Quand le néolibéralisme engendre des monstres
Roland Gori observe et dénonce les effets du libéralisme, qui promet l'émancipation et le progrès de l'individu mais fait de l'homme un instrument esseulé à qui échappe le sens de sa vie.
éditions Les Liens qui libèrent - Roland GoriLes attentats de 2015 et 2016 ont suscité l’effroi, la peur, un élan de résistance aussi. Mais surtout beaucoup de questions. Pourquoi la montée du terrorisme? Comment est-il possible que de jeunes gens de familles ordinaires partent en Syrie rejoindre Daech? Pour Roland Gori, tout cela est le symptôme d'une époque en panne de vrai projet politique. Dans son essai "Un monde sans esprit" (éd. Les Liens qui libèrent), il montre comment "la religion du marché" produit du fanatisme. Et aussi cette vague de populisme qui déferle sur l’Europe.
"Finalement l'autonomie c'est une extrême solitude"
Les limites du libéralisme
Dans "L'individu ingouvernable" (2015), Roland Gori montrait comment l'industrialisation et la technocratie avaient modifié durablement notre rapport au monde. Cette fois, il pointe du doigt la "contradiction entre les principes du libéralisme" d'un côté et "la réalité des faits" de l'autre, où l'homme est transformé "en instrument".
De l'émancipation à "l'extrême solitude"
Autonomie, raison, espoir dans le progrès... Dans "Qu'est-ce que les Lumières?" (1784) Emmanuel Kant montrait que le libéralisme philosophique était un discours d'émancipation. Or, dès la fin du XIXè siècle, nous dit Roland Gori, "les individus sont pris dans une espèce d'individualisme de masse, esseulés, désolés, atomisés... Finalement l'autonomie c'est une extrême solitude".
De la "misère symbolique" au totalitarisme
"La prolétarisation de l'existence n'est pas seulement matérielle." Le psychanalyste nomme "misères symboliques" les misères "morales, culturelles, spirituelles". Selon lui, le libéralisme, en menant au taylorisme et à la "fragmentarisation" des taches, a dépossédé l'homme de son savoir-être et de son savoir-faire d'artisan. "Il est dépossédé du processus de production."
Et Roland Gori de citer Hannah Arendt et son ouvrage "Eichmann à Jérusalem - Rapport sur la banalité du mal" (1966), où elle montrait comment "le système nazi s'est appuyé sur des hommes qui agissaient comme des machines".


Le monde vit des transformations majeures qui touchent tous les secteurs de la vie de l’homme: travail, éducation, écologie, religions, médias, économie… Béatrice Soltner et son invité donnent des clés pour mieux penser ce monde mouvant et les défis d’humanisation à relever. Cette émission propose aussi des repères concrets pour construire du sens, là où l’homme serait tenté de ne voir que du chaos.
