Accueil
Poésie Musiques et Chansons. À l’aube du romantisme. De Lamartine à Victor Hugo.

Poésie Musiques et Chansons. À l’aube du romantisme. De Lamartine à Victor Hugo.

Un article rédigé par Philippe Soler "Tous mélomanes" - RCF, le 25 juillet 2025 - Modifié le 26 juillet 2025
Poésie, musiques et chansonsÀ l’aube du romantisme : de Lamartine à Victor Hugo...

Entrons de plein pied dans la poésie romantique et écoutons voir comment nos musiciens classiques, nos chanteurs, vont s'emparer de ces mots, de ces vers, de ces rimes, de ces états d’âme. Au cours du dix-neuvième siècle, plusieurs mouvements littéraires vont se succéder, donnant ainsi naissance à plusieurs écoles, à différentes conceptions de l'art, à savoir, le mouvement dit « romantique » celui de la première heure, suivi du réalisme, du mouvement parnassien, et enfin du symbolisme.

Photo Philippe SolerPhoto Philippe Soler
photo philippe soler

Tout commencera de l’autre côté du Rhin.

Il nous faudra, tout d’abord, aller chercher le mouvement romantique du côté des Allemands où, peintres, musiciens, écrivains, penseurs, poètes seront étroitement liés. Un tableau de Gaspard David Friedrich, une entrée de cimetière, une tombe ouverte, nous amènera vers la poésie de Goethe, cette poésie mettant en scène, un père chevauchant une nuit d’orage à travers la forêt, tenant son enfant dans ses bras. Ce poème nous guidera vers un jeune compositeur, à peine âgé de 17 ans, un compositeur exalté, lequel en quelques heures, avec une urgence créatrice, mettra des notes de musique sur ce texte, dépassant par là même tout ce qui aura été fait au niveau de la transcription d'un texte poétique en musique. Cela ira bien au-delà du chant à l'état pur, chacune des mélodies de Schubert nous plantant un décor pictural, décor poétique, décor théâtral. C'est par cette porte que l’on se devra de pénétrer dans l'univers des romantiques.

 

p

Le mouvement romantique de la première heure en France 

Il commencera à se manifester avec ChateaubriandL'exaltation du moi, l’inquiétude, la passion, en totale communion avec la nature et l'humanité tout entière. Et puis il y aura Théophile Gautier, natif de Tarbes, lequel gardera toute sa vie le souvenir, la silhouette des montagnes bleues Pyrénéennes. Il sera un des témoins les plus importants de la vie artistique et littéraire de son temps. Critique d'art, à la demande de Balzac, il aura le goût profond des voyages. Il écrira sur l'Espagne, l'Égypte, l'Italie, les Pyrénées. Mais l'homme est pessimiste, profondément angoissé et inquiet. Cela transparaîtra dans son premier recueil « La comédie de la mort » chef-d'œuvre absolu de la poésie romantique et qui sera récupéré, magnifié par Berlioz. Théophile Gautier c'est la perfection absolue, une rare élévation, une érudition jamais prise en défaut, saluée par Balzac, Flaubert, Nerval sans oublier Baudelaire, lequel lui dédiera ses « Fleurs du mal » 

 

photo philippe soler

Ô temps ! suspends ton vol

Il sera l'une des grandes figures du romantisme français. Poète, dramaturge, romancier, homme politique, il participera à la Révolution française de 1848, celle de février, proclamant à l'issue, la Seconde République. Il n'est autre qu’Alphonse de Lamartine. Ses strophes feront surgir des images, des couleurs, voir même, un parfum. Les vers de Lamartine ne seront autres que musique, musique pure, et cela dans le plein sens du terme. Il prendra possession de l'espace d'une manière qui n'appartiendra qu’à lui. La poésie de Lamartine s'écoute. Il chante juste et le mettre en musique ne sera pas chose simple car ses vers auront leur rythme propre, ce qui pourra poser problème à nos compositeurs. Mais si les envolées lyriques de Lamartine ne seront pas aisées à traduire sur le plan vocal, par contre, elles le seront sur le plan instrumental. Franz Liszt s'inspirera de cette poésie pour la transposer au clavier. Ce sera sa mission. Être le premier à éclairer un poème original d’une lumière instrumentale. Harmonies poétiques et religieuses.

 

photo philippe soler

Deux amants en fuite vers Venise. 

Une nuit de décembre 1833, une calèche, couverte de bagages, file sur les routes. A l'intérieur, une femme et un homme qui se connaissent à peine, mais qui s'aiment, décidant sur un coup de tête d'aller vivre leur amour en Italie. Elle, c'est Georges Sand, femme de réputation scandaleuse. Lui, Alfred de Musset, un poète de vingt-trois ans, beau comme un Dieu, encore inconnu. Attraction fatale, orages, passions, exaltation, ils vont s'aimer jusqu’à la démesure. En 1835, ils se quitteront, totalement anéantis. La poésie de Musset ? Les abysses du tourment en forme de feux follets, scintillants, agités. Le beau, le spirituel, le mélancolique, mais également le bizarre. La mort viendra le chercher, un beau matin, à l'aube du 2 mai 1857. Il repose, comme il le souhaitait, au cimetière du Père Lachaise, sous un saule, et qui sait peut-être que certaines nuits, la lune vient lui rendre visite, cette lune qu’il a osé tutoyer dans un chef-d’œuvre absolu, un chef-d'œuvre fait de fantaisie savante, de verve gracieuse. 

 

photo philippe soler

Sully Prudhomme et les Parnassiens. 

Le mouvement parnassien, en réaction au lyrisme sentimental des romantiques, se fait jour. Ses principes seront la valorisation de l'art poétique par la retenue. Cette doctrine littéraire refusera l'engagement social et politique du poète. La poésie n'aura d'autre but qu'elle-même, et se caractérisera par le simple culte de la beauté et de la forme. L'esthétique, la perfection formelle et l'impersonnalité seront les buts ultimes des parnassiens. Sully Prudhomme sera une des grandes figures de ce mouvement, aux côtés de Leconte de Lisle. Gabriel Fauré chantera leurs vers avec une rare perfection. La voix et le piano envelopperont dans une même ligne mélodique le texte poétique. Fauré trouvera chez ces poètes, son univers. 

 

photo philippe soler

Victor Hugo, un géant dans son siècle.

Il a révolutionné le théâtre classique, il a bouleversé l'art poétique, il sera un touche-à-tout de génie, un boulimique de travail, d’orgueil, d’ambition, un amoureux trop excessif, un père inconsolable. Que de drames et de tourments derrière cette gloire, reconnu de son vivant, à la stature universelle, à l'ego surdimensionné et qui se battra toute sa vie afin d'imposer son style novateur, afin d'améliorer la condition des plus faibles, de lutter pour une justice beaucoup plus humaine. Quel chemin parcouru par cet homme qui écrivait dans un de ses cahiers d'écoliers « Je serai Chateaubriand ou rien d'autre » et qui sera enterré en héros national devant deux millions de personnes, venues du monde entier. Son écriture sera accessible à tous, des gens simples aux plus sophistiqués. Il sera l'écrivain français le plus traduit au monde, et combien de rues, de places, de collèges, de lycées porteront son nom. Victor Hugo va tout briser sur son passage, renversant l'écriture, reconstruisant les choses, selon son idéal. Hugo va crier, Hugo va disloquer. Le moi, le je, celui du poète romantique, ce poète qui va parler à la première personne deviendra chez Victor Hugo, au détour de chaque vers, au détour de chaque phrase, universalité. Hugo tentera de réconcilier les contraires. 

 

photo philippe soler

Georges Brassens mettra Victor Hugo en musique avec « La légende de la nonne » Gainsbourg, Franz Liszt également. Cela fonctionnera plutôt bien. Nous reste à savoir si le poète appréciait ou pas la chose. Beaucoup en douteront. Il n’est impossible que Victor Hugo ait ressenti un agacement, devant la prétention de certains musiciens, à ajouter une ligne mélodique à une poésie qui quelque part, n'en avait pas besoin. 

Poésie, musiques et chansons. Acte 3/8 « A l’aube du romantisme. De Lamartine à Victor Hugo.

Samedi 26 juillet à 16h, dimanche 27 juillet à 00h et 20h. Philippe Soler. 

 

 

©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Poésie, musiques et chansons
©RCF
Découvrir cette émission
Cet article vous a plu ? Partagez-le :

Votre Radio vit grâce à vos dons

Nous sommes un média associatif et professionnel.
Pour préserver la qualité de nos programmes et notre indépendance, nous comptons sur la mobilisation  de tous nos auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

Faire un don
Qui sommes-nous ?

RCF est créée en 1982, à l'initiative de l'archevêque de Lyon, Monseigneur Decourtray, et du Père Emmanuel Payen. Dès l'origine, RCF porte l'ambition de diffuser un message d'espérance et de proposer au plus grand nombre une lecture chrétienne de la société et de l'actualité.

Forte de 600.000 auditeurs chaque jour, RCF compte désormais 64 radios locales et 270 fréquences en France et en Belgique. Ces 64 radios associatives reconnues d'intérêt général vivent essentiellement des dons de leurs auditeurs.

Information, culture, spiritualité, vie quotidienne : RCF propose un programme grand public, généraliste, de proximité.Le réseau RCF compte 300 salariés et 3.000 bénévoles.