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Les graines du figuier sauvage, du réalisateur iranien Mohammad Rasoulof

Un article rédigé par Valérie de Marnhac - RCF, le 18 septembre 2024 - Modifié le 30 septembre 2024
La Chronique cinémaLes graines du figuier sauvage, du réalisateur iranien Mohammad Rasoulof, la chronique de Valérie de Marnhac

Dans un moment où les droits des femmes reculent en Iran, le cinéma iranien s'impose comme un réel moyen de résistance et d'expression. Dans cette chronique Valérie de Marnhac nous présente le nouveau film de Mohammad Rasoulof "Les Graines du Figuier Sauvage".

Les graines du figuier sauvage © DRLes graines du figuier sauvage © DR

Il y a deux ans, la jeune Mahsa Amini mourait en garde à vue à Téhéran après son arrestation pour port ‘inapproprié’ de son foulard. Sa mort déclenchait la naissance du mouvement « Femme, Vie, Liberté ».

C’est la trame de fond du nouveau long métrage de Mohammad Rasoulof, LES GRAINES DU FIGUIER SAUVAGE.

C’est le point de départ qui a inspiré le réalisateur iranien. Il était lui-même emprisonné à ce moment-là. Et il a suivi ce soulèvement sans précédent de la population - hommes et femmes compris, via des images clandestines diffusées
sur les réseaux sociaux qu’il a intégrées à son film.

C’est une fiction, à la fois chronique familiale et thriller oppressant : l’histoire d’Iman, le père aimant d’une famille éduquée, il est fraichement promu juge d’instruction au tribunal, et va suivre jusqu’à la déraison folle, les manipulations d’un pouvoir répressif et meurtrier. Ses deux filles, Rezvan et Sana, soutiennent la révolte de leurs amis étudiants. Et la mère tente tant bien que mal de faire le lien entre père et enfants.

C’est donc une famille broyée par un système absurde et injuste ?

C’est toute la singularité et la puissance du cinéma iranien : partir de drames intimes du quotidien pour nous faire prendre conscience des conséquences sur les individus d’un pouvoir liberticide. La famille devient alors le miroir grossissant de la société, et le lieu de toutes les tensions et divisions.

Le récit de Rasoulof fonctionne comme une parabole. Il dépeint l’Iran d’aujourd’hui, comme un pays où la jeunesse est prête à mourir pour conquérir sa liberté. Une jeunesse qui refuse les traditions quand elles deviennent complices passives d’un pouvoir abusif.

Mohammad Rasoulof a tourné clandestinement à sa sortie de prison avant de s’enfuir de son pays.

Il est venu présenter son film au dernier festival de Cannes où il était sélectionné en Compétition officielle. C’était – il le savait - un voyage risqué et sans retour, un déchirement pour lui ! Sa manière de sensibiliser le monde entier à la situation de son pays.

Il a franchi une étape avec ce film dans la dénonciation du pouvoir en place. Il faut saluer l’extrême courage des acteurs et des actrices, et de toute l’équipe du film, qui vivent là-bas et ont accepté le projet.

Malgré la censure, les intimidations, les interrogatoires et les emprisonnements fréquents, les artistes continuent de braver la violence croissante de ce régime théocratique.

Les Graines du figuier sauvage, de Mohammad Rasoulof sort aujourd’hui sur les écrans français.

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