Assises 2025 de la mer et des produits de la mer : l’innovation au service de la pêche au casier
Boulogne-sur-Mer a accueilli la 15e édition des Assises de la pêche et des produits de la mer les 18 et 19 septembre. Ce fut l’occasion d’évoquer les quotas de pêche, l’état de la ressource halieutique dans les Hauts-de-France et l’innovation.
Debarquement Crédit PixinooLa premier port de pêche français (une centaine de bateaux, 250 entreprises, 5000 emplois, avec un chiffre d’affaires record de 93 millions d’euros de ventes sous criée durant l’année 2024) a accueilli pendant deux jours tous les acteurs de la filière, pour évoquer les enjeux du moment : impact des nouvelles aires marines protégées, relations avec les pécheurs britanniques, renouvellement de la flotte…
Parmi les annonces gouvernementales, 12 millions d’euros ont été ainsi débloqués pour accompagner la modernisation de la flotte française des bateaux de pêches. Une enveloppe financée par la taxe éolienne.

Révision des quotas
Sur place, certains ont milité pour réviser le système des quotas de pêche, comme Delphine Roncin, directrice de From Nord, Fond régional de l’organisation du marché du poisson qui regroupe 153 navires le long des façades de l’Atlantique, de la Manche et de la Mer du Nord. Une mobilisation nécessaire selon elle, tant pour préserver la ressource halieutique que les pêcheurs eux-mêmes :
Au lieu de fixer des quotas à l’année dont on a connaissance fin décembre alors que les bateaux redémarrent au 1er janvier, pourquoi ne pas imaginer des quotas qui varieront dans une fourchette de 10 à 20 % sur deux ou trois ans ? Cela éviterait les années où l’on annonce la perte de 70 % d’un quota du jour au lendemain. Et l’année suivante, on vous explique que cela va mieux, permettant une hausse de 300 % dudit quota.
Selon Delphine Roncin, cette situation est ingérable pour les pécheurs qui ont besoin de stabilité et de visibilité, afin de lisser les revenus et pouvoir investir. Pour autant, les acteurs de la filière ont conscience de l'importance des quotas qui ont permis de restaurer certaines espèces, «les pécheurs savent qu’ils travaillent dans un milieu naturel qui varie énormément, surtout avec le changement climatique. La ressource halieutique, c’est leur gagne-pain, c’est important qu’elle soit en bonne santé ».
État de la ressource dans les Hauts-de-France
Les stocks de coquilles Saint-Jacques et de sardines se portent bien, selon notre interlocutrice. En revanche, depuis 2015, il y a une raréfaction des poissons plats en Manche Est (soles, turbots …). La directrice de From Nord s’inquiète :
Il n’y a plus de pêche ciblée sur les poissons plats or ces espèces ne reviennent pas. On a demandé des études à l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer Ifremer, pour comprendre pourquoi ces espèces souffrent.

Innovation Polux
Il reste donc encore des inconnus sur l’état de la ressource halieutique pour les pêcheurs. L’innovation tente alors de leur venir en aide, comme le projet Polux développé par From Nord et primé lors des Assises. Il s’adresse aux caseyeurs, qui utilisent une méthode de pêche plus respectueuse des fonds marins : des casiers sont posés en mer avec des appâts, en fonction des espèces ciblées, essentiellement bulot, tourteau et araignée.
Le projet Polux a la volonté de rendre ces casiers plus sélectifs avec la lumière qui remplacera l’appât, pour attirer d’autres espèces, comme la seiche, l’encornet, la coquille Saint-Jacques très présents en Manche.
L’innovation permet de rendre les casiers plus sélectifs, et de diversifier les espèces pêchées. Les caseyeurs seraient ainsi moins dépendants d’une ou deux espèces et pourraient pécher toute l’année. Une manière aussi de renforcer l’attractivité de la pêche du casier, moins impactante sur l’environnement que les chaluts.
=> Retrouvez l’intégralité de l’interview de Delphine Roncin, directrice du Fond régional de l’organisation du marché du poisson From Nord, au micro d’Aurélien Vurli, dans le podcast écologique Commune Planète Hauts de France


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