Villers-la-Vigne : immersion dans le vignoble cistercien de Villers-la-Ville
Envie de quitter le tumulte du quotidien pour découvrir un lieu de paix, de transmission et de passion ? Direction Villers-la-Vigne, au pied des ruines majestueuses de l’abbaye cistercienne de Villers-la-Ville en Belgique. Ce vignoble pas comme les autres renaît depuis les années 1990 grâce à une poignée de bénévoles. Leur mission : faire revivre un patrimoine spirituel, historique et viticole en plein cœur de la Wallonie.
À écouter sur RCF : l’émission Radioguidage vous emmène sur les coteaux, entre anecdotes, témoignages et beauté du lieu.
Évelyne, vice présidente de Villers la Vigne, le vignoble de Villers la Ville - Photo : Cédric GodartCe qu'il faut retenir :
- Une vigne née au Moyen Âge, oubliée puis ressuscitée en Belgique
- Un vignoble associatif, spirituel et durable en Brabant Wallon
- Villers-la-Vigne se visite chaque premier samedi du mois, d’avril à septembre
Ce matin, Étienne Lemarque et Cédric Godart (1RCF Belgique) ont pris le clé des champs pour se joindre à la joyeuse confrérie de Villers la Vigne, à deux pas de l'Abbaye bien connue. Bienvenue en plein cœur du Brabant Wallon, en Belgique.
Une vigne née au Moyen Âge, oubliée puis ressuscitée
C’est en 1146 que les premiers moines cisterciens s’installent à Villers-la-Ville. Ils ont besoin de bois, de pierre, d’eau… et de vin. Ce dernier est indispensable à la célébration de la messe, mais aussi à la vie quotidienne : pour purifier l’eau, accueillir les hôtes ou soigner les maux.
Le vignoble est attesté par des écrits dès 1250, et encore en 1312. Planté sur un coteau bien exposé, il disparaît pourtant au XVIIe siècle, victime d’un refroidissement climatique et de la concurrence de vins venus de France.
Il faudra attendre 1990 pour que le vignoble renaisse. À l’initiative : Richard Kerner, globe-trotteur et amoureux du patrimoine, qui rassemble quelques amis pour redonner vie à ce bout d’histoire. La première réunion officielle a lieu en novembre 1990.
Un vignoble associatif, spirituel et durable
Villers-la-Vigne n’est pas un domaine commercial. C’est un projet associatif, 100 % bénévole, ancré dans une démarche de transmission et de sobriété. Environ 1000 pieds de vigne produisent entre 200 et 800 bouteilles par an. Et ces bouteilles ne se vendent pas.
Le vin de Villers se déguste uniquement sur place, dans le cadre de visites guidées organisées le premier samedi du mois, d’avril à septembre. Le verre de dégustation est offert à la fin de la visite, en toute simplicité.
Le chai, quant à lui, se trouve dans les anciennes écuries du père abbé. On y vinifie depuis 2013, dans un respect total du lieu et de l’environnement.
Julien Wauters, plus jeune vigneron de Villers la Vigne - Photo : Cédric Godart
Villers la Vigne - Photo : Cédric Godart
Christophe Waterkeyn à Villers la Vigne - Photo : Cédric Godart
Richard Kerner à Villers la Vigne - Photo : Cédric Godart
Villers la Vigne - Photo : Cédric Godart
Taille de la vigne à Villers la Vigne - Photo : Cédric Godart
Les vignes de Villers la Vigne - Photo : Cédric Godart
Les vignes à Villers la Vigne - Photo : Cédric Godart
Chai de Villers la Vigne - Photo : Cédric Godart
Un membre de Villers la Vigne - Photo : Cédric Godart
Quentin Hein et son épouse à Villers la Vigne - Photo : Cédric Godart
Barbecue à Villers la Vigne - Photo : Cédric Godart
Barbecue à Villers la Vigne - Photo : Cédric Godart
Un membre de Villers la Vigne - Photo : Cédric Godart
Barbecue à Villers la Vigne - Photo : Cédric Godart
Bouteilles à Villers la Vigne - Photo : Cédric GodartUn projet humain, inclusif et ancré dans le territoire
260 membres composent aujourd’hui la confrérie. Une quarantaine sont régulièrement actifs sur le terrain. Parmi eux, Julien, 26 ans, bénévole depuis deux ans, ou Évelyne, vice-présidente, qui a rejoint l’aventure par passion du vin et de sa commune.
Tous les profils se croisent à Villers-la-Vigne : des jeunes, des retraités, des femmes de plus en plus présentes, des Alsaciens, des Anglais, des néerlandophones… Ici, on vient jardiner, apprendre, désherber, échanger, rire, et parfois même se reconstruire.
Car ce vignoble, c’est aussi un refuge : « Un lieu qui soigne les bobos de la vie », dit le président. Deuils, burn-out, ruptures : beaucoup y trouvent une forme de paix intérieure. D’où son surnom affectueux : le clos du bonheur ».
Le site est également inclusif et accessible : labellisé Green Key, il accueille volontiers les PMR, les cyclistes, les malvoyants. Les visites sont proposées en français, néerlandais, anglais et allemand.
Un vin qui raconte une histoire
Ici, on ne parle pas de cépages internationaux. Les vignerons ont fait leurs armes avec des variétés hybrides lorraines, comme le Léon Millet, remplacé ensuite par le Régent et aujourd’hui le Muscaris. Des choix pragmatiques, adaptés au climat et à la taille modeste du vignoble.
Mais ce qui compte, ce n’est pas tant le cépage que le geste. Cultiver la vigne à Villers, c’est prolonger un héritage, apprendre en faisant, goûter le fruit de son travail. Le vin devient alors bien plus qu’une boisson : c’est un langage, un lien, une offrande.
Les nouveaux vignerons wallons viennent s’y former, inspirés par cet exemple de viticulture humaine, humble et engagée.
Villers, carrefour d’abbayes et sentier d’étonnement
Le vignoble de Villers-la-Ville est membre de l’association des vins d’abbaye francophones, aux côtés de grandes abbayes françaises encore actives. C’est dire son rayonnement symbolique. Ici, tout fait sens : les ruines majestueuses, la spiritualité du lieu, la passion discrète des bénévoles. Et cette phrase du président, qui résume à elle seule l’esprit du projet : « Il faut oser quitter les routes macadamisées et prendre les sentiers de l’étonnement ».
Infos pratiques
Villers-la-Vigne se visite chaque premier samedi du mois, d’avril à septembre, à 14h30. Des visites pour groupes peuvent aussi être organisées sur demande. Le site se trouve à 25 minutes de Bruxelles et une heure de Maubeuge.
« Un livre retraçant les 30 ans du vignoble est disponible gratuitement sur le site officiel de Villers la Vigne. Pour le goûter, piqûre de rappel : le vin de Villers ne s’achète pas. Il se partage et se déguste... sur place », conclut Cédric Godart.


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