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Le retour du catholicisme en France ?

Le retour du catholicisme en France ?

Un article rédigé par Pauline de Torsiac, Melchior Gormand, avec OR - RCF, le 3 juillet 2025 - Modifié le 7 juillet 2025
Je pense donc j'agis2025 : vers un retour du catholicisme en France ?

Records d’audience lors de l'inauguration de Notre-Dame de Paris, retransmission des obsèques du pape François sur les grandes chaînes nationales... Assiste-t-on au retour d’un catholicisme que l’on croyait en recul dans notre pays ? La télégénie de ses traditions ne doit pas occulter l'effacement d'un certain catholicisme hérité des années 60, 70, qui laisse place à une réalité bien plus complexe et composite que l'idée d'un simple retour.

Messe solennelle pour le repos de l’âme du pape François et en action de grâce pour son pontificat, célébrée à Notre-Dame de Paris, le 25/04/2025 ©Maeva Destombes / Hans LucasMesse solennelle pour le repos de l’âme du pape François et en action de grâce pour son pontificat, célébrée à Notre-Dame de Paris, le 25/04/2025 ©Maeva Destombes / Hans Lucas

Présenté comme en déclin depuis des décennies, le catholicisme montre aujourd’hui des signes de regain. Hausse de la pratique chez les jeunes, prise de parole publique plus affirmée, augmentation du nombre de catéchumènes... Mais peut-on vraiment parler d’un retour du catholicisme en France ? Avant de passer au rythme d’été, l'émission Je pense donc j'agis fait le point sur les événements de l’Église catholique qui ont marqué l’année 2024-2025. 

Des traditions catholiques télégéniques

L’année 2024-2025 a été marquée par de nouvelles révélations d’agressions et d’abus sexuels dans l’Église, par exemple dans les diocèses de Dijon ou de Metz, ou par la création d’une commission d’enquête indépendante dans l’affaire Bétharram. Le récent sondage Ifop pour l’Observatoire français du catholicisme révèle d’ailleurs que les abus sexuels ont une influence forte sur l’image de l’institution ecclésiale.

Dans ce contexte, la place accordée ces derniers mois aux événements de l’Église catholique dans les médias est d’autant plus notable. Plus de 30 millions de téléspectateurs ont suivi la réouverture de Notre-Dame de Paris le 8 décembre 2024, les obsèques du pape François ont été retransmises en direct sur deux grandes chaînes nationales le 26 avril. On a aussi beaucoup parlé de l’explosion du nombre de baptêmes lors de la Vigile pascale, et du nombre de catéchumènes. Sans compter la tendance apparue sur Tiktok après la messe du mercredi des Cendres, le 5 mars, de selfies le front marqué d’une croix.

Est-ce le signe d’un regain d’intérêt pour le catholicisme et ses traditions ? Comme le dit Mgr Matthieu Rougé, quoi de plus "enraciné dans la tradition liturgique" que la consécration de l’autel de Notre-Dame de Paris ? "Quoi de plus traditionnel voire à certains égards désuet", que l’élection d’un pape, "une élection à huis clos avec de la fumée qui annonce le résultat !"

 

Un certain catholicisme en train de disparaître

Assiste-t-on au retour d’un catholicisme que l’on croyait en recul ? Certes, les records d’audience lors des obsèques du pape François ou de l’élection de Léon XIV attestent une véritable curiosité pour le fait catholique. Le Père Guillaume Roudier qui, en tant que Prêtre de la Mission de France, est aussi salarié dans une entreprise internationale du numérique, observe chez la plupart de ses collègues un réel "intérêt" pour les symboles religieux et le patrimoine. Pour autant, la religion catholique "ne fait pas partie de leurs préoccupations du quotidien, dit-il. Comme pour tout autre sujet, ça zappe. Cette actualité va être remplacée par une autre."

Supposer que l’on assiste au retour de traditions anciennes ou à une réappropriation de la foi des générations précédentes, c’est prendre le risque de passer à côté d’une réalité bien plus complexe. On peut certes acter "l’effacement d’un catholicisme ultra majoritaire qui pour une bonne part était le catholicisme rural de l’après-Révolution", comme le dit Mgr Rougé. Pour lui, le catholicisme des "remises en cause intellectuelle et spirituelle des années 60, 70 s’est effacé et continue de s’effacer".

Il ne s’agit donc pas de se dire "rassuré sur un passé qui serait moins révolu qu’on l’a imaginé, conclut l’évêque de Nanterre, mais plutôt comme une invitation à aller de l’avant pour annoncer l’Évangile et intégrer pleinement ceux qui se laissent toucher par lui". Le prêtre de la Mission de France estime lui que "le temps que nous vivons est un temps où il nous faut toujours plus écouter. Écouter ce que dit le monde, ce que nos contemporains appellent de leurs vœux aussi vis-à-vis de l’Église."

 

Le catholicisme devient une réalité complexe et composite

Écouter et observer une Église catholique en métamorphose. C’est pour cela qu’a été lancé, le 2 juin 2025, l’Observatoire français du catholicisme (OFC). Si la société française vit "une période d’accélération, de métamorphose, analyse Samuel Pruvot, rédacteur en chef à Famille chrétienne et membre de l’OFC, pour l’Église catholique, on a l’impression que les métamorphoses sont encore plus accélérées". 

Une métamorphose du catholicisme français qui se poursuit sous l’effet du mouvement de sécularisation notable depuis les années soixante. C’est ce que montre l’enquête de l’Ifop pour l’OFC du 6 juin 2025 sur les "identités, pratiques et perception du catholicisme en France". Enquête qui invite d’ailleurs à remettre en perspective certains chiffres. Par exemple le nombre de baptêmes en hausse de 45% en 2025 par rapport à 2024, comme l’a annoncé l’Église catholique en France : selon l’Ifop, le nombre de Français non baptisés augmente depuis 1961. Et la part de baptisés qui n’envisagent pas de faire baptiser leurs enfants est elle aussi en constante augmentation.

Parallèlement, l’appétence chez les jeunes générations "pour le catholicisme en général sous toutes ses formes et toutes ses manifestations" se lit dans les chiffres de cette étude. 30% des 18-24 ans disent se sentir chrétien, croyant non pratiquant - contre 12% chez les 65 ans et plus. Des jeunes générations qui manifestent un intérêt réel et décomplexé pour la religion catholique, vraisemblablement délesté des clivages des générations précédentes.

Le catholicisme qui émerge en 2025 est "un catholicisme d’adhésion extrêmement composite", insiste Mgr Rougé. Comme le dit Samuel Pruvot, "la chose la plus terrible pour nous tous c’est l’indifférence… Là, notre époque est tout sauf indifférente !"

 

© RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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