Repenser la migration humaine : exemple au Sénégal avec le Raemh
Il y a quinze jours je me suis rendue au Sénégal pour une rencontre du Réseau Afrique-Europe pour la mobilité humaine (Raemh) qui réunit dix Caritas - trois Caritas d’Europe et sept Caritas d’Afrique de l'Ouest. Le réseau Raemh* a pour projet d'accompagner les personnes en mobilité tout au long de leur parcours, de l’Afrique de l'Ouest à leur arrivée en Afrique du Nord ou en Europe.
Nous savons que quitter son pays n’est jamais simple et représente une épreuve pour les personnes qui doivent quitter leurs proches, leurs biens et tout ce qu’ils ont construit. C’est une prise de risque énorme dont ils ont rarement conscience lorsqu’ils prennent la décision. Mais ce choix de partir est guidé par le désir d’un avenir meilleur lorsque la vie semble sans issue dans leur pays. Je pense aussi à tous les déplacés au sein du continent africain, qui doivent quitter leurs villages en raison des changements climatiques. Nous avons pu entendre le responsable de la Caritas Niger nous témoigner de la situation des femmes avec enfants qui doivent survivre dans les faubourgs des villes dans des conditions extrêmement difficiles.
Le Raemh souhaite développer et permettre un meilleur accompagnement des personnes migrantes tout au long de leur parcours migratoire dans le respect de la dignité des personnes et des valeurs de l’Église. Nous avons travaillé sur trois problématiques communes à tous les pays présents, européens comme africains : le deuil des personnes sur la route de l’exil, l'identification des personnes migrantes, notamment quand ils ont perdu tous leurs papiers d'identité, enfin le retour au pays d’origine.
J’aimerais souligner tout le travail d’accompagnement fait par la Maison de Gao gérée par la Caritas Mali qui respecte particulièrement la dignité des personnes décédées à Gao. Tout un travail en lien avec les hôpitaux et les autorités locales est mené pour que les personnes puissent bénéficier d’une sépulture décente en lien avec leur confession. La Maison de Gao prend aussi le temps d’essayer de retrouver les familles de ces personnes pour qu’elles puissent savoir ce que sont devenus leurs proches et lorsque c’est possible venir se recueillir.
Au gré de mes rencontres, je réalise que peu de pays au monde sont épargnés par la migration humaine, elle semble être vécue comme un problème à résoudre où souvent, les biens et les logiques économiques internationales prévalent. Et pourtant le dérèglement climatique poussera sur les routes de nombreuses personnes dans les prochaines décennies. Nous serons obligés de penser la migration autrement, d'accepter d'être dans l’accueil, le partage et les échanges. Comme nous le voyons en Espagne ou en Allemagne, elle peut être une richesse pour qui sait accueillir.
Alors j’espère que ce réseau naissant permettra d’apporter humanité et fraternité à ces hommes, ces femmes et ces enfants qui font le choix de la migration et qui sont remplis d’une force de vie inimaginable et généreuse. En effet, l’histoire de l'humanité s’est construite grâce aux migrations, elles font partie de notre évolution et de notre condition humaine. Acceptons-les comme un enrichissement.
*Côte d’Ivoire, Niger, Mali, Sénégal, Guinée, Mauritanie, Maroc, Espagne, Italie, France
Chaque jeudi, écoutez la chronique de Véronique Devise, la présidente du Secours catholique - Caritas France.
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