Le sculpteur souabe Daniel Mauch à Liège dans les années 1530
C’est avec Benoît Van den Bossche, professeur d’histoire de l’art du Moyen Âge à l’Université de Liège, qu’est abordée la fin de la carrière du grand sculpteur allemand Daniel Mauch, qui a vécu à Liège de 1529 à sa mort, en 1540. Il semble avoir surtout travaillé pour l’abbatiale Saint-Jacques, où il a été inhumé avec son épouse. Son arrivée pourrait avoir exercé une influence déterminante sur l’insertion de motifs de la Renaissance dans la sculpture du pays de Liège.
Un exil confessionnel
Daniel Mauch (vers 1477-1540) est un sculpteur originaire de Souabe, dans la partie occidentale de la Bavière actuelle. Il semble qu’il ait quitté sa ville d’Ulm, où il était un artiste réputé, en raison du basculement de celle-ci dans le protestantisme, ce qui obligeait à l’exil les citoyens souhaitant demeurer dans le giron de l’Église catholique.
Un grand chantier à Liège
Mais Daniel Mauch n’a peut-être pas quitté Ulm uniquement pour des raisons confessionnelles. On peut se demander s’il n’a pas été appelé à Liège par l’abbé de Saint-Jacques pour travailler à la décoration de l’église abbatiale nouvellement réédifiée. De nombreuses sculptures en pierre de cette église sont aujourd’hui attribuées à Mauch et à son atelier, quoique certains spécialistes n’acceptent pas l’idée que Mauch ait travaillé une autre matière que le bois. Mauch pourrait avoir fait office de maître d’œuvre pour l’ensemble des sculptures, notamment celles de la voûte, dans l’abbatiale. C’est d’ailleurs en son sein que son épouse et lui ont inhumés ; des vestiges de leur pierre tombale y sont encore visibles.
Un chef-d’œuvre de Mauch au Grand Curtius
Trois œuvres seulement de Mauch sont signées ou documentées par les archives, deux de la période souabe et un chef-d’œuvre de sa période liégeoise : la Vierge de Berselius. Cette sculpture magistrale, notamment par la précision des détails, fut réalisée, à une date inconnue située entre 1529 et 1535. Elle a été commandée par l’humaniste liégeois Pascal de Bierset, un moine bénédictin de l’abbaye de Saint-Laurent. Elle allie des motifs gothiques à des motifs Renaissance, ce qui était alors très neuf au pays de Liège.
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