Prince Sadruddin Aga Khan, Prince à la ville et dans sa vie
Daniel Bernard, 2018En 2003 disparaissait le Prince Sadruddin Aga Kan. Avec lui, une figure digne de son père, l’Aga Khan, chef spirituel des ismaéliens, exilé car ayant dû fuir son pays, le Pakistan actuel, pour cause d’intransigeance de ses dirigeants, c’est un pan de l’Histoire du XXe siècle qui s’évanouit. Il n’avait que 70 ans. J’avais eu la chance de le rencontrer en 1998, et de l’entendre répondre au rédacteur en chef du média que je dirigeais : « Comment m’appeler ? Mais dites-moi monsieur, comme à tout le monde ! ». Cette simplicité était typique d’une personne de haut rang, rompu à l’exercice dû à son rang, mais si chaleureux et spontané. Pour nous, aujourd’hui encore, qui sont ces soufis modérés appelés Ismaéliens ?
Au salon du livre 2017, je m’arrête devant le stand d’une maison d’édition : une biographie de Sadruddin Aga Kahn vient d’être écrite. Son auteur, que nous avons donc rencontrée, est Diana Miserez, une anglaise au mari suisse (Miserez) qui fut sa collaboratrice aux Nations-Unies à Genève pendant de très nombreuses années. Séduite par l’approche de l’émission, elle m’a reçu chez elle, dans le canton de Vaud. Elle retrace la figure de l’homme pour lequel elle a travaillé, lui vouant, c’est sûr, une certaine admiration.
Dire enfin que la mère du Prince, Andrée Joséphine Carron, native d’Aix-les-Bains, suffit à faire comprendre son attachement à la région alpine, la création de la Fondation, l’assainissement d’une partie du lac d’Annecy, précurseur en la matière, son intérêt pour les migrants, déjà, devenu Haut Commissaire des Nations unies pour les Réfugiés de 1965 à 1977.
Diana Miserez et son accent british nous fait comprendre l’homme, ses luttes, ses limites. Qui mieux que sa seule biographe à ce jour, pouvait témoigner de ce que fut cet homme riche en spiritualité – également fortuné – qui a voué sa vie aux autres ?
