Le cinéma avec les oreilles !
Stars, strass et flashs. La 78e édition du Festival de Cannes bat actuellement son plein. Mais comment goûter aussi au plaisir du cinéma quand on n'a pas l'usage de ses yeux ? Gros plan sur le système de l'audiodescription avec Hamou Bouakkaz.
© FreepikStars, strass et flashs, le Festival de Cannes 78e édition bat actuellement son plein. Mais justement, Hamou, comment peut-on apprécier un film quand on ne voit rien ?
Ah, Vincent, quelle question ! On m’a déjà dit : "Mais toi, t’as pas besoin d’un écran, tu peux écouter la radio !" Et moi, je réponds toujours : "Oui, mais j’ai aussi envie de rêver en Dolby Surround !" Parce qu’un film, ce ne sont pas que des images : ce sont des voix qui tremblent, des silences qui pèsent, des musiques qui soulèvent… Et tout ça, c’est possible à ressentir grâce à l’audiodescription !
Audiodescription, rappelez -nous le principe ?
Eh bien, ce sont des décors, des gestes, des regards… racontés avec une voix qui décrit subtilement les images, sans perturber la bande-son. Et cette voix, c’est un peu comme un guide dans une exposition de peinture. Elle ne peint pas à votre place, elle vous donne les couleurs, les formes… et l’imaginaire fait le reste !
Et c’est une technologie facilement accessible ?
Oui, c’est le plus beau dans tout ça, c’est que ce n’est pas un gadget réservé aux films militants ou "handi-compatibles" ! Le CNC – notre Centre national du cinéma – finance l’audiodescription de chaque film français. Oui, Vincent, chaque film ! Et désormais, l’audiodescription est disponible sur le smartphone du déficient visuel.
De quoi se faire son cinéma, même à Cannes !
C’est vrai : à Cannes, il y aura toujours des flashs, des paillettes, des robes spectaculaires, et des journalistes qui essaieront de deviner avec qui Brad Pitt a dîné. Mais dans les salles obscures, il y aura aussi, peut-être, Julien, 23 ans, aveugle de naissance, qui découvrira la Palme d’or… pas avec les yeux, mais avec "La Bavarde", l’application qui audio-décrit en toute autonomie. Comme tout le monde, il pourra dire en sortant : "Ce film, je l’ai vu."
Et de pouvoir en parler avec d’autres ?
Exactement, car c’est ça, l’inclusion, Vincent. Ce n’est pas faire des choses à part, c’est faire en sorte que chacun ait sa place à la table. Même dans la salle de ciné. Et croyez moï, quand l’imaginaire est libre, on voit bien plus que ce que montrent les images.
Alors, longue vie à "La Bavarde", à Cannes et ailleurs !
Et surtout, n’oublions jamais : le cinéma, c’est d’abord une émotion partagée. Et ça, tout le monde peut le ressentir. Même les yeux fermés. Bonne semaine à tous !
Extrait de "La Nuit Américaine" de François Truffaut et de "Forrest Gump" de Robert Zémeckis


Chaque lundi à 17h53, retrouvez la chronique Hamou braille dans le poste en partenariat avec l'UNADEV et Lemon Adds.




