L’éventail : histoire et origines de cet objet ancestral
L'éventail est un objet à la fois pratique et élégant. On en trouve de toutes les couleurs, dans toutes les matières et sous toutes les formes : en soie, en bois, en papier, décoré de motifs variés. Il est aujourd’hui reconnu non seulement comme un accessoire du quotidien, mais aussi comme un véritable objet d’art. Mais quelle est son histoire ?
© FreepikC'est un objet pourtant simple qui a toujours existé. Au temps des pharaons, il était même symbole de puissance, d'autorité et de dignité, à l'instar du célèbre Toutânkhamon qui était toujours équipé d'un éventail. Retour sur l'histoire d'un objet pas si ordinaire.
Les origines de l'éventail : de l'Orient à l'Occident
Il faut remonter à l'Antiquité pour voir apparaître les premières traces de l'éventail. "C'était vraiment un objet usuel. À l'époque, il servait essentiellement à attiser le feu, à chasser les mouches ou à s’éventer", raconte avec passion Anne Hoguet, éventailliste, maître d’art et héritière d’une famille liée à la fabrication de l’éventail. Leur conception ? "Avec ce qu’on trouvait dans la nature : on tressait des feuilles de palmier, de lotus, puis plus tard en soie, en plumes de paon, notamment en Égypte et en Asie", rajoute-t-elle. Le célèbre pharaon Toutânkhamon utilisait par exemple des éventails en plumes d’autruche car il aimait particulièrement chasser cet animal.
Un objet hautement symbolique. Toujours au temps de l'Égypte antique, les pharaons aiment s'équiper d'un éventail pour montrer leur puissance, leur autorité mais aussi leur dignité. "Il faudra attendre les Ve et IVe siècles avant Jésus-Christ pour que l'utilisation de l'éventail se développe en Grèce puis en Europe", témoigne la maître d'art.
À l'époque, il servait essentiellement à attiser le feu, à chasser les mouches ou à s’éventer.
Pour les garçons et pour les filles. C'est aussi à cette époque grecque que l'éventail, alors plutôt masculin, est utilisé par les femmes. "Ils sont arrivés par le bassin méditerranéen, au Portugal, en Italie avec les Médicis et dans toute l'Europe". En France, il s'est popularisé notamment grâce à Catherine de Médicis qui a développé cette mode de l'éventail lors de son mariage avec Henri II. Plus tard, c'est Henri III qui a mis en avant cet objet lors des bals costumés et des fêtes, ce qui a permis de le féminiser.
Le pape et l'éventail. "Dans la religion catholique, jusqu’au concile Vatican II, des grands éventails accompagnaient les processions papales", précise Anne Hoguet. On l'appelait le flabella, un éventail utilisé en signe d’honneur autour du pape, qui avait autrefois un usage liturgique plus large, surtout dans les Églises d’Orient, où cette tradition existe encore aujourd’hui.
L’éventail comme objet d’art et de collection
Objet simple aujourd'hui, objet de luxe sous Louis XIV. "S'il fallait réévaluer le prix d'un éventail à cette époque là, c'est le prix d'une belle voiture de nos jours", évoque Anne Hoguet. Des éventails qui étaient de bonne facture, avec de la nacre, de l'ivoire, de l'écaille, et qui faisaient intervenir 25 métiers différents. "Quand il s'est démocratisé, les plus beaux d'entre eux sont devenus des objets d'art, de collection et de décoration", raconte la passionnée.
À la mode de chez nous. Le premier à relancer l'éventail dans les collections de haute couture, c'est Christian Dior en 1947 avec le new look. Plus tard, dans les années 1980, "le couturier Karl Lagerfeld l'a remis au goût du jour dans les collections de mode", relate Anne Hoguet.
S'il fallait réévaluer le prix d'un éventail à cette époque là, c'est le prix d'une belle voiture de nos jours.
L'éventail, c'est tout un art. Pendant de nombreuses années, Anne Hoguet a dirigé l'ancien Musée de l'éventail à Paris qui a aujourd'hui fermé ses portes. Il était l'héritage d'une histoire familiale qui a démarré en 1879 avec la création de L'atelier Hoguet par l'arrière-grand-père d'Anne Hoguet. "Les tabletiers faisaient la monture, les éventaillistes faisaient l'habillage. Je suis issue d'une famille de tabletiers et en 1960, mon père rachète le dernier atelier parisien", témoigne Anne Hoguet, une véritable passionnée qui a pu collectionner plus de 2500 éventails.


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