Pierre Richard, l’éternel maladroit au grand coeur
Acteur majeur du cinéma français de ces cinquante dernières années, apprécié de tous pour sa force comique, ses facéties inimitables, même s’il n’a pas joué que des rôles légers et drôles, Pierre Richard, c’est avant tout un grand acteur comique, un clown maladroit au grand cœur dont le style et les personnages lunaires et élastiques ont fait rire plusieurs générations et continuent.
La preuve en 5 films.
© Gaumont. Pierre Richard avec Bernard Blier dans Le Distrait (1970).Ce qu'il faut retenir :
- Une force comique héritée de Danny Kaye et Buster Keaton
- Un acteur à la générosité inégalée
1-Jeune publicitaire vibrionnant dans Le Distrait (1970)
Pierre Richard a suivi les conseils de son ami Yves Robert et est passé à la réalisation dès 1970 avec un premier film. Le Distrait pose définitivement les bases de son personnage culte : un homme totalement déconnecté du réel, multipliant les gaffes malgré lui. À la musique, il fait appel à Vladimir Cosma, qui compose un thème pétillant et virevoltant, à l’image du héros, Pierre Malaquet, jeune publicitaire doué mais d’une incroyable distraction. Le casting comporte Bernard Blier, lequel joue le directeur d’agence et Maria Pacôme sa mère exubérante, également maîtresse de son patron à qui elle susurre ses inoubliables « gazou, gazou ». On retrouve également Marie-Christine Barrault et Paul Préboist. Au passage, le film se veut également un pamphlet contre le cynisme du monde de la publicité et la société de consommation.
2-Architecte malchanceux dans Les Malheurs d’Alfred (1972)
Conforté par le succès commercial du Distrait, qui réunit quelque 1,5 million de spectateurs à l’hiver 1971, Pierre Richard enchaîne un second film, Les Malheurs d’Alfred, qui va connaître la même trajectoire. Les Malheurs d’Alfred, chanté par Pierre Richard lui-même, sur la composition musicale signée Vladimir Cosma, ne figure toutefois pas dans le film mais a fait l’objet d’un 45-tours, enregistré après coup à des fins promotionnelles. Les Malheurs d’Alfred quitte le monde de la publicité et raconte cette fois l’histoire d’un architecte malchanceux qui se retrouve propulsé malgré lui dans un jeu télévisé à succès. Derrière l’humour, le film critique la télévision spectacle, bien avant la télé-réalité. Au casting, on retrouve Anny Duperey en charmante présentatrice et Pierre Mondy mais aussi Jean Carmet avec lequel Pierre Richard nouera une solide complicité professionnelle et une amitié sincère partageant notamment le goût du bon vin.
3-Satire de la bourgeoisie dans Je sais rien mais je dirai tout (1973)
Avec son troisième film, Je sais rien mais je dirai tout, Pierre Richard s’attaque à une satire grinçante du monde de l’armement et aussi de la bourgeoisie. Il incarne le fils d’un marchand d’armes pacifiste et décalé, éducateur social cherchant à réinsérer trois jeunes cas sociaux joués par Didier Kaminka, Luis Rego et Georges Beller qu’il a pris en affection. La musique de Michel Fugain, accompagné du Big Bazar naissant, est orchestrée par Jean Bouchéty. Aux côtés de Pierre Richard, on retrouve à nouveau Bernard Blier. Le tournage fut pour le moins mouvementé, l’acteur faillit se blesser en effet lors d’une cascade où il devait éviter un énorme char d’assaut roulant à pleine vitesse.
4-La musique de Philippe Sarde dans On aura tout vu (1976)
On aura tout vu est une comédie grinçante dans laquelle Pierre Richard joue un photographe agité contraint de tourner un film X pour financer un projet artistique. À la musique, Philippe Sarde apporte sa science du jazz en distillant un thème élégant et feutré, contrastant avec le burlesque du film. Un thème très proche de celui qu'il composera pour le film suivant de Georges Lautner Mort d’un pourri. Le film dénonce l’avènement du cinéma pornographique et son industrie. Georges Lautner et Francis Veber aux dialogues s’en donnent à cœur joie multipliant les scènes cocasses mettant en scène Pierre Richard, Miou-Miou et Jean-Pierre Marielle en producteur vénal et sans scrupule.
5-Faux tueur à gages dans Le Coup du parapluie (1980)
Pierre Richard retrouve Gérard Oury, deux ans après La Carapate, pour Le Coup du parapluie, une comédie d’espionnage où il joue Grégoire Lecomte, un comédien raté pris pour un tueur à gages. Le film recèle d’anecdotes et de clins d’œil au cinéma. On y entend notamment la musique du Retour du grand blond, composée par Vladimir Cosma. Un des mafieux a pour nom quant à lui Stanislas Lefort, le même que Louis de Funès dans La Grande Vadrouille. Ou encore on peut voir lors d’une scène une affiche de la pièce Amour, coquillages et crustacés, écrite par la troupe du Splendid et dans laquelle joue Gérard Jugnot qui tient dans le film le rôle de l’impresario de Pierre Richard. Initialement prévu pour s’appeler « Le coup du parapluie bulgare », le film fut rebaptisé sous la pression d'Alain Poiré, au grand dam de Gérard Oury et Danielle Thompson dont l’histoire fut inspirée par un fait divers réel : celui de la double tentative d'assassinat sur des dissidents bulgares à l'aide d'un parapluie empoisonné.


"La Symphonie du cinéma", une émission de Fabien Genest pour voyager dans l'univers des musiques de films.




