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Crise sanitaire et économique: "On en revient à la nécessité de l'écologie intégrale"

RCF,  - Modifié le 16 avril 2020
Nos sociétés ne peuvent pas survivre à des chocs aussi violents que l'épidémie de coronavirus, arrivant de façon répétée: on en revient à la nécessité d’une démarche d’écologie intégrale...
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Cette crise révèle que les fragilités de notre société sont multiformes. La crise climatique et la crise d’extinction sont toujours là et préparent elles aussi leurs attaques aussi terribles que la pandémie. Hypothèse classique : une pandémie provoquée cette fois-ci par un microorganisme qu’on sera allée déranger au fin fond d’une forêt vierge et véhiculé par des moustiques favorisés par le réchauffement.

Ce peut être aussi une maladie de nos cultures, ou l’explosion d’un ravageur résistant aux pesticides, faute d’animaux prédateurs pour le réguler. Des choses qu’on voit déjà à des échelles plus locales, d’ailleurs. Nos fragilités sont multiples, les menaces sont multiformes et nous ne sommes pas prêts à tout. Donc quand on parle de construire pour l’après une société résiliente, le chantier est lui aussi multiforme.

Nos sociétés ne peuvent pas survivre à des chocs aussi violents arrivant de façon répétée. Donc le chantier va s’ouvrir, et face à ces différentes menaces, on va se retrouver constamment en train d’arbitrer. Par où commencer ? Est-ce qu’au nom de la relance on refinance une entreprise construite en zone inondable et déjà inondée trois fois ou est-ce qu’on en profite pour supprimer cette ZAC et redéployer ailleurs ?

Est-ce qu’au contraire on va dire : "Il faut redémarrer l’économie, alors suspendons le droit de l’environnement, bétonnons encore les zones humides", et alourdir encore l’épée de Damoclès écologique ? Pour l’instant, c’est ce qu’on nous promet ! On va sans doute comprendre que nous ne pouvons pas nous prémunir contre tout, que nos sociétés doivent être résilientes au sens psychologique plutôt que blindées contre toute éventualité.

Le risque c’est qu’au nom de cette inévitable fragilité, on se résigne, on fasse accepter à certaines parties de la population des sacrifices qui seraient évitables. Qu’on reconstruise une économie très résiliente dans son ensemble mais où à chaque secousse, ce sont les mêmes qui trinquent comme ça se passe aujourd’hui.

On en revient à la nécessité d’une démarche d’écologie intégrale. Quand on redoute un effondrement, il faut savoir duquel on parle. Peut-on dire qu’on échappe à l’effondrement si on sauvegarde des structures ou des jolis graphiques mais qu’on a jeté des millions de personnes dans la misère ? Nous ne sommes pas égaux face aux catastrophes pseudo-naturelles de notre époque. Une civilisation digne de ce nom, doit mettre cette égalité au cœur de la résilience. C’est ce qui doit être notre ligne de conduite.

 

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