Accueil
World Clean Up Day 2025 : que deviennent nos déchets ?

World Clean Up Day 2025 : que deviennent nos déchets ?

Un article rédigé par Anne HENRY - RCF Hauts de France, le 22 septembre 2025 - Modifié le 24 septembre 2025
Commune planète (Hauts-de-France)Gestion des déchets : trier, oui, mais que deviennent ils ensuite ?

2537 cleanups (nettoyages en français) ont été organisés en France à l’occasion de la Journée mondiale du nettoyage de la planète du 20 septembre dernier. Et maintenant, qu’en fait-on ? La Voix du Nord et RCF Hauts de France creusent le sujet lors d’une émission spéciale, avec Charlotte Izza-Rosier, cheffe d’équipe prévention des déchets ménagers de la Métropole européenne de Lille (MEL) et Bertrand Bohain, délégué général du Cercle national du recyclage.

Charlotte Izza-Rosier, Anne Henry, Thomas Evrard et Bertrand Bohain lors de l'émission spéciale Crédit Emilen Vandenbussche RCF Charlotte Izza-Rosier, Anne Henry, Thomas Evrard et Bertrand Bohain lors de l'émission spéciale Crédit Emilen Vandenbussche RCF

Décathlon Amiens, le collège Milvoye d’Abbeville, la municipalité de Landrethun-les-Ardres   … ce samedi 20 septembre, des armées de bénévoles d’entreprises, de collectivités et d’associations se sont mobilisées dans les Hauts-de-France et dans plus de 198 pays pour ramasser les déchets abandonnés dans les rues, les parcs ou les plages. Si le mouvement est né en Estonie en 2008, la France a pris le train en marche dès 2018. En 2024, 490 tonnes de déchets ont ainsi été ramassées dans le monde, dont un tiers a été recyclé.

 

Une tonne de déchets par couple


Mais au quotidien, les français cumulent près de 500 kg de déchets par an. Sur la métropole lilloise (MEL), ce chiffre atteint même les 584 kg, en comptant les déchets des bacs, ceux déposés en déchetterie et les encombrants. Des déchets qu’on trie de plus en plus comme les déchets végétaux dans la poubelle verte ou marron selon les villes, pour le compost ou la production de biogaz.

Le verre, recueilli dans les points de collecte urbains, et les déchets ménagers de la poubelle jaune - emballages papiers, cartons, plastiques ou en métal  - partent eux vers des filières de recyclage. 

Mais attention, ne jamais mettre dans le bac jaune d’objets en plastiques, comme les brosses à dent ou les jouets, ni de piles. Uniquement les emballages.

 rappelle Charlotte Izza-Rosier. Et tout le reste dans la poubelle grise, qui partira à l’incinérateur ou Unité de valorisation énergétique, pour la production de chaleur ou d’électricité.

75 % des déchets triés sont recyclés


Si on s’intéresse en particulier aux déchets des bacs jaunes, un des enjeux actuels pour les collectivités est d’affiner le processus de leurs centres de tri. Diverses techniques - le soufflage, l’utilisation d’aimants, de l’optique et l’intervention d’opérateurs en bout de chaîne – permettent de séparer les déchets, de les compacter afin de les vendre ensuite aux filières de recyclage, générant des recettes financières significatives aux Centres de tri. Car bien trier à la maison, puis en centre de tri, permet de donner une deuxième vie à 75 % des déchets ménagers.

 

 

C’est pourquoi dans la MEL, 45 millions d’euros vont être investis en 2025 dans la modernisation du Centre de tri d’Halluin (financé à 91 % par les taxes d’ordures ménagères et 9 % par Citéo, éco-organisme détenu par les industriels fabricants d’emballage), pour améliorer le process de tri des déchets plastiques de la MEL (comme au Centre de tri de Loos en 2024 pour 20 millions d’euros) et l’acquisition du foncier nécessaire. Un montant conséquent au regard du budget déchet de la MEL (195 millions d’euros).

 

 

Recyclage difficile du plastique


Malheureusement, certains déchets plastiques qui arrivent sur les lignes de tri ne sont toujours pas recyclables et donc pas revendus. 

Aujourd’hui, on recycle les bouteilles plastiques PET claires transparentes comme celles de l’eau ou de soda mais aussi les bouteilles PEHD comme les bouteilles de lait, flacon gel douche et barquette. Mais les bouteilles PET foncées et opaques, et d’autres matières plastiques sont mal recyclées. 

explique Bertrand Bohain. Elles sont alors données à l’éco-organisme Citéo, détenu par les industriels pollueurs, pour s’occuper d’un tri plus difficile afin de recycler une partie du plastique problématique (recyclage mécanique ou chimique). Le reste fait l’objet de recherches. « Sur un million de tonnes de plastique mises sur le marché, seules 25 % ne sont pas recyclées tout de suite. Avant, on était à 50 %» précise Bertrand Bohain. Donc des recettes en moins pour les centres de tri. « Mais d’ici deux à trois ans, les emballages plastiques non recyclables comme les mélanges de certains plastiques seront interdits. »

 

Conflit d’intérêt au sein des éco-organismes


Autre question qui fâche : ces fameux éco-organismes comme Citéo, détenus par les industriels fabricants d’emballages et dénoncés par le journaliste Yvan Stefanovitch dans son livre « La Mafia du recyclage » aux éditions du Rocher en 2023. Selon lui, 

la base, c’est de ne pas donner  aux grands pollueurs, la gestion du recyclage. Ces industriels sont là pour gagner de l’argent, ils ne sont pas là pour lutter contre la pollution. Le conflit d’intérêt est permanent.

Un sentiment partagé par Bertrand Bohain : «Il y a du vrai. C’est pourquoi on aimerait bien qu’on mette des malus plus importants (600 % du montant de l’écoparticipation) sur l’argent que le metteur en marché [l’industriel fabricant d’emballages] paye à chaque emballage mis sur le marché si les  produits ne sont pas recyclables ou générateurs de mauvais tri, surtout quand il y a une alternative».

 

Comment réduire les déchets ?


Mais au-delà de chercher à recycler au maximum les déchets, les collectivités tentent aussi de les réduire. Comme sur le territoire de la MEL où l’un des objectifs est de diminuer de façon significative les biodéchets d’ici 2030 : 

on a mis en place un service de réservation et de distribution de composteur individuel à l’attention de ceux qui ont un jardin  

explique Charlotte Izza-Rosier, qui porte en plus un Programme local de déchets ménagers 2023-2029 de 19 millions d'euros. L'objectif est d’abaisser la collecte des déchets de -15% en 2030 par rapport à 2010, pour passer de 584 à 508 kg de déchets par an et par habitant : distribution de composteur mais aussi lutte contre le gaspillage alimentaire dans la restauration collective des écoles, réemploi en déchetterie,  installation de composteurs collectifs, service de broyage des déchets verts en déchetterie  pour réaliser du paillage pour les particuliers.

Retrouvez : 
- l’intégralité de l’émission spéciale Commune Planète Hauts de France «Gestion des déchets : les trier, oui, mais que deviennent ils ? » animée par Thomas Evrard de la Voix du Nord et Anne Henry de RCF Hauts de France, avec leurs deux invités  Charlotte Izza-Rosier, cheffe d’équipe prévention des déchets ménagers de la Métropole européenne de Lille et Bertrand Bohain, délégué général du Cercle national du recyclage, en audio et en vidéo.


- l’article de Thomas Evrard de la Voix du Nord

 

 

Commune Planète Hauts de France
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Commune planète (Hauts-de-France)
Commune Planète Hauts de France
Découvrir cette émission
Cet article vous a plu ? Partagez-le :

Votre Radio vit grâce à vos dons

Nous sommes un média associatif et professionnel.
Pour préserver la qualité de nos programmes et notre indépendance, nous comptons sur la mobilisation  de tous nos auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

Faire un don
Qui sommes-nous ?

RCF est créée en 1982, à l'initiative de l'archevêque de Lyon, Monseigneur Decourtray, et du Père Emmanuel Payen. Dès l'origine, RCF porte l'ambition de diffuser un message d'espérance et de proposer au plus grand nombre une lecture chrétienne de la société et de l'actualité.

Forte de 600.000 auditeurs chaque jour, RCF compte désormais 64 radios locales et 270 fréquences en France et en Belgique. Ces 64 radios associatives reconnues d'intérêt général vivent essentiellement des dons de leurs auditeurs.

Information, culture, spiritualité, vie quotidienne : RCF propose un programme grand public, généraliste, de proximité.Le réseau RCF compte 300 salariés et 3.000 bénévoles.