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Pour des vitraux contemporains à Notre-Dame de Paris

Pour des vitraux contemporains à Notre-Dame de Paris

Un article rédigé par STEPHANIE GALLET - RCF, le 30 janvier 2024  -  Modifié le 30 janvier 2024
Effervescence Et bien dansez maintenant !

La pétition contre l’installation de six vitraux contemporains dans la cathédrale Notre-Dame lancée par le site La Tribune de l’art, a recueilli 130 000 signatures. Guillaume Goubert ancien directeur de La croix et Françoise Morel directrice des radio RCF en Bretagne sont eux de farouches défenseurs de l’appel aux artistes contemporains. Ils expliquent pourquoi au micro de Stéphanie Gallet dans l’émission Effervescence.

 Vitrail de la chapelle Saint-Éloi, 1865 (première chapelle du bas-côté droit) Alfred Gérente  Photo : Janericloebe (Domaine public) Vitrail de la chapelle Saint-Éloi, 1865 (première chapelle du bas-côté droit) Alfred Gérente Photo : Janericloebe (Domaine public)

Faut-il installer des vitraux contemporains à Notre-Dame de Paris ? Ce geste contemporain, le président l’a annoncé le 8 décembre 2023, un an avant la réouverture prévue de la cathédrale parisienne. Un projet de six vitraux contemporains défendu par le diocèse de Paris qui a provoqué l'ire d’une partie du monde du patrimoine. Didier Rykner le fondateur du site de La tribune de l’art a lancé une pétition qui a réuni plus de 130 000 signataires.

Les cathédrale c'est l'histoire des siècles qui se présente devant nous

Françoise Morel est enthousiasmée par l'idée de mettre des vitraux contemporains à Notre-Dame. Elle précise que ce sont six vitraux qui seraient concernés sur une centaine de vitraux que possède la cathédrale et qui ont été épargnés par le feu. Le projet est porté par Emmanuel Macron mais aussi par Mgr Laurent Ulrich, l'archevêque de Paris. Il souhaite que les vitraux soient témoins de l'incendie, témoin de la destruction mais surtout de la résurrection de la cathédrale. Nos cathédrales, explique Françoise Morel, sont les témoins de leur temps. Au fur et à mesure des siècles, des éléments leur ont été rajoutés  qui ne sont pas forcément l'expression du temps d'avant. Il y a peut être pour Françoise Morel une interprétation trop rigide de la Charte de Venise qui fixe la déontologie des restaurations. Une charte signée par la France en 1962 et qui dit qu'il ne faut pas remplacer une œuvre d'art par une autre.

Pour Guillaume Goubert, les cathédrale c'est l'histoire des siècles qui se présente devant nous. Des modifications sont  intervenues à toutes sortes d'époques, avec  des mélanges de styles et  c'est ce qu'il trouve magnifique. Après un événement aussi dramatique que cet incendie, vouloir garder dans le bâtiment une trace de cet incendie surmonté, c'est une belle chose. 

La question du patrimoine, poursuit Guillaume Goubert, est toujours une question extrêmement sensible dans notre pays. Il n’y a qu’à regarder le succès des journées du patrimoine avec un véritable attachement des français  à ces éléments du passé dont on veut prendre soin et c'est une bonne chose.

Pourquoi l'œuvre de Viollet-le-Duc serait-elle intouchable ? 

Pour Guillaume Goubert, on peut discuter des modalités, mais pourquoi l'œuvre de Violet-le-Duc serait-elle intouchable ?  Viollet-le-Duc ayant lui-même pris énormément de liberté dans son travail. Il a inventé une sorte de style néo-gothique  bien à lui. Il n'a pas lui-même été extrêmement respectueux de l'histoire du monument. La flèche, à l'origine de la catastrophe puisqu'elle s'est effondrée, est une création de Viollet-le-Duc. 

L'Eglise catholique a l'habitude travailler avec les artistes 

Guillaume Goubert rappelle  le travail de deux dominicains les père Couturier et Régamey. Dans les années 50, ils ont fait un travail formidable et en particulier dans le domaine des vitraux pour promouvoir un art sacré contemporain. Ils ne se posaient pas la question de savoir si les artistes étaient des fidèles de l'Eglise catholique. Leur engagement a permis de faire naître des œuvres absolument magnifiques et cela continue aujourd'hui en matière d'architecture et de mobilier liturgique.

Pour les vitraux, c'est souvent l'Etat qui est décisionnaire. Dans les années 80, il y a eu de nombreuses commandes publiques de vitraux, très marquantes pour des édifices religieux.

L’exemple le plus connu est sans conteste les vitraux de l’abbaye de Conques réalisés par Pierre Soulage le maître de l’outrenoir. Françoise Morel évoque la richesse de la Bretagne en matière de vitraux contemporains. Elle cite ainsi  les vitraux de Jean Bazaine, artiste incroyants, pour la chapelle gothique de la Madeleine à Penmarc'h et plus tard dans les années 2000,  la chapelle de Perguet à Bénodet qui a accueilli les vitraux du dominicain sud-coréen  Kim En Joong.

Gérald Garitan wikipedia

De son côté, Guillaume Goubert salue le travail de la Cité du Vitrail à Troyes. On peut y admirer l’évolution du vitrail à travers les siècles. On découvre, ainsi, explique-t-il, les anciens vitraux de la chapelle de Conques, ceux qui ont été remplacés par les vitraux de Pierre Soulage. Ce sont des vitraux style art déco qui datent des années 50 et qui aujourd’hui apparaissent un peu datés.

Des vitraux vieillissent mieux que d'autres. Des vitraux peuvent être déposés et réinstallés ailleurs sans être perdus.

Et Guillaume Goubert de conclure : C'est un très beau risque que de commander des œuvres à des artistes contemporains, sinon on reste dans un monde complètement figé. Et de rappeler qu'un vitrail peut être remplacé, démonté, il n'y a rien d'irréversible.

C'est un très beau risque que de commander des œuvres à des artistes contemporains.

 

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©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Effervescence

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