Sortie cinéma : "Un autre monde" de Stéphane Brizé avec Vincent Lindon
Valérie de Marhnac nous présente le film "Un autre monde" de Stéphane Brizé. L'histoire de Philippe Demesle interprété par Vincent Lindon, un cadre d'entreprise industrielle qui fait face aux injonctions de sa direction.
"Un autre monde" de Stéphane Brizé : voyage au coeur de l'entreprise
Une plongée saisissante à un moment charnière de la vie d’un patron d’usine. C’est Vincent Lindon qui interprète le rôle du patron, il s’appelle Philippe Lemesle, c’est un manager compétent, bosseur, qui accepte volontiers les règles du jeu mais dont la vie vacille alors qu’il doit mettre en place un énième plan de licenciement.
Le film décortique les rouages d’un grand groupe coté en Bourse. C’est implacable. Avec ces directives qui arrivent d’en haut et l’absence totale de liberté de décision pour ceux qui doivent les exécuter sur le terrain.
Marie Drucker, qui joue le rôle de la DG France, est parfaite en dirigeante froide, très habile, elle est dans la maitrise totale du langage managérial, totalement désincarné.
Tout commence par un long traveling sur un mur de photos de famille, au temps du bonheur. Puis on découvre sa femme Anne, jouée par Sandrine Kiberlain, exceptionnelle en épouse perdue devant le chaos qu’est devenu leur vie.
Le film devait s’intituler au départ « pour le meilleur et pour le pire » et c’est dans l’articulation entre vie privée et vie professionnelle, que le film est le plus percutant.
C’est le portrait d’une lente prise de conscience personnelle, celle d’un homme face à un système. Vincent Lindon est magnifique dans ce rôle Il a cette présence massive, toute en intériorité, rassurant par moment, et plein de doutes et de désarroi à d’autres. Il est bouleversant !
Suivi de « En Guerre » en 2018, très rude, le combat d’un syndicaliste jusqu’auboutiste, lors de la fermeture de son usine.
Là, il continue à remonter le fil en se positionnant cette fois-ci en amont des licenciements, dans une sorte de contre-point, vu du côté des patrons.
Il quitte le côté cinéma-vérité, caméra à l’épaule, pour une approche plus formelle. Avec des fonds flous, des cadrages décentrés, des très gros plans, le tout illustre l’enfermement de cet homme, et l’étau qui se resserre autour de lui. Jusqu’à un plan final très lumineux qui laisse une petite place à l’Espérance.
Les autres sorties de la semaine
LA VRAIE FAMILLE de Fabien Gorgeart, un vrai mélo familial tiré de son histoire personnelle de famille d’accueil. Ses parents à lui ont accueilli quand il était enfant un tout jeune garçon. C’est avec Mélanie Thierry dans le rôle de la mère qui n’arrive pas à laisser partir cet enfant ensuite. On pleure beaucoup mais c’est plein d’amour !
Et enfin PICCOLO CORPO, un premier film italien. Ca se passe dans le sud de l’Italie au début du siècle précédent. C’est le lent travail de deuil d’une jeune mère dont l’enfant est mort-né. Le film aborde toutes les croyances religieuses de l’époque, autour de la notion des limbes notamment. C’est une très belle fable, très poétique et magnifique sur le plan esthétique !
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