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Vote de confiance : d'où vient le mot "politique" ?

Vote de confiance : d'où vient le mot "politique" ?

RCF, le 8 septembre 2025 - Modifié le 8 septembre 2025
Le mot de la semaineVote de confiance : d'où vient le mot "politique" ?

LE MOT DE LA SEMAINE - A l'heure du vote de confiance à l'Assemblée Nationale, analysons de plus près, avec Jean Pruvost, le mot "politique".  

 Jean Pruvost © Pascal Hausherr Jean Pruvost © Pascal Hausherr

Au moment du vote de confiance à l’Assemblée Nationale, au vif des choix politiques, « politique » est un mot clef, à la fois neutre et noble, qui concerne tout le monde quels que soient les points de vue en lice.

Origine étymologique

C’est un mot de haute fréquence, d’autant plus qu’il se présente à la fois comme un nom et un adjectif. Tout d’abord, il s’agit d’un nom, tantôt féminin, l’art de la politique, tantôt masculin, c’est un politique, en parlant d’un homme versé dans la politique ou habile dans la gestion des problèmes. J’ai lu par exemple que Mick Jaeger a toujours été un fin politique dans la gestion des Rolling Stones… Ensuite vient l’adjectif : un débat, une analyse, un comportement, une décision, une personnalité, qui peuvent donc être « politiques ».

Étymologiquement, il n’y a pas de surprise, le mot est issu du grec polis, politikos, qualifiant ce qui était de la cité, polis, en grec. Dans le droit fil du grec puis du latin politicus, c’est en 1361 qu’est attesté le terme français politique relevé notamment chez Oresme dans son Traité de la première invention des monnoies, où est politique ce qui est propre à un gouvernement judicieux et, dans ce sillage, en 1485, on repère déjà le qualificatif s’adressant à un être humain pour définir celui qui est sage et adroit dans le gouvernement des hommes entre eux. Si aujourd’hui, à tort à mon avis, on donne parfois une connotation péjorative au mot « politique », au Moyen Âge et encore jusqu’au XVIIe siècle, le mot était resté très proche dans les esprits, de la cité, les politiques étant comme il se doit à son service.

Un mot riche de sens

On appelle par exemple encore au XVIIe arithmétique politique ce qui correspond aujourd’hui à des statistiques portant sur le nombre d’habitants et l’économie s’imposant. En 1690, Furetière définit par ailleurs ainsi le mot politique « Première partie de la Morale, qui consiste en l’art de gouverner & de policer les Estats pour y maintenir la sûreté, la tranquillité, & l’honnêteté des mœurs », le verbe policer signifiant « faire des lois et des règlements ». La critique incessante des « politiques » date en réalité surtout du XIXe siècle. Le mot « politique » n’a de fait cessé d’être plus riche de sens au fil de l’histoire et il faut vraiment lire le très riche article du Dictionnaire de l’Académie française à propos de ce mot. On y présente entre cent autres remarques deux points de vue distincts, donnés sous forme d’exemples. Ainsi, « Selon Aristote, la politique est fondée sur la morale, alors que, pour Platon, elle repose sur l’obéissance aux lois ». Il ne fait aucun doute en effet que la réflexion sur le sujet a commencé sous l’Antiquité. Récemment, Coluche évoquant les « politiques », disait assez justement avec son humour corrosif, « qu’ils ne font pas ce qu’ils veulent, mais ce qu’ils peuvent ». Évidemment, les verbicrucistes n’ont pas manqué de nous faire sourire en définissant le mot « politique » comme « la multiplication des divisions ». Allons, soyons positif, c’est aussi parfois l’addition de bonnes lois. Dieu soit loué !

©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Le mot de la semaine
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