La région va accueillir huit nouveaux centres de données, pour accompagner le développement de l’intelligence artificielle. Mais certains s’affolent déjà des impacts écologiques de tels projets. Deux experts – Gregory Lebourg d’OVH Cloud et Romain Rouvoy de l’Université de Lille – soulignent dans une émission spéciale Voix du Nord - RCF les points de vigilance que doivent avoir les décideurs politiques et industriels régionaux pour accompagner au mieux ces projets.
Devenir terre d’accueil des l’intelligence artificielle, voici le nouveau fer de lance de la région. En février 2025, le président Macron annonçait 109 millions d’euros d’investissements d’ici 2030 pour l’installation de 35 centres de données dont 8 dans les Hauts de France. Celui basé à Cambrai est aujourd’hui le plus avancé, grâce aux 20 millions d’euros du fonds canadien Brookfield. La région a été privilégiée de par la proximité avec la Centrale nucléaire de Gravelines et son énergie décarbonée. Une bonne nouvelle pour certains car ces projets seront source de création d’emplois et répondent aux enjeux de souveraineté numérique de la France
Eau et électricité
Mais d’autres s’inquiètent déjà de l’impact écologique de ces « nouvelles petites villes » en terme de consommation d’énergie (électricité, eau), émission de gaz à effet de serre qui contribuent au réchauffement climatique, d’artificialisation des sols, déchets électroniques, pollution sonore, impact sur la biodiversité. Romain Rouvoy, professeur au département informatique de l’Université de Lille, souligne les impacts les plus problématiques pour la région :
C’est d’abord l’alimentation en électricité de ces data centers. Pour le site de Cambrai, la puissance envisagée est de 1 GW ce qui n’est pas anodin.
Autre impact le plus significatif selon lui : la consommation en eau pour refroidir ces serveurs.
Les quatre piliers de vigilance
Il existe aujourd’hui des solutions technologiques pour diminuer ces consommations énergétiques. Mais pour Grégory Lebourg, directeur des programmes environnementaux chez OVH Cloud – leader européen pour le stockage de données et de solutions d’intelligence artificielle -, les décideurs politiques et industriels doivent être en amont vigilants dans l’accompagnement écologique de ces projets de data centers. Il distingue quatre piliers de vigilance :
L’implantation d’un data center doit se faire sur une friche existante. Deuxièmement, s’assurer que cela ne créé pas un déséquilibre dans l’approvisionnement de l’électricité. Il faut de l’électricité pour tout le monde.
Eviter aussi d’installer un data center dans des régions qui demandent un usage intensif de l’eau. Enfin, il faut de la connectivité pour faire fonctionner tout cela : il est important que ces data centers soient proches d’artères de réseaux de communication existants pour éviter de déployer du génie civile et des infrastructures nouvelles parfois lourdes.
=> Pour aller plus loin, retrouvez le podcast « Derrière l’IA, quel impact environnemental pour les Hauts de France ? » avec Grégory Lebourg, directeur des programmes environnementaux chez OVH Cloud et Romain Rouvoy, professeur au département informatique de l’Université de Lille, dans une émission spéciale Commune Planète Hauts-de-France, animée par Thomas Evrard de la Voix du Nord et Anne Henry de RCF Hauts de France.
Dédiée à l'écologie intégrale, l’émission Commune Planète vous fait découvrir des solutions qui respectent l'environnement et les plus fragiles. A travers des rencontres, des reportages et des décryptages, Commune Planète cherche à comprendre les enjeux du réchauffement climatique, de la perte de la biodiversité et tente de répondre aux questions qui fâchent avec lucidité et espérance.
► Le vendredi à 13h15 sur RCF Hauts de France • Rediffusion le samedi à 10h00.
Une fois par mois l'émission et co-produite et co-diffusée en partenariat avec La Voix du Nord.
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