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Baisse des natalités : la tendance des 15 dernières années se confirme

Baisse des natalités : la tendance des 15 dernières années se confirme

Un article rédigé par Charline Deau - RCF Limousin, le 31 juillet 2025 - Modifié le 20 août 2025
L'invité du 18/19Recul des naissances en 2024

Les chiffres des naissances sont là. L'INSEE a fait paraître son rapport ce 30 juillet. Et la tendance est à la baisse. Des chiffres que nous explique Hélène Thélot, de la division enquêtes et études démographiques de l’INSEE. 

Source : Photo de Rene Terp: https://www.pexels.com/fr-fr/photo/gros-plan-de-mains-tenue-pieds-bebe-325690/ Source : Photo de Rene Terp: https://www.pexels.com/fr-fr/photo/gros-plan-de-mains-tenue-pieds-bebe-325690/

Ce mercredi 30 juillet 2025, l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) a fait paraître les chiffres de la natalité. 660 800 bébés ont vu le jour en France en 2024. La tendance est à la baisse et au recul de l’âge de la première grossesse. Des chiffres que nous explique Hélène Thélot, de la division enquêtes et études démographiques de l’INSEE. 

Hélène Thélot, quelle est votre analyse de l'état des naissances en 2024 à l'INSEE ?

HT : Dans cette publication annuelle, on constate que 661 000 bébés sont nés en 2024. Cela représente une baisse de 2,8 % par rapport à 2023. Mais la chute est moins importante que l’an passé, où le recul de la natalité a été d'une ampleur inédite (de 6,6 %). Mais en réalité, la tendance est à la baisse depuis la fin du baby-boom. Depuis 2010, dernier pic de natalité, les naissances ont diminué de 22 %.

 

Donc il y a une baisse généralisée des naissances depuis 15 ans ?

HT : Absolument. Les naissances diminuent depuis 2010. Il y a eu un petit rebond en 2021 avec la période Covid, mais tendanciellement, les naissances baissent.

 

Comment nous situons-nous par rapport à nos voisins européens ?

HT : La fécondité en France diminue, c'est sûr. L'indicateur conjoncturel de fécondité également. Mais il reste néanmoins élevé par rapport aux autres pays européens. Par exemple, en 2023 - qui est la dernière année de comparaison européenne disponible - l’ICF (indice conjoncturel de fécondité) en France était de 1,66 enfant par femme, contre 1,38 dans l'Union européenne. Néanmoins, cette année-là, elle passe en deuxième position au sein de l'Union européenne, derrière la Bulgarie. Mais l’ICF français était le plus élevé de l'Union européenne depuis 2012. 

 

Donc les natalités européennes et françaises diminuent simultanément. 

HT : Exactement au niveau de l'ICF et du solde naturel. Pour rappel, le solde naturel, c'est l'écart entre le nombre de naissances et le nombre de décès sur une période donnée. En 2024, le solde naturel en France est encore légèrement supérieur à zéro. Il n'y a que sept pays sur les 27 où c'est le cas. Car, compte tenu de la baisse de la natalité d'une part, et du vieillissement de la population des baby-boomers, le solde naturel se réduit dans la plupart des pays européens.

 

Quelle est la tranche d'âge qui a le plus d’enfants ? 

HT : L'INSEE a fait paraître une publication il y a deux semaines sur l'âge des maternités : le taux de natalité est plus important chez les 30 à 34 ans. La tendance a changé depuis la fin des années 2000, où c’était les femmes de 25 à 29 ans avaient le plus de bébés. Il y a donc un décalage du calendrier des naissances, mais c’est le cas depuis le milieu des années 70 : l’âge moyen de la première maternité est de 29,1 ans aujourd’hui. Ce qui est intéressant en 2024, c'est que pour la deuxième année consécutive, les naissances diminuent aussi chez les femmes plus âgées. Ce n’est plus le même phénomène. 

 

Concernant la localisation, quel est le département français qui enregistre le plus grand nombre de naissances ?

HT : C'est en Île de France et c'est évidemment lié à la taille de la population.

 

Et pour le plus pauvre en natalité ? 

HT: En 2024, c'est un phénomène assez nouveau car c’est Mayotte.

 

Cela a un lien avec le cyclone Chido, survenu en décembre ?

HT: Ce n’est pas dû au cyclone Chido, car la plupart des naissances de l'année avaient déjà eu lieu. De plus, l’INSEE semble avoir récupéré tous les bulletins d'état civil malgré tout. Donc a priori, il n'y a pas ou très peu d'effet Chido sur le volume des naissances à Mayotte.

 

On note dans le rapport une baisse plus importante dans les Dom, y a-t-il une raison identifiée pour cette baisse ?

HT: Alors effectivement, en 2024, les naissances diminuent dans toutes les régions de France et la baisse est plus importante dans les départements ultramarins. On a remarqué que la diminution des naissances attendues en 2023 a été moins importante dans les Dom que dans le reste de la France. Nous avons déjà les natalités du premier semestre 2025 et, de fait, il semblerait que les Dom retrouvent une baisse conforme à la moyenne. On a donc l’impression que la baisse attendue en 2023 s’est décalée à 2024, et que l’on retrouve aujourd’hui une évolution commune entre la métropole et les Dom. Mais si l’on regarde la tendance sur une période de dix ans, les naissances sont à la hausse dans les DOM, à Mayotte et en Guyane par exemple. 

 

Comment expliquez-vous cette baisse de la natalité ? 

HT: Malgré le report du phénomène dans les DOM, les raisons pour lesquelles les Français ont moins d'enfants, sont communes à la métropole et aux territoires ultramarins. On sait que le souhait de mettre des enfants au monde est souvent conditionné au fait d'être, d'être installé dans un emploi stable, d’avoir un logement, une vie de couple, etc. Il est possible que réunir tous ces éléments aujourd'hui nécessite plus de temps que par le passé. Cela peut reporter l'âge de la maternité, ou voir même annuler un souhait de maternité. On sait aussi que les contextes socio-économiques, politiques ou environnementaux peuvent engendrer les mêmes conséquences sur la fécondité. Il y a une récente étude de l'INED (Institut national d’études démographiques) qui indique, par exemple, que les personnes inquiétées par le changement climatique souhaitent moins d'enfants que les autres.

 

Qu'est-ce que ça dit de notre société ? Est ce que ça dit que nous avons une société angoissée, ou que nous avons une société plus consciente ?

HT: Les données dont on dispose ne permettent pas de dire ce que ça dit de notre société. Mais ce que l'on peut dire, c'est que par rapport au reste de l'Union européenne, la natalité en France reste assez forte malgré la baisse.

 

Si on revient sur des données pures, quelles sont les conséquences d'un recul des naissances ?

HT: Alors les conséquences d'un recul des naissances sont multiples. Il y a l'aspect le plus mécanique, si j'ose dire, c'est le financement du système des retraites. Mais bon, pour le coup, ça n'est pas l'objet de cette publication d'analyser les conséquences de la baisse, nous, on fait le constat.

 

 

 

 

L'invité du 18/19© RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
L'invité du 18/19
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