Rien pour vieux, sans les vieux !!
Dans cette chronique, Hilaire Bodin salue la naissance du Conseil national autoproclamé de la vieillesse.
Ce conseil luttera , entre autres, contre le scandale des maltraitances telle que celles dénoncées dans le livre qui vient de paraître : « les fossoyeurs » de Victor Castanet.
Vous avez appelé cette chronique « rien pour les vieux, sans les vieux !!!! » . N’est-ce pas un peu revendicatif ? Hilaire quelle mouche vous a piqué ?
Ma chère Agnès, notre chronique hebdomadaire « la joie d’ être vieux » a pour sous-titre « fier et joyeux d’être vieux ». Je tiens à ce terme de « fierté » qui exprime la conscience de notre dignité humaine. Vieux, nous ne sommes pas des sous-hommes, des citoyens de seconde zone, Je n’accepte pas qu’on décide sans nous consulter. Notre chronique ne peut être joyeuse qu’à la condition que les habitants de la planète « vieux ». Soient considérés et respectés.
Vous pensez qu’ils ne le sont pas ?
Non, lors du bilan de l’année écoulée, dans ma chronique du 5 janvier, je signalais aux auditeurs de RCF que la pandémie a révélé l’âgisme de nos politiques qui nous stigmatisent et nous infantilisent. « Prenons soin de nos ainés » répétaient-t ’ils à longueur d’antenne, tout en supprimant les visites dans les Ehpads. Je cite l’avis du sociologue serge Guerin : « Au nom de la protection des plus fragiles, les autorités ont pensé à leur place et à celle de leurs proches, en les privant de toutes visites, de liens sociaux vitaux. Combien de personnes âgées ont été les victimes de l’isolement plutôt que de ce satané virus? . Enfin, en septembre 2020 on aura entendu le Premier ministre demander sur un ton d’instituteur de la IIIe république d’éviter que les "papys et les mamies aillent chercher les enfants à l’école »1. Chers auditeurs, je me demande : De qui se moque-t-on ? Les 16 millions de vieux n’ont pas de syndicats ni d’institutions vraiment représentatives pour s’exprimer en leur nom. Personnellement, je trouve que c’est un déni de démocratie.
D’accord, je comprends votre position, mais que peut-on faire pour changer cette situation ?
La bonne nouvelle de ce début d’année 2022, c’est la naissance du conseil national auto proclamé de la vieillesse. L’acronyme CNaV1 est facile à retenir car il fait penser à l’assurance vieillesse, sauf que le « a » écrit en minuscule signifie « autoproclamé ». Pourquoi autoproclamé ? L’état sait bien consulter les personnes handicapés grâce au CNPH le conseil national des personnes handicapés, mais il ne sait pas consulter les 16 millions de vieux. Ainsi les fondateurs du CNaV sont des militants du respect des minorités, ils sont quatre : Francis Carrier 67 ans président de « de Grey Pride » . Eric Favereau, 67 ans, journaliste à libération, Véronique Fournier 67 ans Cardiologue et Nicolas Foureur, Président de l’association « Vieux et chez soi ». Ce conseil crée en Décembre 2021 a réussi à mobiliser une cinquantaine de membres très influents anciens ministres, médecins, universitaires, dramaturges, metteurs en scène, écrivains, journalistes et militants associatifs.
Quelles sont les motivations, les revendications de ce nouveau collectif ?
Profiter de la campagne présidentielle pour faire entendre la parole des vieux. Le fil rouge du mouvement est : Aucune décision pour les vieux ne doit être prise sans demander l’avis des vieux. Cela me comble enfin les vieux seraient ; enfin, représentés, c’est génial !! La principale revendication est bien la création d’un « Conseil national des personnes vieilles » (CNPV), une instance officielle chargée de souffler au gouvernement de demain des mesures adaptées aux personnes âgées dans toutes les politiques publiques.
Hilaire, les fondateurs ont-ils publié un texte exprimant clairement leurs attentes ?
Oui Agnès, un manifeste qui se veut : prise de parole et attitude. En voici l’essentiel :
« Nous serons tous vieux un jour. Certains d’entre nous sont déjà vieux, voire très vieux. D’autres sont beaucoup plus jeunes et même encore très jeunes. Tous, nous sommes peu fiers des conditions dans lesquelles vieillissent nos concitoyens. Aujourd’hui, la vieillesse est mal traitée. Il est urgent de changer les choses.
Nous voulons que les vieux que nous sommes, ou serons un jour, se sentent appartenir à une société bienveillante, avenante et respectueuse de ce qu’ils sont jusqu’au terme de leur vie.
Nous voulons une société qui tienne compte de leur identité, de leur histoire. Et non d’une société qui ne regarde les vieux qu’au travers du prisme médical, de l’assistance ou de la dépendance.
Pour cela, créons ensemble un Conseil national autoproclamé de la vieillesse (CNaV). Il aura pour tâche de proposer ce que pourrait être une politique de la vieillesse digne de ce nom. Il est temps que les choix de société pour les vieux soient construits avec eux. D’où notre slogan : « Rien pour les vieux sans les vieux. »
Je suis heureux de cette initiative qui doit concourir à la prise en compte de ce que nous vivons. Soyons fier de pouvoir participer à notre devenir car, vieux, nous sommes les plus apte à connaitre nos réels besoins.
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