Oldelaf : "Heureux ceux qui savent rire d'eux-mêmes !"

"Ecrire, pour essayer de mettre des mots sur ce qu’on traverse, ça change tout et moi, ça m’a sauvé la vie !" Thérapie réussie pour cet ex professeur de collège et animateur socioculturel, passé dans la chanson en 2000 avec Oldelaf et Monsieur D. Un humour à la fois tendre et décalé, qui explose en 2011 avec la "Tristitude", mélange de tristesse et de solitude qui narrait les petites galères du quotidien, entre le morceau de lego coincé sous le pied et le voisin qui vous annonçait se mettre au saxo ! Un succès qui lui ouvre les portes des télés et radios comme chroniqueur chez Michel Drucker ou Laurent Ruquier, aujourd’hui à France Inter dans l’émission "La Bande originale", où il tire tous les jours le portrait musical des invités.

Faire réagir par l'humour

"Délires chroniques", son nouvel album, ne déroge pas à ce sens aigu de l’observation. En fait, un best-of d’une douzaine de titres diffusés pendant les trois années de Rires et chansons, mais que l’auteur du "Monde est beau" a voulu réarranger. "Je trouvais que certaines valaient le coup d’être redéveloppées et vivent leur vie." On y croise donc des loubards octogénaires en Ephad, un Apollon postillonneur ou des groupes de jeunes à la révolte en mode deux de tension. Un ton parfois grinçant comme "Vous les afghans, vous n’êtes jamais contents! " ou ce prof de natation pour migrants. Mais pas de provocation gratuite : "Il y a une morale dans toutes mes chansons, un message qui veut rester positif. Faire réagir par l’humour, là où je suis un peu reconnu et sensibiliser par là, ça me semble intéressant."

Questions bonheur

Quand vous vous levez le matin, est-ce que c'est tout de suite de bonne humeur genre "Le monde est beau" ou "Attention danger" : on ne m'approche pas tant que je n'ai pas bu mon café ? 

 Non. J'essaye vraiment d'être de bonne humeur le matin. Je crois être vraiment positif. J'ai envie de dire un "devoir de bonheur". 

Un devoir de bonheur ? C'est-à-dire ? 

C'est-à-dire, le côté "Aide-toi, le ciel t'aidera." Le fait de mettre de la bonne humeur tout de suite, ça permet d'en distribuer... et d'en avoir un retour normalement !

Quand vous avez un petit coup de déprime, de "tristitude", qu'est-ce que vous faites pour vous remonter le moral ? 

Alors soit la musique, jouer de la musique, ça a toujours été quelque chose qui m'a aidé dans la vie. Et sinon, je dirais aussi le bricolage. Ça m'a toujours fait beaucoup de bien. 

C'est-à-dire ?  Vous sortez la perceuse, le tournevis, le marteau...

Oui. Et je tape sur tout le monde ! (rires) En fait, j'aime bien m'embarquer dans mon monde à moi. Voilà, bricolage et jardinage, ça me fait du bien. 

Question gratitude, Olivier: est-ce qu'il y a une personne qui a beaucoup compté pour vous, dans votre vie professionnelle ou personnelle, et à qui aujourd'hui, vous avez vraiment envie de dire merci ? 

 Pour moi, il y a plusieurs personnes auxquelles je peux penser. Mais il y a vraiment un bar, qui s'appelle "Le café ailleurs" à Paris. C'était un café un peu "cabaret", qui était à côté de Bastille. Et c'est vraiment ce lieu. qui m'a donné ma chance en me disant : "Vas-y, on veut te voir sur scène. Et on voudrait un spectacle." Ils m'ont forcé à progresser et m'ont donné un outil merveilleux. Et de là, j'ai créé Oldelaf et Monsieur D. 

Et qui sont ces "ils" qui vous ont donné cette chance ? 

C'est Boris Bourdet, Mike André et Kiki ! Ce sont vraiment eux qui m'ont prêté cet outil, cette scène. Mais c'est un endroit qui est finalement assez connu en chanson. C'est là qu'ont commencé Bénabar, les Ogres de Barback et les Fatals Picards. On était toute une bande comme ça à fréquenter cette scène. C'est vraiment de la chanson française, mais ils m'ont fait remplir une petite case et mettre finalement à la chanson humoristique, lui faire retrouver un peu des lettres de noblesse, parce qu'elle est très sous-estimée par beaucoup et ça a été super !

Je pensais aussi à Pierre Richard, votre référence en matière d'humour un peu maladroit et qui vous a donné envie de monter sur scène aussi ? 

Oui, complètement. Et j'ai eu la chance de le rencontrer... Donc ça c'est un cadeau de la vie. Pierre Richard, je trouve, c'est l'incarnation de la grâce. Chacun de ses mouvements est d'une légèreté, d'une grâce extraordinaire. Et je suis très heureux d'une chose : c'est que, à un moment, il a moins tourné, on le voyait beaucoup moins Et il a complètement renversé la vapeur. Aujourd'hui, il est omniprésent dans les films, les comédies françaises et je suis très très heureux de ça. On a rendu...à César ce qui appartenait, à César et à Pierre en tout cas ! 

Dernière question, Oldelaf. Vous connaissez le dicton: "Pour vivre heureux vivons cachés". Mais pour vous, pour vivre heureux, il faudrait vivre comment ? 

En ce moment, à cette époque-là, il faudrait vivre, déjà. Au vu de ce qui se passe dans divers endroits du monde et pays, guerres et conflits, je pense que pour vivre heureux, essayer de vivre tout simplement. 

En cultivant aussi un humour sur la vie, si c'est possible ? 

En fait, il y avait des Béatitudes qui ne sont pas dans les Béatitudes de la Bible, mais qui avaient été reprises. Et il y avait une phrase que je trouvais intéressante, qui m'accompagne et qui disait "Heureux ceux qui savent rire d'eux-mêmes, ils n'ont pas fini de s'amuser !" Voilà. Et je crois pas mal à cette petite maxime !

*Maxime du Père Joseph Folliet, prêtre du Prado

Son actualité : "Délires chroniques", sortie le 14 Novembre sous le label indépendant AT (h) OME. Et une tournée dans toute la France. Dates à retrouver sur le site d'Oldelaf : https://www.oldelaf.com/