Fermes en vie : une foncière solidaire pour faciliter l’installation en agroécologie
La foncière solidaire Fermes en vie a été créée en 2021 pour favoriser l’installation agricole, grâce à l’épargne citoyenne. Cette foncière répond à deux enjeux : celui du renouvellement des générations et celui de la transition agroécologique.
Bastien Dez a repris une ferme dans la Hague grâce à Fermes en vie ©RCF MancheFEVE, l’acronyme de Fermes en vie est en lui-même porteur de sens, la fève étant une légumineuse très intéressante en agronomie. En effet, les trois fondateurs de cette entreprise de l’économie sociale et solidaire souhaitaient monter un projet qui ait un impact sur la transition agroécologique, c’est pourquoi ils se sont tournés vers l’agriculture. « On s’est rendu compte qu’il y avait un enjeu générationnel, avec beaucoup d’agriculteurs qui partent à la retraite, et les deux tiers de ceux qui cherchent à les remplacer ne sont pas issus du milieu agricole. Pour eux l’une des problématiques auxquelles ils sont confrontés, c’est l’accès au foncier et le financement de ce foncier », explique Vincent Kraus, l’un des trois fondateurs. En effet, la ferme française moyenne est de 70 hectares, et l’hectare coûte 6 400 euros en moyenne. « Une ferme moyenne, c’est 400 000 euros », ajoute-t-il, sans compter les grandes disparités d’une région à une autre. En Normandie, le prix à l'hectare est de 9340 euros, selon le site leprixdesterres.fr.
L’achat de terres pour les porteurs de projet
Pour répondre à ces deux enjeux, le renouvellement des générations et la transition agroécologique, la foncière FEVE achète des terres agricoles, et éventuellement quelques bâtiments, pour les mettre à disposition de porteurs de projet sous forme de location avec option d’achat. C’est-à-dire : la personne qui s’installe loue les terres, avec un bail rural long terme, et elle peut devenir propriétaire au bout d’un certain temps si elle le souhaite et si elle en a la possibilité. Dans les deux tiers des cas, le porteur de projet sollicite Fermes en Vie avec une ferme déjà identifiée. Mais la demande peut aussi venir d’un cédant ou d’une SAFER qui cherche un repreneur, dans ce cas-là, Fermes en vie lance un appel à candidatures.
Pour financer ce foncier, la foncière collecte de l’argent auprès de citoyens et d’investisseurs institutionnels. «Les investisseurs cherchent trois choses : un investissement qui ait du sens, et qui est peu risqué. Et la foncière, ayant un agrément de l’économie sociale et solidaire, cela donne droit à une réduction d’impôt », explique Vincent Kraus, cofondateur et directeur général de Fermes en vie.
7 fermes reprises en Normandie
En Normandie, sept fermes ont bénéficié de ces fonds solidaires, dont quatre dans le département de la Manche et trois dans l’Orne. Bastien Dez a fait appel à Fermes en vie pour reprendre une ferme située à Vauville dans la Hague avec le projet de préserver des races locales. « Les banques que j’avais contactées me soutenaient seulement pour la construction des bâtiments, je cherchais une solution pour l’acquisition des terres », explique-t-il. Installé depuis un an, Bastien paye un fermage et il aura la possibilité d’acquérir ces terres au bout de cinq ans. Les critères agroécologiques demandés par la foncière se trouvaient dans son projet initial. « C’est grâce à Fermes en vie que ce projet a pu naître, car je n’avais pas les fonds nécessaires pour faire l’acquisition de ces terres. » Depuis 2021, la foncière a permis l’installation de 62 porteurs de projet sur 40 fermes dans toute la France.


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