Étendre le marché des vêtements de seconde main aux articles de sport, c'est le pari de la boutique Ecovestiaire. Avec l'association du même nom à Strasbourg, ils se sont implantés place des Halles. Christophe Georger est le président de l'association Ecovestiaire.
RCF Alsace : Est ce que vous pouvez nous raconter la genèse de ce projet ? Comment est venue l'idée de faire cette boutique d'articles de sport de seconde main?
Christophe Georger : Ecovestiaire est né il y a plusieurs années d'une réflexion entre amis, au sein des onze membres cofondateurs. On se passait déjà les vêtements de sport entre parents par rapport à nos enfants, qui ont décidé de changer de sport, qui avaient grandi ou qui avaient décidé d'arrêter un sport et du coup, entre nous, on faisait déjà une forme de recyclerie.
RCF Alsace : Donc vous vous êtes dit pourquoi pas le faire à plus grande échelle ?
Christophe Georger : On a été éducateurs sportifs, on a été joueurs et coéquipiers. On était tous dans une consommation plus linéaire. On achetait, on consommait, on jetait. Et en tant qu'éducateur, nous avons souvent été confrontés à des enfants qui, quand on les voyait courir, on leur disait “Mais comment tu cours?” Et ils répondaient : “J'ai des problèmes, j'ai des chaussures qui sont trop petites. Il faut que j'attende. L'année prochaine, je récupérerai les chaussures de mon grand frère.” Donc il était important pour nous de pouvoir réutiliser des produits qui ne nous servent pas à vous, mais qui pourraient servir à quelqu'un d'autre. Et à travers cette association, c'est tout le but justement que de pouvoir rallonger la durée d'usage d'un produit.
RCF Alsace : Donc ce n'est pas juste une boutique, il y a l'association derrière, et si je comprends bien, il y a vraiment une vocation sociale, tournée en particulier vers la jeunesse.
Christophe Georger : Oui, aujourd'hui tout le monde peut devenir éco-acteur en adhérant avec 2 € de contribution sur le premier achat. Et ensuite, effectivement, la boutique annonce des prix solidaires entre -60 ou -70% pour les produits qui sont issus du marché du neuf, qui sont ou les invendus ou les invendables ou les échantillons de nos équipementiers locaux régionaux, et entre -80 et -90% pour les produits qui sont issus de la seconde main et du réemploi. L'objectif n'est pas d'être imbattable. L'objectif est clairement de pouvoir redistribuer à des gens qui, malheureusement, doivent se priver de faire un sport. Nous voulons permettre à des gens en difficulté d'accéder librement à un sport, via du matériel, de l'équipement, du textile, du prêt-à-porter adapté à leurs besoins. Et des fois, l'enveloppe budgétaire est une de leurs priorités.
RCF Alsace : Donc là, maintenant que votre boutique est ouverte, quels résultats avez- vous eu ?
Christophe Georger : Alors aujourd'hui déjà, il y a un engouement important de tous les parties prenantes du projet, que ce soit les équipementiers ou les distributeurs. Nous avons fait une inauguration la semaine dernière quand ils sont venus dans notre boutique, et ils ne s'attendait pas à avoir une telle qualité. Finalement une recyclerie, souvent c'est des grands bacs, c'est du vrac, un prix, un prix unique. Chez Ecovestiaire, on a décidé de faire les choses comme une vraie boutique et de sortir de cette notion de recyclerie qui pourrait parfois être apparentée à du vrac. Pourquoi? Parce que nous avons aussi des produits qui sont neufs.
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