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Qui sont les Assyro-Chaldéens ?

Qui sont les Assyro-Chaldéens ?

Un article rédigé par William Onkur - Radio Notre Dame, le 2 juillet 2025 - Modifié le 18 juillet 2025

Contrairement à une idée répandue, les Assyro-Chaldéens — communauté chrétienne d’Orient — ne se définissent pas uniquement par leur foi. Ils sont aussi les héritiers directs des grandes civilisations de la Mésopotamie, berceau de l’humanité. Aujourd’hui, leur nombre est estimé entre trois et cinq millions de personnes dans le monde.

Un drapeau assyro-chaldéen dans un village du Nord-Ouest de l'Irak. Crédits : Wikimedia CommonsUn drapeau assyro-chaldéen dans un village du Nord-Ouest de l'Irak. Crédits : Wikimedia Commons

Dans leurs racines, les Assyro-Chaldéens sont les héritiers des anciennes civilisations de la Mésopotamie ("entre les fleuves"). Apparues dès le IVe millénaire avant J.-C., comme les Akkadiens, les Assyriens antiques ou encore les Babyloniens, ils ont façonné cette région du Croissant fertile, aujourd’hui partagée entre l’Irak, la Turquie et la Syrie. Longtemps désignés sous des termes variés (Assyriens, Chaldéens, Araméens, Syriaques…), les Assyro-Chaldéens sont aujourd’hui un ensemble ethnoculturel ayant en commun l’araméen et appartenant initialement à l’Église de l’Orient.

La Mésopotamie, un bassin culturel et intellectuel

Les Assyro-Chaldéens ont largement contribué à de nombreuses inventions, comme l’écriture cunéiforme (vers 3300 avant J.-C.), le célèbre Code d’Hammourabi (1750 avant J.-C.), considéré comme l’un des premiers corpus de lois. Leurs textes ont traversé les siècles grâce, notamment, à la découverte de la bibliothèque d’Ashurbanipal (VIIe siècle avant J.-C.) dans l’ancienne ville de Ninive, la plus ancienne connue. C’est également en Mésopotamie que serait née la semaine de sept jours, chaque jour étant associé à un astre. Le dimanche, par exemple, était le "jour du Soleil".

Si les Assyriens viennent du nord de la Mésopotamie, les Chaldéens, descendants des Babyloniens, viennent du sud. La région a vu s’épanouir plusieurs empires puissants et prospères, issus de ces civilisations. 

L’Empire akkadien (XXIVe siècle avant J.-C.) fut le premier à unifier la région ; l’Empire assyrien (Xe siècle avant J.-C.) l’a dominée. Quant à l’Empire néo-babylonien (626–539 avant J.-C.), il s’est illustré, grâce à son célèbre roi Nabuchodonosor II, par ses avancées culturelles, scientifiques et religieuses. Cette prospérité prend fin avec la conquête de Babylone par le roi de Perse, Cyrus II le Grand, en 539 avant J.-C.

Un évangélisateur de la Mésopotamie à la Chine

Durant l’Antiquité, Assyriens et Babyloniens sont polythéistes et vénèrent des dieux comme Assur, le dieu de la civilisation assyrienne, ou Shamash, le dieu de la justice (son symbole figure sur le drapeau assyro-chaldéen). Ils adopteront le christianisme avec l’arrivée de l’apôtre Thomas et de ses disciples. Ils fondent l’Église de l’Orient, qui s’étendra jusqu’en Chine, en Perse et en Inde. Elle connaîtra une prospérité remarquable, comptant jusqu’à 80 millions de fidèles. Au XIIIe siècle, les persécutions mongoles vont la mettre à mal et entraîner son déclin.

En 1553, une scission majeure se produit. Une partie de l’Église de l’Orient entre en communion avec Rome et fonde l’Église chaldéenne catholique, rattachée à l’Église universelle, mais conservant sa liturgie orientale et la langue araméenne. Les autres communautés continuent d’exister sous différentes juridictions : l’Église apostolique assyrienne de l’Orient, les Églises syriaques orthodoxe et catholique, notamment. Il existe 22 Églises différentes.

Ils parlent comme Jésus

Jésus-Christ le parlait ! Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’araméen n’est pas une langue morte. Elle a été la langue dominante du Proche-Orient jusqu’au VIIe siècle et continue d’être parlée de nos jours par les Assyro-Chaldéens, dans la vie quotidienne comme dans le cadre religieux.

Plus de la moitié de cette communauté vit désormais en diaspora, conséquence des bouleversements géopolitiques et des persécutions qu’elle a subies au fil du temps. La plus marquante d’entre elles reste le génocide de 1915 : environ 250 000 Assyro-Chaldéens auraient été tués durant cette période, connue en araméen sous le nom de « Sayfo » — l’épée. Le 29 avril 2024, l’Assemblée nationale a adopté une résolution officielle reconnaissant ce génocide. D’autres drames ont suivi, comme le massacre de Simelé, en 1933, dans le nord-ouest de l’Irak, qui fit entre 600 et 3 000 morts selon les estimations.

Plus récemment, entre 2014 et 2015, la communauté a été à nouveau ciblée, cette fois par le groupe État islamique (ISIS) en Irak et en Syrie. Cette période s’est traduite par un exode massif, la destruction de monuments anciens et le saccage de nombreuses églises. Aujourd’hui, la population assyro-chaldéenne est estimée entre 3 et 5 millions de personnes à travers le monde. En France, on recense environ 30 000 fidèles (source : La Croix), principalement installés en région parisienne, notamment à Sarcelles (Val-d’Oise) et dans ses environs.

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