Le mot de la semaine : "Raquette"
Le tournoi de Roland Garros a commencé dimanche 25 mai et s’achèvera le 8 juin prochain. Ce tournoi de tennis sur terre battue a été créé en 1891 et porte le nom de Roland Garros depuis 1928 parce qu’il se déroule dans le stade Roland Garros. Dans ce contexte, retour sur le mot raquette.
Jean Pruvost © Pascal HausherrRoland Garros fut un aviateur français mort dans un combat aérien en octobre 1918 et que son nom a donc été donné au stade où se déroule le tournoi de tennis, parce qu’il avait été membre du club initial. Quant au mot « tennis », comme on nous le signale chaque année, il vient du jeu de paume où, au moment de « lancer » la balle, tout comme on pourrait dire « attrape », on disait « tenez », le z étant prononcé. Ce mot qui passa en anglais avec le lawn-tennis, le tennis sur gazon, puis fut abrégé en tennis en nous revint en français en 1880.
Origine du mot "raquette"
Pensons maintenant aux as de la raquette, et donc à ce mot-clef du tennis, et là je vais vous lire un texte écrit en 1778 par Saint Foix à propos
du jeu de paume : « D’abord, on joua à la paume de la main nue ou avec un gant double, dans la suite quelques-uns mirent à leur main des cordes et tendons pour renvoyer la balle avec plus de force, et de là on imagina la raquette. » Il a suffi d’inventer un prolongement de la main pour que naisse la raquette du jeu de paume, la première étant attestée en 1505. En fait le mot fut d’abord écrit « rachette », tiré en effet du latin médiéval rasceta manus, la raquette de la main , désignant le carpe, cette double rangée de petits os au niveau des poignets, mot latin sans doute issu de l’arabe râhat, râhet, définissant justement la « paume de la main ». De la paume de la main à la plante des pieds, il n’y eu plus tard qu’un pas à franchir, pour qu’au XVI e siècle, on appela aussi raquette cette large semelle permettant de marcher sur la neige. Mais pour revenir au tennis et au jeu de paume, en fait, il faut rappeler que dès le départ, il y eut un public impressionné par les performances des joueurs.
Regard philosophique sur le tennis
Tout comme le tennis, le jeu de paume a été observé avec intérêt et au XVII e siècle, Descartes par exemple, dans l’un de ses Discours, évoque ce « qu’éprouvent » les joueurs lorsque, dit-il, « leur balle rencontre de faux carreaux ou bien qu’ils la touchent en biaisant de leur raquette, ce qu’ils nomment couper ou friser » ! Précisons que la terre du jeu de paume s’appelait « carreau » et qu’il nous en est resté l’expression « rester sur le carreau », perdre pied donc, ou encore « prendre la balle au bond ». Et de la galerie rassemblant les spectateurs le long du jeu, nous est venu « épater la galerie ». Alors évidemment, le mot tennis a aussi connu un fabuleux destin du côté des « chaussures de tennis » abrégé en « tennis » avant d’avoir un concurrent sur le même principe, les « baskets ». Pour
aller à Roland Garros conseillons cependant les « tennis », mot attesté en ce sens depuis 1894, dans le catalogue du Magasin de chaussures réunis du 15 avril…
Pour faire deviner le mot « tennis » : sport d’échanges, ou encore impossible de couper à son service, ou enfin sport tout court, comme « court » de tennis… Et pour « raquette », comme ma guitare : un magique instrument à cordes.


Jean Pruvost, lexicologue passionné et passionnant vous entraîne chaque lundi matin dans l'histoire mouvementée d'un simple mot, le mot de la semaine !




