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Chrétiens de gauche et militants écologistes : ils se sentent "minoritaires" au sein de l'Église

Chrétiens de gauche et militants écologistes : ils se sentent "minoritaires" au sein de l'Église

RCF, le 11 septembre 2025 - Modifié le 13 septembre 2025
Générations Laudato SiLe Festival des Poussières, le rendez-vous des chrétiens radicaux ?

Le Temps pour la Création est l'occasion d'aller à la rencontre des chrétiens engagés pour l'écologie. Cet été, ils étaient plusieurs centaines au festival des Poussières. Il a rassemblé des hommes et des femmes inquiets par la crise environnementale et soucieux de justice sociale. Des chrétiens "plutôt de gauche" et militants, qui se sentent "minoritaires" au sein de l'Église. Ils parlent de "révolutions" et de "rupture" et s'inspirent de l'Évangile, source de joie. 

Le festival des Poussières a lieu en Côte-d'Or, près de Dijon, dans l'éco-hameau chrétien la Ferme de la Chaux, géré par l'association Goshen ©Elsa Biyick / Hans LucasLe festival des Poussières a lieu en Côte-d'Or, près de Dijon, dans l'éco-hameau chrétien la Ferme de la Chaux, géré par l'association Goshen ©Elsa Biyick / Hans Lucas

Ce qu'il faut retenir :

  • La troisème édition du festival des Poussières a rassemblé environ 600 personnes en août 2025
  • Les chrétiens de gauche de gauche qui se disent aussi militants se sentent "minoritaires" au sein de l'Église
  • Ces chrétiens engagés font le lien entre la radicalité de l'engagement écologique et du message évangélique

Cette année, le Temps pour la Création a pour thème "la paix avec la création". Les chrétiens sont invités à prier pour le respect de la planète et à méditer sur leur relation avec le vivant et l’environnement. Le Temps pour la Création se déroule durant tout le mois de septembre jusqu’au 4 octobre, jour de la fête de saint François d’Assise, patron de l’écologie. "Dans l'esprit du Cantique de frère Soleil, nous louons Dieu et renouvelons notre engagement à ne pas ruiner son don, mais à prendre soin de notre maison commune", a encouragé le pape Léon XIV.

 

Générations Laudato Si’, votre nouveau programme de la rentrée 2025 sur l'écologie

Le Temps pour la Création est l’occasion de mettre en lumière Générations Laudato Si’, votre nouveau rendez-vous du samedi proposé en partenariat avec Le Jour du Seigneur.

Dix ans après la parution de l’encyclique du pape François sur l’écologie, RCF et Radio Notre Dame lancent ce programme qui met à l’honneur l’écologie et la préservation de notre maison commune.

Chaque semaine, vous découvrirez des lieux extraordinaires, des personnalités engagées, des chrétiens qui osent expérimenter de nouvelles façons de vivre. 

> En savoir plus

 

Les Poussières, le festival des chrétiens militants

Pour ce premier épisode de Générations Laudato Si’, Claire Riobé nous emmène au cœur du festival des Poussières, dont la troisième édition s’est tenue du 21 au 24 août. Ce rendez-vous singulier dans le paysage des événements chrétiens de l’été a rassemblé plusieurs centaines de participants. Des chrétiens militants et aussi des militants non chrétiens. 

Interpellés par l’Évangile et attachés à l’engagement politique, les participants assument un désir de "dégager de nouveaux horizons avec des ruptures", ils veulent "incarner une forme de radicalité politique dans le changement". C’est en tout cas comme cela que Pierre-Louis Choquet décrit ce qui anime les festivaliers. Cofondateur du mouvement Anastasis, à l’origine du festival, il précise que le sous-titre du festival des Poussières est bien : Évangile et révolutions au pluriel - même si, sur leur site internet, le mot est au singulier.
 

 

Se sentir "minoritaires dans l’Église" : le lieu d'une créativité

"Il y a une pluralité de révolutions possibles", selon le sociologue. À 36 ans, Pierre-Louis Choquet est chercheur pour l’Institut de recherche pour le développement (IRD) où il travaille sur les liens entre le secteur de l’agro-industrie au Brésil et la déforestation. Passé par HEC, il a vécu une conversion écologique en 2009, après "l’échec" de la conférence de Copenhague, "une douche froide", se souvient-il. "En 2009, ça m’avait frappé de voir qu’on était très mal embarqués dans cette question climatique et ça a accéléré ma prise de conscience sur la gravité de la situation."

Qui dit urgence et gravité appelle des décisions importantes, des changements en profondeur. Le festival des Poussières est-il le rendez-vous des chrétiens radicaux ? Si les festivaliers se reconnaissent comme "poussières" - d’après le verset de la Genèse, "tu es poussière, et à la poussière tu retourneras" (Gn 3, 19), c’est d’abord parce qu’ils sont conscients d’être "minoritaires dans l’Église", décrit Pierre-Louis Choquet. "Moi je viens chercher ce que je n’ai jamais trouvé en fréquentant les Églises, ou dans mon éducation, qui était plutôt catholique, témoigne une participante. C’est-à-dire des gens qui sont sensibles à l’écologie, aux thématiques sur l’amour universel, qui ne soient pas dans les discriminations." 

Et si se sentir "minoritaire" élargissait le champs des possibles ? Les fondateurs du festival ont voulu "voir ce que cela a de libérateur de savoir qu’on est une minorité dans cette grande Église, explique Pierre-Louis Choquet. Qu’est-ce que ça nous ouvre comme possibilités de créativité ?" Cette rencontre en dehors des lieux de rassemblement habituels - le festival a lieu dans l'éco-hameau chrétien la Ferme de la Chaux, géré par l'association Goshen, non loin de Dijon - est pour certains synonyme de "dynamisme". L'un des participants est venu pour "rencontrer des familles, des jeunes qui ont des projets parce que c’est ce que je reproche peut-être un peu à l’église paroissiale, où au final on est entre nous et puis pas trop d’ouverture sur le monde. Ici on sent qu’il y a un dynamisme."

 

Trouver des ressources dans l’Évangile

Au festival des Poussières on rencontre des chrétiens attachés à la justice sociale et "plutôt positionnés à gauche", donc. Mais il n’y a pas que des chrétiens. "On attire aussi et on invite des personnes qui sont engagées dans des luttes qu’on peut qualifier de révolutionnaires, qui ne sont pas chrétiens, explique Pierre-Louis Choquet. C’est aussi pour ça que c’est un lieu d’évangélisation en fait." On vient pour découvrir des manières de s’engager ou des manières de vivre l’Évangile. "Mélanger des mondes chrétiens et militants qui des fois ont du mal à se parler", c'est ce qui a attiré précisément l'un des participants.

Croire que l’Évangile peut être une ressource pour agir en temps de crise sociale et écologique reste le fondement de ce rassemblement. La justice sociale imprègne d'ailleurs la Bible. "L’idée c’était de regrouper des chrétiens de tous âges, surtout des jeunes, pour réfléchir à toutes les implications radicales de l’Évangile, pour vivre dans le monde tel qu’on le connaît avec ses épreuves, ses catastrophes. Quand on est conscient de toutes ces choses, c’est difficile parfois de garder cette joie essentielle à la Bonne Nouvelle."

 

Générations Laudato Si’ ©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Générations Laudato Si
Générations Laudato Si’ ©RCF
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