PMA pour toutes, pourquoi certains s'y opposent
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Le projet de loi de bioéthique arrive demain en discussion en séance à l’Assemblée nationale après l’avoir été en commission. 32 articles composent ce texte avec une mesure phare : l’extension de la PMA (procréation médicalement assistée) aux couples de femmes et aux femmes seules. Rassemblées en un collectif "Marchons enfants !", une vingtaine d'associations opposées à ce projet de loi appellent déjà à une grande manifestation le 6 octobre. Pourquoi s'y opposent-elles ? Quels sont leurs arguments ?
A-t-on eu de réels débats ?
À quoi ont servi les états généraux de la bioéthique entre janvier et avril 2019 ? Selon Loup Besmond de Senneville, "il y a une énorme maldonne sur ces états généraux" dont "l'objectif n'a jamais été clairement défini". Était-ce une façon de consulter les Français ? De déterminer une majorité ? Ou encore de faire montre de pédagogie pour les convaincre ? Ce flou permet aujourd'hui de dire aux défenseurs du projet d eloi que le débat au eu lieu mais aux opposants d'affirmer qu'il n'a pas eu lieu, "car les conclusions sont les mêmes que les prémices".
vers une société sans père ?
Ce projet de loi n'est autre pour Blanche Streb, qu'un "signal donné" énonçant que le père est "accessoire". "Un père c'est plus que des données médicales et plus qu'une identité qu'on aura à l'âge de 18 ans."
Pour Christian Flavigny, "la loi qui viendrait décider de la possibilité de priver un enfant de son père crée un brouillage psychologique pour l'enfant". Ce qui serait ainsi effacée c'est la dimension symbolique non pas du masculin mais du paternel.
devenir mère par intention : Une façon de nier la maternité
Le projet de loi propose un nouveau mode de filiation pour les couples de femmes : elles feront devant notaire une déclaration avant la naissance de l'enfant attestant de leur volonté de s'engager dans un projet parental. Et c'est cette déclaration que les couples de femmes porteront à l'état civil au moment de la naissance de l'enfant.
"Jusqu'à aujourd'hui, ce qui faisait la mère c'était qu'elle accouchait, demain avec ce système uniquement réservé aux couples de femmes, ce qui va faire qu'elles sont mères toutes les deux c'est que toutes les deux ont eu la volonté, et en ont fait la déclaration, de s'engager dans un projet parental." Ce qui pour Blanche Streb revient à "nier ce qu'est la maternité" et "la grossesse".
vers une dérégulation de la technique
â"On ne réfléchit pas à toutes les conséquences" d'un tel projet de loi, selon Blanche Streb, pour qui on s'achemine "vers un emballement complet de la technique" et une soumission à la "loi du marché". En plus d'être une porte ouverte vers la légalisation de la GPA (gestation pour autrui), ce projet de loi serait un pas vers le diagnostic préimplantatoire.
Si le texte actuel ne mentionne pas le diagnostic préimplantatoire, "on va y revenir" selon Loup Besmond de Senneville, car certains "députés souhaitent élargir les tests pratiqués sur l'embryon en particulier sur la trisomie 21". Le diagnostic préimplantatoire consiste à autoriser les professionel de la reproduction de chercher des anomalies sur des embryons qui vont être implantés lors d'un processus de PMA. Ce qui ressemblerait fort à des pratiques eugénistes.
ON TOUCHE À DES ENJEUX ANTHROPOLOGIQUES FONDAMENTAUX
Le psychanalyste Christian Flavigny insiste sur la "crédibilité" de ce que l'on dit aux enfants. "On énonce des principes juridiques qui ne sont pas crédibles pour l'enfant." Selon lui, le point de vue de l'enfant est d'ailleurs "complètement occulté". Ce qu'il dénonce dans son livre "Le débat confisqué" (éd. Salvator). "L'enfant a fondamentalement besoin d'être le fruit de la rencontre d'un homme et d'une femme parce que cette rencontre est celle de l'incomplétude, c'est-à-dire ce qui fait notre humanité."
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