Opération Iceberg : 10 ans d’accompagnement pour les artistes émergents franco-suisses

Lancée en 2014, l’Opération Iceberg fête ses dix ans cette année. À l’origine, ce programme transfrontalier (France-Suisse) est une réponse aux limites des tremplins musicaux classiques. Kem, l’un de ses responsables, explique : "Les groupes s'attendaient à tellement de choses
qu'il y en a certains qui ont splitté peu de temps avant les Eurockéennes, […] ils étaient tout jeunes
et ils s'attendaient après le passage aux Eurockéennes à être signés, à trouver un label, à trouver un tourneur alors que nous, on essayait de leur dire ‘non mais doucement, c'est une étape’”

Pour éviter ce découragement, l’Opération Iceberg a été pensé comme un accompagnement progressif, avec un réseau de salles en Bourgogne-Franche-Comté, Alsace et Suisse romande. L’objectif ? Préparer les artistes aux réalités du milieu, sans leur faire miroiter un succès immédiat.
 

Un accompagnement sur mesure : résidences, coaching et immersion

Chaque année, 12 groupes (6 français, 6 suisses) sont sélectionnés parmi les propositions des salles partenaires (La Poudrière, Le Moloco, La Rodia, etc.). La parité est une priorité pour l’équipe de sélection, mais il n’y a pas de quotas musicaux – même si le jazz et le classique "pur" sont rares.

Le programme inclut :

Des résidences de 3 jours avec des coachs issus du milieu professionnel (comme le guitariste de Dionysos ou celui de Gojira).

Un travail scénique (placement, décors, costumes – comme pour le groupe Pøgø).

L’Iceberg Camp, un week-end d’ateliers (santé du musicien, écriture, gestion de carrière) et d’échanges entre artistes.

On ne prend pas que des spécialistes de la musique. On a fait intervenir Pedro Winter (ex-manager de Daft Punk) ou des scénographes hip-hop pour des groupes de métal. L’idée, c’est de décloisonner

 précise Kem.

Des réussites : Valymo, Johnny Mafia et Baby Volcano

En dix ans, près de 80 artistes sont passés par Iceberg. Parmi les succès :

Valymo (producteur électronique), quasi-inconnu en France mais devenu une star en Asie.

Johnny Mafia, désormais omniprésent sur les scènes françaises.

Baby Volcano (Suisse), programmé aux Eurockéennes après son passage.

Nathalie Froehlich (Suisse), artiste de la scène électro qui sillonne la francophonie
 

Certains, comme Élie Zoé, reviennent en tant que mentors.

Comment intégrer Iceberg ? Le rôle clé des salles locales

Contrairement à un concours classique, ou un tremplin, les groupes ne candidatent pas directement. Ils doivent être repérés par l’une des 12 salles partenaires, qui en proposent deux chacune au comité de sélection. La sélection finale pour la promo qui débute en janvier a lieu lors de l’Iceberg Camp, en novembre de l’année précédente.

"Des fois, un groupe nous contacte, mais on le redirige vers une salle. Et même après la sélection, certains refusent : ils n’ont pas envie qu’on leur dise comment faire leur musique", explique Kem.

Un modèle qui  reste fragile

Si l’Opération Iceberg a inspiré d’autres régions (comme l’Occitanie), son budget a diminué. Pourtant, le dispositif reste unique par son approche long terme et transfrontalière. Preuve de son impact : des groupes comme Crème Solaire, repérés en 2024, ne monteront sur scène qu’en 2025 – le temps de peaufiner leur projet.

Pour aller plus loin :

https://operation-iceberg.eu/artistes/