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Pérou : un état toxique ? Le regard engagé d'Alessandro Cinque #JeudiPhoto
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Pérou : un état toxique ? Le regard engagé d'Alessandro Cinque #JeudiPhoto

Un article rédigé par Stéphanie Gallet - RCF, le 2 mars 2023  -  Modifié le 17 juillet 2023
Jeudi Photo - Agir pour le monde Pérou : un état toxique ? Le regard engagé d'Alessandro Cinque #JeudiPhoto

Au Pérou, les industries minières encouragées par l’État s’enrichissent, pendant que les communautés autochtones comme celle de Margarita, en subissent les conséquences. Lauréat du Grand Prix Photo Terre Solidaire pour son documentaire “Peru, a toxic state“, le photographe Alessandro Cinque souhaite ouvrir le dialogue et aider les communautés andines à défendre leurs droits.

©  Alessandro Cinque © Alessandro Cinque

Que voit-on sur la photo ?

 

Sur cette photo d'Alessandro Cinque, on voit une femme couchée sur le sol, le visage dissimulé par une sorte de chapeau melon, sûrement pour se protéger du soleil. Le chapeau occupe le point central de la photo et le corps de la femme dessine la diagonale qui rejoint l’angle de la photo en bas à gauche. Du chapeau s'échappent deux longues tresses noires. La femme porte un épais gilet avec de gros boutons et une jupe un peu bouffante. On ne voit pas ses pieds qui sortent du cadre de la photo. Son habit fait penser à une péruvienne, une amérindienne comme on en voit dans tintin et le temple du soleil. Le décor est vraiment impressionnant. C’est un sol craquelé complètement desséché, pas un seul brin d’herbe.



Nous sommes au Pérou, et depuis six ans, le photographe Alessandro Cinque traverse les Andes à la rencontre des communautés quechuas. Au cours de son périple, il fait la connaissance de Margarita, cheffe de la communauté du village d’Ayaviri où il passera trois nuits. Un jour, alors qu'il lui rend visite, il la retrouve en train de dormir paisiblement devant chez elle, à même la terre craquelée, le visage enfoui sous son chapeau. Alessandro immortalise cet instant, illustrant pour lui le lien fort qui unit les communautés andines à leur terre, à leur Pacha Mama.

 

Voilà ce qu’il en dit : "J’aime l’idée que la terre et Margarita soient dans la même situation, comme pour nous dire : nous sommes là, présents en ce monde, mais nous dépérissons, nous disparaissons car nous sommes fatigués. Voilà pourquoi Margarita et la terre ne font plus qu’un, comme sa tresse qui se mêle à la craque de la terre abîmée". 

 

De quoi souffrent ces indiens et leur terre ?

 

Le village d’Ayaviri est connu pour sa production de fromage. Mais depuis qu’une mine s’est implantée aux alentours, polluant la terre et l’eau, plus personne ne veut en acheter. Margarita et sa communauté s’enfoncent dans la pauvreté pendant que la compagnie minière nie toute responsabilité et continue de s’enrichir.

 

La richesse minière des Andes péruviennes attisent la convoitise des multinationales et de l’État. Le long des 20 000 km qu’Alessandro Cinque a parcouru, il a été témoin des inégalités, de la pauvreté et de la colère liées à des décennies de politiques néolibérales. Ces paysans sont l’envers du miracle économique du Pérou, une situation dont personne ne parle. 

 

Alessandro Cinque est donc le lauréat de la première édition du Grand Prix Photo Terre Solidaire organisé par le CCFD. C’est un prix qui récompense des travaux photographiques humanistes et environnementaux. Alessandro Cinque témoigne à travers son projet documentaire, "Peru : a toxic state", des conséquences environnementales, sociales et culturelles causées par l’exploitation des ressources minières au Pérou.

 

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Jeudi Photo ©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Jeudi Photo - Agir pour le monde

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