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En 1978, Madame Choi l’actrice la plus connue d’Asie et icone vivante en Corée du Sud est enlevée par Kim jong-Il le futur dictateur Nord coréen. Madame Choi et les monstres raconte une histoire incroyable venu de la péninsule de Corée et des année 70-80 mais qui résonne étrangement avec notre monde d’aujourd’hui. Un album entre manga et comics signé Sheree Domingo et Patrick Spat et édité au Seuil.
Madame Choi et les monstres raconte une histoire incroyable tout droit venue de la péninsule coréenne et des années 70 mais qui résonne étrangement avec notre monde d’aujourd’hui.
En 1978, Madame Choi, l’actrice la plus connue d’Asie et icône vivante en Corée du Sud, est enlevée par celui qui ne s’appelle pas encore Kim jong Il mais qui deviendra bientôt le dictateur nord-coréen bien connu.
Ce que Madame Choi ignore, c’est que quelques mois après elle, son ancien mari Shin Sang-ok surnommé Le prince du cinéma coréen est à son tour kidnappé par des agents infiltrés de la Corée du Nord. Pendant des mois ils seront tenus éloignés, Shin Sang-ok sera enfermé au secret et torturé, avant que le responsable de leurs enlèvements n'orchestre leurs retrouvailles.
En fait, le jeune Kim Jong il est un grand amateur de cinéma américain, un grand fan de Rambo qui régulièrement envoie ses sbires dévaliser les cinémathèques asiatiques pour pouvoir nourrir son appétit de films, comme on le voit dans la scène d’ouverture de cet album.
Kim Jong il se veut cinéphile et comme il a conscience de la pauvreté du cinéma de son pays, il “s’offre” les meilleurs artistes asiatiques pour créer un grand cinéma nord-coréen capable de rivaliser avec les plus grosses productions américaines et montrer ainsi au reste du monde de quoi son pays est capable.
A ses deux otages très particuliers, il va finir par proposer un marché, une liberté totale, des financements illimités en échange d’une loyauté inconditionnelle.
Si le deal n’est pas dit aussi clairement, il n’y a pas d'ambiguïté. C’est un pacte avec le diable, “un pacte minable” dit Madame Choi qui n’est jamais dupe du rôle qu’elle est forcée de jouer.
Alors ils vont tourner, beaucoup tourner et leurs films auront beaucoup de succès en Asie. Particulièrement Bulgasari qui est devenu un film culte que l’on trouve maintenant sur Youtube. C'est une sorte de Godzilla. Un monstre gigantesque qui se nourrit de fer et d’acier et qui s’associe à une révolte de paysans pour renverser un tyran. Cette histoire de Bulgasari est imprégnée des mythes coréens, mais certains y verront une critique subtile de Kim jong il. Et dans cet album, son récit s’entrecroise avec l’histoire de Madame Choi.
En 1986, "le cher dirigeant de la Corée", c’est le surnom de Kim Jong Il, envoie Madame Choi et son mari à Vienne pour un festival de cinéma. Ils en profitent pour s’échapper et demander l’asile politique aux Etats Unis. Là-bas ils vont travailler pour Disney et réaliseront des films qui ne marqueront pas la postérité.
Cette histoire est une histoire d’amour mais c’est surtout une histoire très politique qui nous parle de mégalomanie et de tyrannie. Elle nous dit aussi la puissance des mythes pour nous aider à saisir le présent. Elle s’interroge encore sur les moyens de résister et sur ce qui subsiste de l’art et de la culture quand ils sont manipulés à des fins politiques .
Enfin cet album Madame Choi et le monstres est servi par un graphisme très efficace, mi manga mi fanzines. Madame Choi a tellement de classe avec ses cheveux courts, ses énormes lunettes et sa grande jupe coréenne. Enfin vous n'êtes pas prêt d'oublier cet adorable petit monstre qui au fur et à mesure des pages, des batailles et des tonnes d’acier qu’il engloutit devient totalement incontrôlable : belle allégorie de la guerre et de ses ravages.
Madame Choi et les monstres est signé Patrick Spät au scénario et Sheree Domingo aux dessins. C’est un album publié au Seuil.
Une sélection de bandes dessinées proposée par Stéphanie Gallet.
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