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L’eau potable est-elle de qualité dans les Hauts-de-France ?

L’eau potable est-elle de qualité dans les Hauts-de-France ?

Un article rédigé par Anne HENRY - le 25 juin 2025 - Modifié le 25 juin 2025
Commune planète (Hauts-de-France)[Emission spéciale avec la Voix du Nord] L’eau potable est-elle de qualité ?

La région est régulièrement secouée par des pollutions de l’eau potable. Mais peut-on encore avoir confiance dans l’eau du robinet ? Fabrice Bourgis de la Voix du Nord et Anne Henry de RCF Hauts de France donnent la parole à Danielle Mametz, première vice-présidente de Noréade, les régies du Siden-Sian et François Veillerette, de l’association Générations Futures.

Emission Commune Planète avec Fabrice Bourgis La Voix du Nord,  Anne Henry RCF Hauts de France,  Danielle Mametz Noréade et François Veillerette  Générations Futures Crédit Constance Pascal RCF Hauts de FranceEmission Commune Planète avec Fabrice Bourgis La Voix du Nord, Anne Henry RCF Hauts de France, Danielle Mametz Noréade et François Veillerette Générations Futures Crédit Constance Pascal RCF Hauts de France

Le consommateur est régulièrement interpelé par des affaires, comme récemment dans l’Oise en mai 2025 dernier : une plainte a été déposée auprès du parquet de Beauvais par l’association Roso (Regroupement des organismes de Sauvegarde de l’Oise) après la contamination de l’eau du robinet par des polluants industriels. L’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, avait déjà établi en 2023 que 76 % des eaux traitées des Hauts-de-France sont non conformes sur le plan juridique, de par des concentrations élevées en pesticides et en métabolites de pesticides (produit de dégradation de pesticide). Et ce d’autant plus qu’une cinquantaine de métabolites de pesticides échappe encore à toute surveillance et qu’avec le changement climatique, l’intensification des sécheresses altère la qualité de l’eau.

 

Sources de pollution

Dans notre région, l’eau du robinet est essentiellement captée dans les nappes phréatiques (à la différence d’autres régions qui puisent dans les fleuves). Le sol joue un rôle de filtration mais cela n’est pas suffisant car les pollutions sont multiples et très anciennes. Il y a des polluants naturels comme le nickel, le sulfate, le sélénium … mais aussi des pollutions provoquées par les pratiques agricoles (nitrates, cuivre de la bouillie bordelaise et divers pesticides), la décomposition des matières vivantes, les micro-organismes de nos eaux usées, des effluents d’élevages ou encore les rejets industriels. Sans compter les résidus médicamenteux, les PFAS polluants éternels ou les micro-plastiques.

 

Système d’alerte

Pour autant, l’eau reste l’aliment le plus contrôlé de France, comme l’explique Danielle Mametz, maire de Boëseghem et 1ère vice-présidente de Noréade, les régies d'eau du Siden-Sian, service public financé par 750 communes (soit un million d’habitants) du Nord-Pas-de-Calais, l’Aisne et la Somme, qui assurent le traitement de l'eau potable : 

Dès qu’il y a un seuil de dépassement des normes,  il y a tout de suite une alerte. Le point d’approvisionnement est déconnecté et on reconnecte le réseau sur une autre source d’approvisionnement potable. 

La solution extrême peut aussi conduire à la distribution de l’eau en bouteille.

 

Mais pourquoi autant de polluants dans l’eau ?

Malgré les équipements des régies publiques (qui représentent 70 % du réseau français contre 30 % en délégation de service public auprès des entreprises privées Suez ou Véolia) et les précautions prises pour filtrer au mieux l’eau, comment expliquer la présence de polluants dans l’eau potable ? « En fait, il y a une méconnaissance par les autorités en charge de la surveillance de la qualité des eaux de la présence de pesticides et de métabolite de pesticides. » explique François Veillerette, porte-parole, basé à Beauvais, de l’association de défense de l’environnement Générations Futures :

Ce que je ne trouve pas cohérent, c’est que l’on mette sur le marché des pesticides, avec un risque d’apparition de métabolites en quantités importantes que personne ne surveille.

En clair, les autorités attendent que les nappes soient contaminées pour éventuellement commencer à détecter et filtrer ces métabolites. Et peu de procédures sont  déclenchées pour faire respecter le principe de pollueur-payeur. Enfin, comme le souligne Fabrice Nicolino dans son enquête « C’est l’eau qu’on assassine » sortie en mai 2025 aux éditions « Les liens qui libèrent », « 98% des microplastiques présents dans l’eau du robinet ne sont toujours pas pris en compte par la méthodologie de détection européenne. »

 

Eau en bouteille ?


L’alternative de boire de l’eau en bouteille – plastique ou en verre – n’est pas la panacée, comme le confirme François Veillerette : « On a un droit à une eau de qualité naturelle. Et l’eau en bouteille n’est pas forcément meilleure. On a des tas d’exemple d’eaux de marques dans lesquelles on a retrouvé des résidus de PFAS, de pesticide, de microplastique. » Et pour Danielle Mametz, il est primordial de s’informer sur la qualité du traitement de l’eau, via sa facture.

Pour aller plus loin, retrouvez le podcast écologique Voix du Nord – RCF Commune Planète « L’eau potable est-elle de qualité dans les Hauts-de-France ? », co-animé par Fabrice Bourgis de la Voix du Nord et Anne Henry de RCF Hauts de France : 
- en audio sur RCF Hauts de France
- en vidéo sur You Tube

Commune Planète Hauts de France
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Commune planète (Hauts-de-France)
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