La Maison du Réemploi de Nancy : matériaux de construction et seconde chance

L'Économie Circulaire au Cœur du BTP

L’idée de la Maison du Réemploi est née d’une opportunité lors de la réhabilitation du quartier du Haut du Lièvre. Face à l'ampleur du chantier, l'Office métropolitain de l'habitat (OMH) et ses partenaires ont émis la volonté de ne pas jeter des matériaux de bonne qualité et relativement récents pour les remplacer par du neuf. Ce choix courageux, faisant rupture avec les pratiques habituelles, a permis d'ouvrir pour la première fois un lot "dépose réemploi" sur un des plus grands chantiers de France.

Pour Jérôme Burtin, qui pilote actuellement la maison du réemploi, cette démarche nécessitait des pionniers et une ambition forte, car « il nous faut un bateau plus grand » pour faire face à l'urgence de la transition écologique. 

Concrètement, la Maison du Réemploi récupère les matériaux de trois sources différentes : les chantiers de déconstruction, les dons (notamment d’invendus de grandes enseignes de bricolage), et les matériaux issus de déchetteries. L'espace mis à disposition par la métropole du Grand Nancy, situé dans un ancien centre commercial, sert à la fois de centre névralgique, de lieu de remise en état des produits et de lieu de vente pour les particuliers et les professionnels.

Créer du Sens et de l'Emploi

Au-delà de son rôle écologique, la Maison du Réemploi est un pilier de l'association Réciprocité, un chantier d’insertion existant depuis 20 ans. L'objectif principal est de permettre à des personnes éloignées de l’emploi (en raison de problèmes de mobilité, d’addiction ou de santé, par exemple) de se réapproprier les codes du travail et d’accéder à un emploi ou à une formation certifiante.

L'arrivée du réemploi a nécessité l'acquisition de nouvelles compétences dans le secteur du BTP (Bâtiment et Travaux Publics) et a conduit au recrutement de 20 personnes en transition professionnelle. Le succès de cette démarche repose sur la capacité à donner du sens aux tâches effectuées. Jérôme Burtin insiste sur le fait que « le sens est quelque chose qui est totalement indispensable » pour motiver ces agents.

En travaillant sur la récupération et la restauration des matériaux, ces personnes accomplissent une fonction à la fois professionnelle et sociale, leur permettant de comprendre que leur rôle est utile et que des gens comptent sur eux, levant ainsi les freins qui les empêchent d'accéder à l'emploi.