L’homme est-il un loup pour l’animal ?
Philosophe et conférencière au Collège Supérieur de Lyon, Mathilde Naegelen était l’invitée de l’émission Inspiration sur RCF Lyon. Avec Laetitia de Traversay, elle s’est prêtée au jeu d’un café philo autour d’une question singulière :« Être vraiment humain, c’est reconnaître l’animal en nous et autour de nous ».
l'Homme, un super-prédateur? Photo d'illustration de Daniel Torebekov @ - via PexelsL’homme est faible physiquement, mais il a fabriqué des armes
Partant de la célèbre formule de Hobbes « L’homme est un loup pour l’homme », Mathilde Naegelen interroge ce qui se joue lorsque l’on applique cette idée aux animaux. Faible par nature, dépourvu de griffes, de crocs ou de carapace, l’homme a pourtant réussi à s’imposer comme super-prédateur.
Ce n’est pas par instinct qu’il l’a fait, mais par intelligence technique. Du feu aux armes modernes, chaque invention a permis à l’être humain de se protéger… tout en tenant la nature à distance. « C’est parce qu’il est capable de fabriquer un fusil qu’il peut tuer le loup », explique la philosophe, rappelant combien cette puissance a transformé notre rapport au vivant.
« L’homme doit apprendre à limiter sa toute-puissance »
Mais ce développement a un revers. Aujourd’hui, la technique rend l’homme capable de détruire massivement la vie, au point que les scientifiques parlent d’une sixième extinction des espèces. Comment éviter que notre liberté ne devienne arbitraire ? Mathilde Naegelen convoque Hans Jonas et son Principe responsabilité : « Être humain, c’est accepter de limiter son pouvoir pour respecter la dignité propre du vivant ». Loin de nier notre animalité, il s’agit au contraire de la reconnaître et de l’assumer, afin de mieux entrer en solidarité avec les autres êtres vivants.
Comprendre l’humanité, c’est reconnaître que notre liberté doit s’accompagner d’une responsabilité
envers le vivant
Une invitation à réfléchir
En philosophe attentive, Mathilde Naegelen n’apporte pas de réponses toutes faites. Elle ouvre plutôt un chemin : celui d’une humanité plus consciente de sa fragilité et de son appartenance à la terre, à l’humus. Un appel à devenir « plus humain »… pour soi, pour l’animal, et pour la vie.


Des itinéraires inspirants, des cafés philo, du conseil conjugal et familial et de la Communication Non Violente, le samedi à 16h50 et le dimanche à 9h30.
Lætitia de Traversay donne la parole aux hommes et aux femmes qui construisent ce monde, discrètement et passionnément : spécialistes du couple et de la famille, philosophes, formatrices en CNV (Communication Non Violente), des personnes qui osent s'engager et relever des défis, portées par leur foi en Dieu et leur foi en l'Homme.
