Poésie Musiques et Chansons. L’amour courtois au temps des troubadours et des trouvères.
La poésie serait le langage de l'invisible, le mariage du conscient et de l'inconscient, l'art de suggérer. Au fil des mots, au fil de la sonorité des syllabes, de leurs couleurs, les accents, les coupes, les pauses, le rythme, le mouvement, des impressions, des sensations, des émotions vont apparaître. Un poème pourra faire surgir en nous des images, des couleurs, et parfois même un parfum. Goethe écrira que la poésie n'est rien d'autre qu'une pensée dans une image. Voltaire quant à lui, nous dira qu'elle n'est que musique et que pour la juger il nous faut tout d'abord l'entendre. Je ne peux qu’abonder dans le sens de Voltaire, car le musicien que je suis sera tout d'abord sensible dans une poésie, à son rythme, à l'agencement des strophes, à la richesse, aux sonorités des rimes. Cela passera par l'oreille avant que de n'atteindre le cœur.
Photo Philippe SolerLa mise en musique d’un poème.
La poésie est musique, musique pure et pourrait se suffire à elle-même. Ce qui va être fascinant, c'est de voir comment nos compositeurs, nos musiciens vont s'emparer de ces mots, se les approprier afin de réécrire la partition, défiant par là même la musique interne d'un poème. Comment font-ils, comment s'y prennent-ils ? C'est à ce voyage que je vous invite. N'ayez crainte, loin de moi l'idée d'un parcours à caractère analytique. Nous allons faire simple, nous allons partager, nous allons feuilleter ensemble, comme on feuillette un album d'images, les poésies qui m'ont profondément marqué, certaines dès ma plus tendre enfance, et qui encore aujourd'hui m'accompagnent. Nous allons traverser le temps, nous allons faire quelques mises en miroir, quelques mises en parallèle. Vers, alexandrins, assonances, allitérations féminines, rimes masculines, prose.

Troubadours des temps anciens.
D'Alphonse X de Castille, futur roi d'Espagne, un homme hautement érudit et dont les connaissances en astronomie, en histoire, en poésie et en musique seront très avancées, de Guillaume IX d'Aquitaine, de Bernard de Ventadour, dont le nom rimera avec troubadour, et qui sera accueilli à la cour d’Aliénor d'Aquitaine, les scènes de la vie quotidienne auront leur place dans la poésie des troubadours. Reverdies, chansons de toile célébrant le retour du printemps, le boire et le manger, l'ivresse. Et puis l’amour courtois, le désespoir amoureux, le cœur épris d'une dame, les jaloux, ainsi que la tristesse des amants contraint de se séparer à la pointe du jour.
L’amour courtois.
Au Moyen Âge on se comporte de belle manière avec une dame. L'amour courtois repose sur la notion de désir. L'homme, le plus souvent un chevalier vénérera une dame, une dame de toute beauté laquelle lui semblera à bien des égards inaccessibles. Dans l'espoir de faire chavirer le cœur de cette belle, il lui faudra faire preuve de bravoure. L'amour courtois sera avant tout amour idéalisé, passion, ou désespoir, plaisir et souffrance se mêleront car cet amour demeurera maintes fois secret.

Guillaume de Machaut et Charles d’Orléans
Guillaume de Machaut sera précurseur et inventeur de nouvelles formes. Reconnu et admiré des nobles de France, son œuvre gigantesque sera faite de longs poèmes narratifs, de poésie lyrique, de Balades, de Rondeaux. Il sera pris pour maître par les poètes à venir, à commencer par Charles d'Orléans, ce grand seigneur et qui sera loin de pratiquer la poésie comme un passe-temps. Aristocratique, né dans une cour où ses parents passionnés d'art recevront les plus grands poètes du siècle, tout commencera pour lui sous les meilleurs auspices. Mais très vite on percevra, à travers son œuvre un prince malheureux, un être fait pour le bonheur que tout va contrarier. Dans son château de Blois, il invitera les plus grands poètes de son temps, organisant des joutes poétiques.

Troubadours des temps modernes.
Dans les années 1950, deux troubadours des temps modernes feront entrer dans nos foyers, par l’intermédiaire du disque, la poésie de Rutebeuf et celle de François Villon. Ce dernier exprimera les choses de la vie mieux quiconque, avec un degré de perfection expressive, degré de perfection jamais atteint à ce jour. Il sera l'éclatement du génie individuel, un de nos premiers grand poète, poète maudit, premier d'une liste qui n'en finira pas. Grace à Georges Brassens sa poésie sera ancrée dans notre mémoire. Vous souvenez vous de ce refrain fameux ? « Mais où sont les neiges d’antan » Et puis il y aura Serge Reggiani, cet immense acteur qui n'oubliera pas, lorsqu'il entamera sa carrière de chanteur à 40 ans passé, de continuer à servir la poésie, de nous la rendre abordable en publiant des disques de récitals entier de poèmes.
Et enfin l’immense Léo Ferré, ce chanteur à la graine d'anar, qui fera entrer la poésie dans l'univers de la chanson française, par la grande porte. « Que sont mes amis devenus » poème de Rutebeuf, lequel rejettera les grâces stylées de la poésie courtoise. Il se fera satirique, dérangera tout en étant désarmant de sincérité. Il attaquera les tout-puissants et tombera dès lors en disgrâce. La pauvreté de Rutebeuf sera bien réelle et il nous la contera sans complaisance, refusons toutefois de prendre trop au tragique sa détresse.
Poésie, musiques et chansons. Acte 1/8 « L’amour courtois au temps des troubadours et des trouvères » Samedi 12 juillet à 16h, dimanche 13 juillet à 00h et 20h. Philippe Soler.


La poésie serait le langage de l’invisible, le mariage du conscient et de l’inconscient, l’art de suggérer. Un poème pourra faire surgir en nous des images, des couleurs, et parfois même, un parfum. Feuilletons ensemble l’album sonore de la poésie française, partons à la découverte de ces auteurs compositeurs interprètes, qui vont s’emparer de ces mots, se les approprier afin de réécrire la partition, défiant par là même, la musique originale, la musique interne d’un poème.
