Le long terme et la coopération, clés d'un avenir vivable, par Alexandre Poidatz
Alexandre Poidatz imagine la lettre que pourrait lui adresser en 2055 la fille qu'il n'a pas encore. Une lettre qui racontera un monde dévasté par la catastrophe climatique... sauf si la communauté humaine opte enfin pour le long terme et la coopération.
J'ai reçu une lettre du futur. Une lettre de ma fille qui n’existe pas encore. Elle a 20 ans. On est en 2055. Elle me décrit la France. Une France qui ne fait pas rêver :
- les rendements de culture du blé, de la betterave et du maïs ont chuté de moitié depuis 2024
- la quasi-totalité des glaciers des Pyrénées et des Alpes ont disparu ;
- les feux de forêts font la Une des journaux télévisés
- et il faut chaud. Les étés sont devenus invivables. La ville de Paris souffre pendant 3 mois de l’année, avec des pics de chaleur récurrents à 50°C.
Les plus fragiles, premières victimes du dérèglement climatique
Mais ce qui m’interpelle le plus dans son récit apocalyptique, ce sont les inondations. Elle me raconte que l’Ile de Ré est coupée en deux. A Bayonne, Nantes ou Dieppe, les habitants sont livrés à eux-mêmes dans un décor fait de maisons inondées, d’arbres arrachés et de voitures flottant entre les eaux.
Avec des conséquences sociales importantes : ce sont les plus vulnérables - ménages modestes, femmes, enfants, personnes âgées - qui en payent le prix fort. Les personnes sans domiciles ou vivant dans des logements surpeuplés ou mal-isolés sont bien plus vulnérables aux vagues de chaleurs que celles vivant dans des logements bien isolés. De même pour les personnes travaillant en extérieur, ou le personnel soignant qui subisse davantage les conséquences des épisodes météorologiques extrêmes.
Éviter la catastrophe
Comment éviter ce scénario catastrophique pour les générations futures ? Deux voies de secours sont possibles.
- D’une part, sortir de la tragédie des horizons ! C’est la tragédie de ne penser qu’aux profits à court terme, en ignorant les effets à long terme du changement sur la sphère financière. S’adapter au réchauffement a certes un coût à court-terme, mais est vital à long-terme, y compris pour l’économie. Le jour où nos décideurs politiques et économiques comprendront que le coût de l’inaction sera toujours supérieur à n’importe quel investissement dans la transition, alors un cercle vertueux s’enclenchera.
- D’autre part, passer de la compétition à la coopération. Sortir de la compétitivité d’un modèle économique, mais aussi de la compétitivité entre responsables politiques. Les élus doivent sortir de la posture consistant à s’opposer les uns aux autres devant des Français désemparés. Les sinistrés sont condamnés à l’inaction de ceux qui sont censés les protéger.
Des responsables qui coopèrent pour l'intérêt général
On a besoin de représentants qui ne cherchent pas à satisfaire leur image et leurs intérêts privés.
On a besoin de représentants locaux et nationaux qui font front commun, qui coopèrent pour l’intérêt général. On a besoin de représentants qui travaillent main dans la main.
Car tant qu’ils se renvoient la balle, celles et ceux qui pâtissent des inondations, ce sont les gens ordinaires. On a besoin d’unité nationale, dans l’intérêt de toutes et tous. Et ce n’est pas négociable, c’est nécessaire pour éviter les fractures, les divisions, les liens qui se brisent. On a besoin que les responsables soient dignes de leur responsabilité.
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