30e rapport du Secours Catholique sur l’état de la pauvreté en France

Cette année et pour la 30ème année consécutive, le Secours Catholique a publié son rapport sur la pauvreté en France. Le constat est alarmant. Audrey Mainguy, déléguée du Secours Catholique en Isère, témoigne d’une situation qui dure depuis quelques années : “on observe une intensification, une aggravation de la pauvreté et une stigmatisation des personnes qui sont en situation de pauvreté et qui viennent nous voir “. 

Si le taux de pauvreté semble stable, 14,5% en 1996 et 14,4% en 2022, ce sont les difficultés matérielles qui se mesurent et qui se dégradent très fortement. Parmi les statistiques, celle de l’augmentation de l’extrême pauvreté est particulièrement alarmante. En Isère, la part des ménages rencontrés par les bénévoles vivant sous le seuil d’extrême pauvreté a bondi de 18 points entre 2017 et 2023, pour atteindre 73 %. 

Un désintérêt national

Face à cette situation, Brigitte Gauthier, présidente de la délégation iséroise du Secours Catholique recommande que les pouvoirs publics “ interpellent principalement la société sur notre souhait de réinsuffler de la fraternité dans notre société, et d'arrêter de stigmatiser les personnes qui sont victimes de la pauvreté.” 

Audrey Mainguy rappelle que : “Il y a 30 ans, la pauvreté était une grande cause nationale. Les politiques publiques se coordonnaient pour faire reculer la pauvreté en France.” 

Des profils et des regards qui changent

Ce changement d'intérêt évolue en même temps que les profils rencontrés par les bénévoles. En 1994, les bénévoles du Secours Catholique rencontraient principalement des femmes et des hommes seuls sans enfant et des ménages au chômage. En 2024, ce sont des mères isolées, des familles de nationalité étrangère avec enfants et des femmes isolées de plus de 60 ans. 

Le regard de la société sur la pauvreté a lui aussi évolué. Le Secours Catholique rappelle qu’il y a 30 ans, la pauvreté était perçue comme conjoncturelle et temporaire. Aujourd’hui, les personnes en situation de précarité sont trop souvent stigmatisées et assimilées à des “assistés”. 

S’adapter pour mieux aider

L’accélération de la précarité s’explique aussi par l’enchaînement de plusieurs réformes ainsi que par des contextes économiques et sanitaires difficiles ces vingt dernières années. Face à ces changements, le Secours Catholique a dû s’adapter et évoluer, comme en témoigne Isabelle, bénévole depuis 28 ans :” Ce qui me pousse à rester, c'est que j'admire la capacité du Secours catholique à s'adapter justement au cours des époques, aux changements de société et d'essayer de répondre aux besoins des plus démunis.”