Badevel, les nouvelles technologies au service de la commune

Dans cette petite commune du Doubs, le maire et son équipe municipale ont fait le pari d'une stratégie ambitieuse pour pallier le manque de budget, d’ingénierie et de personnel. La réponse ? Faire du numérique un outil central pour optimiser les ressources, créer de la valeur et accompagner les transitions écologiques, alimentaires et énergétiques. Depuis 2021, Badevel est devenue un "living lab", un terrain d’expérimentation - grandeur nature - à une série de dispositifs connectés, appuyés par la Région Bourgogne-Franche-Comté. Cette dernière a subventionné les investissements à hauteur de près de 820 000€. Ces technologies sont pensées pour automatiser certaines tâches, générer des économies mesurables et améliorer l’efficacité des services municipaux.

Maîtriser l’énergie grâce aux objets connectés

Une des premières actions concrètes mise en place a porté sur la gestion énergétique des bâtiments communaux. Grâce à des boîtiers de pilotage développés localement, la mairie a pu connecter son ancienne chaudière au fioul. Résultat : entre 65 et 70 % d’économie d’énergie grâce à une programmation plus fine et un pilotage à distance. D’autres équipements suivent la même logique : panneaux de contrôle et hyperviseurs pour surveiller la température, l’humidité ou la pression dans les locaux ; actionneurs pour couper ou allumer pompes et lumières à distance. Ces outils permettent aussi de détecter les pertes, comme les lumières oubliées ou les systèmes de chauffage inutilement activés. L’objectif global : optimiser l’existant sans engager de dépenses lourdes, tout en simplifiant les tâches pour les agents municipaux.

Une serre connectée et pédagogique

La commune a aussi investi dans un espace expérimental à la croisée des chemins : agriculture, éducation et technologie. Ce projet, baptisé iEcoFerm, inclut une serre connectée MyFood, un rucher intelligent et un potager en permaculture. Ce site sert à la fois de lieu d’apprentissage pour les enfants – de la maternelle au CM2 – et de démonstrateur technique. Les jeunes y apprennent à utiliser des imprimantes 3D, programmer des objets ou gérer un robot maraîcher. Ce dernier, semblable à une grande imprimante, sème, arrose et traite les plants de manière autonome. L’ensemble fonctionne avec des capteurs pour mesurer le pH, la qualité de l’eau et l’état des cultures. Les ajustements (acidité, apport en nutriments) se font désormais automatiquement via des algorithmes ou interfaces programmables, réduisant les erreurs humaines.

Vers des solutions locales et reproductibles

Si certaines technologies sont déjà existantes et ont été importés à titre éducatif – comme le robot américain utilisé dans le potager –, la commune travaille aussi sur ses propres prototypes. L’équipe municipale, en lien avec des chercheurs et étudiants de l’UTBM (Université de Technologie de Belfort-Montbéliard), conçoit des dispositifs adaptés aux besoins locaux. Cela inclut des solutions d’arrosage automatisé, de traitement de l’eau ou de suivi des déchets organiques. L’idée est de passer d’une expérimentation isolée à des systèmes reproductibles ailleurs en Franche-Comté. Envisagée également : la revente de certaines solutions techniques, en partenariat avec des startups existantes, pour générer des revenus et contribuer à la création d’emplois. Le numérique n’est plus vu comme une finalité, mais comme un support au développement durable et à l'autonomie des territoires.