Attaques de prisons : "l'autorité de l'Etat visée" estime François Bayrou

« C'est une attaque intolérable à l'autorité de l'État », a estimé François Bayrou devant le parterre de journalistes présents à la prison de Saint-Quentin-Fallavier, ce mercredi. Le locataire de Matignon a tenu à se rendre auprès des personnels pénitencier pour leur apporter son soutien après plusieurs attaques à l’encontre d’établissements carcéraux et de leurs agents.“Ils sont en première ligne des plus dangereux de la société. [...] On voulait être avec eux” confirme le Premier ministre.

65 faits commis en 10 jours

Des attaques vraisemblablement coordonnées partout dans le pays selon le chef du gouvernement. Plusieurs enquêtes ont été ouvertes et confiées au parquet national antiterroriste : 65 en seulement dix jours, selon Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur. La plus symbolique, ici en Isère, dans la nuit du lundi 21 avril, sur la commune voisine de la prison, à Villefontaine. Des assaillants y ont attaqué deux maisons au cocktails molotov et à l’arme de guerre. Ils pensaient, à tort, viser les domiciles de surveillants. 

Soutien et fermeté

Pour François Bayrou, il s’agissait aussi d’affirmer le durcissement de ton opéré par son gouvernement. Accompagné de son ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, et du garde des Sceaux, Gérald Darmanin, le Premier ministre voit aussi dans ces attaques une réaction aux annonces récentes du gouvernement. En effet, 200 narcotrafiquants seront bientôt isolés dans deux prisons de haute sécurité. “Ce sont des réseaux qui croyaient qu'ils étaient en situation d'impunité et qui, tout d'un coup, voient la perspective de détentions plus sévères, sans les moyens de continuer à exercer leurs activités depuis la prison.” 

Les agents en première ligne

Si les attaques de lundi à Villefontaine n'ont fait aucune victime ni blessé, les personnels pénitentiaires, quotidiennement au contact des détenus, confient un sentiment d'insécurité : “On a jamais été autant en danger à l’intérieur, et maintenant, à l’extérieur” s'inquiète Cédric Rochis, représentant de l’UFAP UNSa Justice dans la région. Le syndicaliste réclame notamment une sécurisation des entrées et sorties des agents et une meilleure garantie de leur anonymat.

Le soutien des ministres est, reconnaît-il, un geste fort. Mais toujours pas satisfaisant. Cédric Rochis pointe du doigt l’insuffisance des moyens alloués au monde carcéral. Il manquerait plus de 3 000 personnels dans les prisons françaises, qui sont aussi surpeuplées.

“Les détenus ne se sentent probablement pas respectés. Sur des établissements, on arrive à mettre trois détenus dans moins de huit mètres carrés. Effectivement, la frustration, l'énervement, ça se traduit aussitôt sur le personnel.” déplore le représentant syndical.

L'année dernière, le nombre de détenus dans les prisons françaises a atteint un nouveau record avec 78 509 personnes incarcérées. En moyenne, le taux d'occupation des établissements pénitentiaire dépasse 127%. Ici, la maison d'arrêt de Saint-Quentin-Fallavier il affiche même 192%.