Permettre aux personnes en situation de handicap de faire un crédit immobilier
On le dit souvent, "être handicapé c’est un luxe", parce qu’être handicapé, ça coûte cher. Cerise sur le gâteau, vous ne pouvez pas emprunter d’argent. Enfin si, bien sûr vous pouvez faire un crédit, mais c’est théorique, l’assurance du prêt va vous coûter tellement cher, que vous renoncerez à emprunter. C’est à la personne handicapée de payer le risque supposément lié à son handicap.
C’est contraire à la philosophie française, qui crée une solidarité avec les personnes handicapées ! Les valeurs françaises sont humanistes, elles proclament que le handicap d’une personne ne doit diminuer ni sa dignité ni ses droits et elles renforcent au contraire les devoirs de tout le reste de la société envers la personne handicapée. Parce qu’elle n’est pas responsable, c’est la loterie de la naissance, l’aléa des maladies, ou l’injustice des accidents de la vie, et que tout le monde est solidaire avec celui ou celle qui a ainsi été frappé par le sort. Donc on mutualise les conséquences du handicap. C’est ainsi que tous les Français paient des cotisations sociales, par exemple, qui vont permettre de verser une allocation de subsistance aux personnes dont le handicap est tel qu’elles ne peuvent pas travailler, c’est l’Allocation adulte handicapé.
Les choses semblent évoluer. Le questionnaire de santé n’est plus demandé en-dessous de 200.000 euros d’emprunt, pour les prêts immobiliers. C'est un excellent exemple où la société civile fait bouger les lignes. Je vous explique : en novembre 2021, deux patrons de banque, Daniel Baal et Nicolas Théry, président et directeur général du Crédit mutuel alliance fédérale (Cmaf), décident d'agir. Je cite ce que ces deux précurseurs ont affirmé : "Il nous semblait intolérable que des clients victimes de maladies chroniques ou handicap ne puissent pas avoir accès à la propriété." Alors ils décident que pour les clients de leur groupe, il n'y aura plus de questionnaire de santé, pour emprunter jusqu'à 500.000 euros.
Cette décision a un tel retentissement que plusieurs mois après, le Parlement essaie d'étendre cette excellente pratique à toutes les banques. Un accord a été trouvé pour généraliser la mesure jusqu’à 200.000 euros. C’est déjà ça ! Ces deux dirigeants ont pris leur responsabilité pour une France plus respectueuse de ses valeurs. Chapeau ! Comme toujours, c’est le premier pas qui coûte le plus cher et il faut s’engouffrer dans la brèche. Je compte sur les banquiers et les assureurs pour transformer l’essai !
Hamou Bouakkaz, expert Diversité et Handicap, intervient chaque semaine dans la Matinale RCF.
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