fondation de Degroof Petercam sur cette question du burnout parental ?


"Le burnout parental est un syndrome qui touche les parents exposés à un stress parental chronique en l’absence de ressources suffisantes pour compenser". En savoir plus sur le site burnoutparental.com 

Anne-Sophie Pype : on est parti du constat qu'il y a une vraie problématique en Belgique en ce qui concerne la conciliation de la parentalité et du travail. Prenant conscience que cette réalité constitue un problème sociétal, il nous semblait essentiel de la traiter. En creusant, à partir de l'étude publiée et de ses résultats, nous constatons que les répercussions sont énormes au niveau de la santé des parents, mais aussi des enfants, et également dans le monde du travail.

Cette consultation, nous l'avons menée dans l'ensemble du pays pendant deux mois en mai et juin 2024, dans le but de repérer des solutions proposées par le citoyen. Au point de départ, il y a une démarche citoyenne collaborative. Nous avons envie de faire ressortir le besoin du citoyen d'abord. Celui-ci peut aussi voter pour une ou d'ailleurs plusieurs des propositions exprimées. Au total, on a récolté 180.000 votes, ce qui souligne encore une fois l'importance du problème du burn-out parental. Des 665 propositions traitées par un logiciel d'intelligence artificielle, 300 sont sorties du lot, 

Les femmes et le burn-out parental

Généralement, on dit que ce sont les femmes qui seraient les plus concernées par le burn-out parental. Cette généralisation est-elle confirmée par les résultats de la consultation citoyenne ?

A-S P. : les résultats de la consultation nous donnent une indication très intéressante à ce sujet. D'abord, il y a autant de participants en Wallonie, qu'à Bruxelles, qu' en Flandre. Mais surtout, 83% des participants sont des femmes ! En tant que directrice de la Fondation, ce chiffre me touche particulièrement. Je suis maman de deux filles et je trouve très marquant que même avec un logiciel d'intelligence artificielle, qui faisait en sorte d'équilibrer la participation, on atteigne un score aussi haut. 

Il y a vraiment une disparité entre la valeur accordée à l'emploi, et celle donnée à la parentalité. 

Quand je diffusais cette consultation autour de moi, parfois, mes collègues masculins me disaient : “merci, je vais envoyer à ma femme !” La réalité, c'est que 40% des femmes travaillent à temps partiel - contre 12% des hommes -, majoritairement pour s'occuper des enfants. On observe que même dans les faits, la femme qui s'occupe encore plus des enfants. En soi, ce n'est pas du tout un problème. Mais il ne faut pas oublier que les femmes seront plus exposées à la précarité. D'autre part, les femmes ont ce qu'on appelle généralement "une pénalité de maternité", c'est à dire qu'elles perdent jusqu'à 43% de leur salaire à partir de la naissance de leur enfant en raison des congés de maternité. Il y a vraiment une disparité entre la valeur accordée à l'emploi, et celle donnée à la parentalité. 

Ce burn-out parental touche-t-il davantage certains milieux plus que d'autres ? Le rôle des parents, est-il devenu une mission un peu trop solitaire ? 

A-S P. : la réponse est que le fait d'avoir un enfant - ou plusieurs, d'être monoparental ou pas, d'être issu d'un milieu favorisé ou pas - n'a aucune incidence sur l'indice de classement. Ce qui est frappant, c'est l'individualisme. Les sociétés où les parents ont beaucoup d'enfants, dans lesquelles on vit davantage en communauté, où on s'entraide, vont avoir beaucoup moins de burnout parental, à la différence d'un pays comme la Belgique. Il s'agit d'une vision sociétale. Notre société identifie trop souvent la performance au niveau de la réussite professionnelle.

Augmenter l'offre des places en crèche 

De quelle manière allez-vous travailler pour mettre en place le plan d'action que vous souhaitez ? 

A-S P. : la démarche de la Fondation Degroof Petercam étant essentiellement citoyenne avec une volonté de répondre aux besoins du citoyen, notre vision est d'accueillir les visions de plusieurs groupes : experts académiques, associations de la société civile, personnes engagées sur les réalités de terrain. Bien évidemment, on est ravi qu'il y ait déjà beaucoup d'intérêt de la part de représentants politiques et nous avons de bons échanges avec eux. 

Ce qui nous intéresse, ce sont les propositions ayant obtenu le consensus citoyen le plus fort. Parmi celles-ci, la plus répandue concerne l'amélioration de l'accès des places en crèche, ainsi que leur accessibilité financière. Une de mes collègues a été en congé parental pendant six mois pour s'occuper de son bébé. Faute de place en crèche, elle a été contrainte de s'arrêter parce qu'elle a encore essayé de trouver des solutions, elle n'en a pas trouvé. 

Réadapter les horaires de travail

Les votants ont-ils aussi émis des propositions vis-à-vis des entreprises ?

A-S P. : il y a énormément de demandes pour créer des crèches sur les lieux de travail, voilà certainement un axe autour autour duquel on va travailler. Ensuite, nous retrouvons des demandes d'adaptation des horaires de travail liés à la culture d'entreprise, par rapport à la réalité des horaires des écoles. Cela dit, l'effort peut venir aussi des écoles qui ont un meilleur programme parascolaire.

Dans la réalité, nous voyons un écart entre le schéma de travail classique (de 9 heures à 17 heures) d'une entreprise et l'école qui met fin aux cours 15 h 30. Cet écart a des conséquences pour l'organisation familiale quand les écoles n'ont pas prévu d'activités extrascolaires pour permettre aux parents de travailler jusqu'à la fin de leur horaire. Il faut penser au bien de l'enfant ! En tant que maman, si la garderie à l'école n'est pas au niveau, ça met les parents dans une situation délicate. L'organisation de l'après-école, les mercredis après-midi, les journées pédagogiques, les vacances, tout ça peut se transformer en casse-tête. Pour autant, ne réinventons pas la roue. Des solutions existent déjà en Belgique et elles ont besoin de soutien, de visibilité. 

Notre fondation a financé l'ingénierie de la consultation (logiciel d'intelligence artificielle) et la coordination des ateliers de rencontres. Ensuite, on aura trois pistes concrètes qu'on co-financera avec des mécènes intéressés par le sujet et d'autres entreprises.

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