En France, sept millions de personnes ont recours à l'aide alimentaire
En partenariat avec LE SECOURS CATHOLIQUE-CARITAS FRANCE
On n'imagine pas tout ce que l'on peut faire avec une épicerie solidaire ! La Pioche, à Haubourdin, dans le Nord, c'est un lieu où l'on vient faire ses courses, à prix réduit. C'est aussi et surtout un lieu convivial où se recrée du lien social, avec des projets de réinsertion professionnelle.
C'est un magasin normal, ou presque... On y trouve de tout - nourriture, produits d'hygiène et d'entretien, vêtements, etc. - à moins 30% ! La Pioche une épicerie solidaire à Haubourdin, dans le Nord. Une association dont les clients sont des membres avec un droit de vote. Ses adhérents sont des étudiants, des demandeurs d'emploi, des retraités, ils ne sont pas forcément pauvres mais ont des fins de mois difficiles. Et qui n'ont pas de quoi mettre de l'argent de côté régulièrement.
"Notre histoire a commencé autour de l’organisation d’une épicerie solidaire, qui permet à tous de choisir ses propres aliments, sa propre nourriture sans se ruiner", raconte Xavier Broussier, directeur et fondateur de La Pioche. Leur idée : récupérer les invendus auprès des magasins, mais aussi des producteurs, des industriels ou des grossistes. "On récupère en dons, gratuitement, tout ce qu’ils n’ont pas réussi à vendre mais qui n’est pas encore périmé, eux récupèrent des réductions d’impôt de leur côté."
Le concept de La Pioche est "intermédiaire", entre le centre caritatif où l’on distribue la nourriture et le magasin où l’on prend soi-même les produits dans les rayons. Ici, le client vient faire ses courses, il choisit lui-même ce qu’il achète. Et il contribue au fonctionnement par une participation financière. "Si on a fait des courses pour 20 euros, on paie 6, et ces 6 euros servent à financer toute la structure, à payer le loyer et à créer des emplois, surtout."
Les gens n’imaginent pas qu’on peut faire tant de choses que ça dans une épicerie solidaire !
Mais La Pioche c’est bien plus qu’une épicerie solidaire. L’alimentation n’est qu’une porte d’entrée, en quelque sorte. Ateliers culinaire, musical, enfant… c’est toute une vie qui s’est organisée autour. "On travaille sur l’alimentation pour arriver à révéler des potentiels, réussir à faire en sorte que des personnalités arrivent à s’élever, à s’épanouir et à penser à leur projet de vie, leur projet professionnel qu’on aide à préparer." Car La Pioche est aussi une EBE : une entreprise à but d'emploi, qui salarie des personnes dans le cadre de l'expérimentation Territoires zéro chômeur de longue durée.
C’est Nathalie qui est en charge de l’insertion professionnelle à La Pioche. Elle propose notamment à des bénéficiaires du RSA de devenir "bénévole engagé" : un parcours de qualification au cours duquel ceux qui le suivent acceptent de faire du bénévolat sur un temps choisi et selon leurs difficultés. Souvent, ce sont "des personnes qui sont très loin de l’emploi, ou qui n’ont jamais travaillé : il faut qu’elles se réadaptent à un cadre de travail en respectant des horaires, un rythme, des règles d’hygiène…" Et surtout, ce sont des gens qui trouvent ici un moyen de "recréer du lien social, parce qu’ils avaient perdu ce lien en s’isolant suite à leur problématique".
"Les gens n’imaginent pas qu’on peut faire tant de choses que ça dans une épicerie solidaire !" s’enthousiasme Xavier. Ainsi, quand Christophe a poussé la porte de l’épicerie solidaire pour la première fois, c’était pour trouver de quoi manger. Aujourd’hui bénévole engagé, il confie s’être senti accueilli. "J’y ai trouvé des amis, suite à un décès j’étais seul et je me suis enfermé sur soi-même, on m’a ouvert la porte ici à La Pioche, j’ai eu des amis, j’ai eu du réconfort, de la chaleur humaine…"
Parce qu’être une épicerie, ça favorise la rencontre : c’est moins formel et sans doute moyen effrayant que les services publics, comme Pôle emploi. C’est "une autre porte d’entrée, où on peut discuter", résume Xavier. Il observe qu’en général, "les gens ne font pas la démarche de demander de l’aide plus que ça, pour des démarches dont ils ne se sentent pas les épaules, ou quand il y a une perte de confiance..." D’ailleurs Christophe le dit lui-même, il a "remonté la pente en très peu de temps, tout seul je ne m’en serai pas sorti".
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