Après avoir fait un détour par les études de droit, elle reprend l'entreprise familiale de santon
Clara a grandi parmi les santons que vendait sa mère. Diplômée de droit et reçue au concours du barreau, elle renonça à la carrière d’avocate qui s’ouvrait à elle. L’activité qui occupait ses mains et son esprit quand les révisions devenaient trop oppressantes occupe aujourd’hui ses journées, ses semaines, son année : créer, mouler et peindre des santons !
Clara dans son atelier (issue de son site intrenet)Ce qu'il faut retenir :
- devenir santonnière
Une maman déjà reconvertie en santonnière.
Suite à un congé maladie, sa maman avait décidé de quitter son poste de travail en maison de retraite pour choisir une activité qui l'attirait depuis longtemps : la vente de nougats sur les marchés. Autrefois jeune vendeuse de chaussures, elle gardait en mémoire son amour pour la vitrine du santonnier installé rue de la République. Elle osa prendre contact avec des santonniers d’Aix-en-Provence pour leur proposer de vendre leurs créations sur les marchés. Henri et Suzanne Cavasse, enthousiastes, lui confièrent gratuitement un premier carton de santons à vendre, lui promettant de réfléchir à un partenariat si la première saison se révélait fructueuse.
Heureuse de ses premiers marchés réussis, le petit étal de vente s’étoffa au fil des dix années de ventes. Henri Cavasse lui proposa même de créer ses propres sujets pour compléter son étal de santons de crèche traditionnelle. Son nom de famille lui inspira le thème de sa propre collection : des animaux. L’éléphant et les moutons furent ainsi les premiers « Santons de La Forest ».

Clara, de la petite main à la cheffe d’entreprise
Clara avait bien souvent aidé sa maman à l’atelier et sur les marchés mais avait toujours refusé d’imaginer d’en faire son métier. L’observation de sa maman travaillant dans le froid, la pluie, installant et désinstallant ses stocks, préoccupée par la fabrication du stock, n’avait pas motivé la jeune adolescente... Après quelques années d’études universitaires de droit, elle réalisa que l’avocature ne la rendrait pas heureuse. Le plaisir qu’elle éprouvait à peindre les santons fabriqués par sa mère l’attirait bien plus que les plaidoiries au palais de justice. L’idée de rejoindre définitivement l’atelier des Santons de La Forest parût finalement évidente. Le projet d’en prendre la succession se confirma après le grand succès de son premier santon. Le castor, créée un soir d’insomnie passé devant Chasse et Pêche, se vendit comme des petits pains. Sa vocation prenait forme.
Plus que le plaisir de modeler et peindre, voir les collectionneurs de santons acheter ses créations pour préparer Noël avec enthousiasme lui apporte la plus grande satisfaction. Elle participe au bonheur des familles. Pour autant, ce métier est plus que de l’artisanat à ses yeux. Clara avoue vivre sa foi dans le façonnement de ses petits sujets. La modélisation de son premier personnage lui révéla cette dimension spirituelle jusque-là inconsciente. Ce premier sujet à figure humaine qu’elle s’autorisait à créer devait prendre la forme d’un fauconnier, un rôle respectant la thématique spécifique de leur collection.
« On peut avoir une idée du résultat mais c’est la terre qui prend la forme qu’elle contient » fut sa conclusion en regardant son petit personnage aux traits de St François. « Ce n’était pas un hasard. Saint-François est l’ami des animaux, l’inventeur de la crèche, et l’ami de Sainte Claire, ma patronne. »
Le santonnier n’est donc pas qu’un artisan traditionnel, il recrée chaque année, depuis des siècles, les figures passées et actuelles des hommes et des femmes curieux du Christ.

Courte histoire de la crèche
L’histoire de la crèche semble débuter par une messe de la Nativité célébrée près d’un âne et d’un bœuf dans l’humble ermitage de St François d’Assise, au XIIème siècle. Le saint italien voulu rendre vivante la naissance du Christ dans la pauvreté, au cœur de notre monde. L’auteur du célèbre texte identifié comme la trace historique de cet épisode raconta combien les mots du saint furent bouleversants, tellement que les fidèles se mirent à voir le Christ dans la paille des animaux. Cette célébration de Noël, immergée dans une scène de pauvreté réelle, inspira le pape Nicolas IV qui fit sculpter une composition statuaire de la Nativité, dans la basilique Sainte-Marie-Majeure à Rome. L’ordre des franciscains florissant répandit la coutume à mesure des installations de ses monastères en Italie puis en Europe. Ainsi, les crèches s’implantèrent en Provence au début du XVIIème. La trace la plus ancienne se retrouve à Notre-Dame-des-Anges, entre Aix-en-Provence et Marseille. Au siècle suivant, les scénettes sortirent des églises pour s’installer dans les foyers provençaux, sous forme de petites boites contenant les saints sujets. Après la Révolution, la création du santon en argile modelée à Marseille impulsant une nouvelle tradition artisanale se répandant dans toute la Provence, de sujets moulés en terre cuite, cuits et peints à la main. La tradition aixoise et la tradition marseillaise ont institutionnalisé 2 séries de formats (6 et 9 cm dans la tradition aixoise ou 7 et 10 cm dans la tradition marseillaise, sans oublier les « puces » hauts de 2cm).

Le métier de santonnière
Afin de pouvoir vendre dans tous les salons programmés partout dans le département, en automne et jusqu’à Noël, la santonnière consacre 9 mois de l’année à fabriquer son stock. La production de santons demande du temps : un jour à plusieurs semaines de création pour un nouveau modèle, des heures de moulage, démoulage et nettoyage de séries de sujets en terre cuite fraîche, 2 jours de séchage, des heures de cuisson au four céramique, et bien de la patience pour les peindre au pinceau très fin. Chaque santon est le fruit d’un long travail, avant d’être choisi pour compléter l’histoire de la crèche familiale pour de nombreuses années. Dans bien des familles, il est de coutume de se transmettre les crèches comme un trésor patrimonial, chaque sujet représentant parfois un souvenir, un évènement, un proche... Clara participe ainsi à la construction d’un trésor de famille !
Retrouvez sa créativité et les propositions d'ateliers sur son site internet!


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