Qui était Sainte-Bathilde ?

Née vers l'an 630, Bathilde arrive en Gaule après avoir été capturée en Angleterre par des corsaires. "Elle est sûrement arrivée par Rouen ou du côté du Ponthieu, les deux grands lieux de la traite d'esclave à cette époque", raconte le père Olivier Vatar, curé du pôle missionnaire de Meaux et historien, "Au VIIe siècle, les esclaves viennent surtout d'Angleterre" précise-t-il. 

Supposément issue de la noblesse

Au VIIe siècle, de nombreux esclaves proviennent des îles britanniques. Et Bathilde, bien que considérée comme captive, ne semble pas être une simple servante. "Peut-être qu'elle avait des liens avec la famille royale de Kent. Il y a des petits éléments qui laissent à penser qu'elle n'était peut-être pas seulement qu'une esclave lambda", explique le père Vatar.

Achetée par Erchinoald, maire du palais de Neustrie et un personnage influent du royaume mérovingien, Bathilde est traitée avec bienveillance. Le maire du palais a remarqué qu'elle n'était "pas comme les autres ". Une indication supplémentaire sur ses royales origines. 

Remarquée par le roi Clovis II, fils de Dagobert, également proche d'Erchinoald, Bathilde est remarquée pour sa beauté et sa douceur si bien que le fils du monarque la demande en mariage. "Ce qui est d'ailleurs intéressant, c'est que si il la demande en mariage, c'est qu'elle devait être un peu de sang royal. Et évidemment ce mariage va tout changer toute la vie de la future sainte", explique l'invité de Louis Daufresne. 

De cette union naîtront cinq enfants, dont trois deviendront rois : Clotaire III, Childéric II et Thierry III.
"Il y a peut-être eu aussi des filles" note-t-il. 

Un mariage d'amour ? Difficile de le savoir. "La seule chose que l'on sait, c'est qu'elle a refusé d'épouser Erchinoald, expliquant qu'elle voulait appartenir au Christ. Elle voulait préserver sa virginité, mais change d'avis puisqu'elle épouse le futur roi ", précise le père Olivier Vatar.

Clovis II, son mari, va rapidement décéder. A 27 ans, Bathilde devient régente du Royaume de Neustrie et de Burgondie. 

Une vision politique

Bien que souvent décrite comme douce et pieuse, Bathilde est aussi une dirigeante dotée d’une vraie vision politique. Son action suscite des controverses, notamment autour du témoignage de saint Wilfrid, évêque d’York, qui l’accuse d’avoir fait exécuter neuf évêques.

"Elle pouvait être charmante, mais elle savait aussi gouverner", insiste le Père Olivier Vatar.

Elle s’entoure d’un nouveau maire au palais de Neustrie, Ebroïn, avec qui elle mène une lutte contre l’aristocratie locale. Ensemble, ils participent à la répression de dissidences, dont celle de Saint Chamond (ou Saint Ennemond), évêque de Lyon, assassiné sur ordre d’Ebroïn.
"Ce n’est pas une répression aveugle", nuance le curé. "Ils visaient ceux qui menaçaient l’unité du royaume."

Pour Bathilde, le royaume devait fonctionner comme une structure stable et solidaire, contre les ambitions personnelles de certains seigneurs. "Elle voulait un royaume conçu comme une institution pour tous", explique-t-il.

Son règne est notamment marqué par une lutte contre l'esclavage, avec l'interdiction de la vente d'esclaves notamment des chrétiens. Elle a par ailleurs combattu la simonie (la vente ou l'achat de biens et sacrements de l'Eglise).

En 664, après avoir assuré la transition politique, elle se retire à l’abbaye de Chelles, qu’elle avait elle-même fondée. Elle y finit ses jours dans la prière et la pénitence, jusqu’à sa mort le 30 janvier 680, des suites d’une maladie.

Bathilde sera canonisée au XIe siècle par le pape Nicolas II. Son parcours, d’esclave à sainte, reste aujourd’hui l’un des plus fascinants du haut Moyen Âge.