Régis Warnier : "Pour être heureux, vivons en action ... et en faisant la sieste !"

Un chef réputé qui disparait avec son second lors d’une partie de chasse alors qu’il est sur le point de décrocher une troisième étoile. C’est le point de départ de "La réparation", film à suspense qui nous fait voyager de la Bretagne à l’Asie, au rythme de l’enquête que va mener Clara, fille du restaurateur. "La disparition, c’est un thème qui m’a toujours intrigué." confie Régis Warnier. "Dix mille personnes le sont chaque année en France sans laisser de traces. Et j’y suis revenu parce que c’est un événement qui a touché des proches et j’ai vu à quel point ça peut bouleverser la vie des gens, avec la présence de cette absence."

Mystère, mais aussi complexité des relations père-fille, difficulté à sortir d’un chemin tout tracé ou encore à réparer, quand l’impardonnable été commis, autant d’ "ingrédients", que l’on savoure ici, avec cette touche romanesque du réalisateur, oscarisé et césarisé pour "Indochine" en 92. Pas agacé d’ailleurs qu’on le ramène toujours à ce film ? "N’y voyez pas vanité ou orgueil." souligne l'intéressé. "Mais c’est assez gratifiant pour un metteur en scène de faire un film qui devient un classique, alors que vous êtes encore en vie. Moi, ça me va très bien ! " Heureux donc derrière la caméra. Mais au quotidien, quels sont ses petits secrets de bonheurs ? 

QUESTIONS BONHEUR

Est-ce que le matin, c'est "lever tout de suite de bonne humeur" ou il faut du temps pour reprendre une forme humaine ?

Ni bonne humeur, ni du temps pour la forme humaine. C'est d’abord le thé. Et tout de suite de l'énergie et l'organisation, le plan de la journée. Et la chienne ! Quand elle est avec moi, parce qu'il faut bien la sortir !

Quand vous avez un petit coup de déprime, qu'est-ce que vous faites pour vous remonter, le moral ?

Ah, ça, c'est une bonne question !

Vous écoutez de la musique ? 

Non, je sors, je marche. A Paris, dans les rues et au bout du monde. Action, activité, faire marcher le corps, irriguer tout ça. Et c'est pareil, quand vous écrivez et que vous êtes bloqué. Avant, je courais, aujourd’hui, c'est de marcher. Et tout d'un coup, les nuages se dissipent un peu.

Est-ce qu'il y a un endroit où vous vous sentez bien, qui est une sorte de refuge pour puiser des forces ?

J'ai une maison en Bretagne, donc j'y suis souvent. Mais je me sens bien partout, c'est assez particulier. Si je pouvais, je serais tout le temps en voyage !

Est-ce qu'il y a une personne qui a beaucoup compté pour vous, sur le plan privé ou professionnel, et à qui aujourd'hui, vous avez vraiment envie de dire merci ?

Dominique Blanc.

Qui chantait "la Femme Caoutchouc" dans "Indochine". …

Oui. Et qui faisait son premier pas au cinéma, dans "La femme de ma vie", qui est le rôle principal adulte du "Seigneur du château", qui est effectivement dans "Indochine" et qui est une actrice merveilleuse.

Je pensais aussi à Claude Chabrol et Michel Piccoli, que vous avez rencontrés à vos débuts sur le tournage de " La décade prodigieuse" et qui vous ont mis le pied à l’étrier …

Oui, Ils m'ont parrainé, ils m'ont aidé. Michel m'a recommandé à Claude pour d'autres films. Claude m'a toujours engagé quand il pouvait. Michel m'a présenté à des metteurs en scène quand moi, j'étais stagiaire. C'est vrai. Mais la rencontre avec Dominique a été importante, aussi.

Dernière question. Vous connaissez le dicton, "Pour vivre heureux, vivons cachés." Mais pour vous, pour vivre heureux, il faudrait vivre comment ? 

Debout.

C'est-à-dire ?

"In action". Sinon, J'ai découvert un truc formidable depuis quelques années, c'est la sieste !

Vivons en faisant de la sieste ?! C'est contradictoire, s'il faut bouger !

Non, non ! (sourires) En fait, vivre heureux, c'est vivre pensant, si je n'ai pas une pensée qui tourne, avec une construction, des idées …J’essaie d'éloigner la rêverie. On croit toujours qu'on pense, mais on ne pense pas. On se souvient, on imagine, on rêve, mais la pensée, elle nous guide. Mais de temps en temps, je me dis, maintenant, c'est à toi de guider ta pensée. Et ce n'est pas si simple !

"La réparation" de Régis Warnier, avec Clovis Cornillac, Julia de Nunez et Julien de Saint-Jean. En salles le 16 avril