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RCF Le monde du foot : ce que serait une société ultralibérale déréglée
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Le monde du foot : ce que serait une société ultralibérale déréglée

RCF,  -  Modifié le 17 juillet 2023
"Chacun pour soi et la somme des intérêts particuliers fera l'intérêt de tous." C'est la définition du libéralisme et aussi la façon dont fonctionne le football aujourd'hui.
José Roberto Coccorese / Unsplash - Sur la pelouse verte "des équipes de mercenaires", composées de joueurs et de véritables stars, et entre eux "des écarts de rémunération astronomiques". José Roberto Coccorese / Unsplash - Sur la pelouse verte "des équipes de mercenaires", composées de joueurs et de véritables stars, et entre eux "des écarts de rémunération astronomiques".

"Je ne comprends pas qu'on puisse être indifférent au football", nous dit Robert Redeker. C'est aujourd'hui à 16h30 heure française, que débute la la cérémonie d'ouverture de la Coupe du monde 2018. Et le moins qu'on puisse dire c'est que désormais et durant un mois il sera difficile d'y échapper ! Difficile aussi d'échapper aux controverses que le sport suscite tant il concentre d'enjeux économiques.
 

"Le foot c'est intéressant dans la mesure où ça permet de comprendre des choses ou d'interroger le monde contemporain"

 

L'ÉvÉnement le plus médiatisé au monde

"On peut aimer ou détester mais on ne peut pas être indifférent", affirme Pierre Rondeau. Déjà on ne peut pas faire comme si ça n'existait pas puisque qu'en 2014 par exemple, la finale de la Coupe du monde a été vue par 1,7 milliard de personnes et que l'on estime à 3,2 milliards le nombre de personnes qui ont vu au moins 10 minutes du match : soit la moitié de la population mondiale.

Le dirigeant russe a chez lui "l'événement le plus médiatisé au monde", devant les Jeux olympiques par exemple. On ne peut donc pas être indifférent quand on sait les enjeux politiques de la Coupe du monde. Ce sport, comme le dit Robert Redeker, "s'adapte à tous les régimes politiques". "Il y a eu le football fasciste, on se souvient en 1978 de l'utilisation du foot en Argentine... pour Poutine c'est une très très bonne affaire." La Coupe du monde en Russie, l'opposition étouffée, l'image du président lissée par rapport à la Syrie, l'Ukraine... "Profiter de l'engouement footballistique pour asseoir une réputation, c'est tout l'enjeu du football aujourd'hui", convient l'économiste. 

 



 

Le football miroir de notre époque

Surtout on ne peut pas ignorer un sport représentatif "d'une économie de marché ultralibéralisée, ultradérégulée". "Miroir de la société moderne", le football contemporain a cette vertu de nous faire voir "ce que pourrait être la société si on continue comme ça dans cette folle dérégulation". Il y avait bien la jolie formule d'Albert Camus, que "les thuriféraires du football" aiment citer : "Ce que je sais de la morale, c’est au football que je le dois." Aujourd'hui, le professionnalisme a bouleversé les "valeurs" de ce qui est devenu un "sport-business". 

"C'est mon sport chéri, confie Pierre Rondeau, le sport que je pratique depuis toujours, que j'adore regarder, j'adore passer mes journées entières devant des matches de football !" Mais l'économiste ajoute qu'il est également passionné par "tout ce qu'il y a autour du football, toute son économie, son anthropologie, son histoire, sa culture". "Je trouve que le foot c'est intéressant, dans la mesure où ça ressemble à une fable qui permet de comprendre des choses ou d'interroger le monde contemporain." Robert Redeker, auteur de "Peut-on encore aimer le football ?" (éd. du Rocher), envisage le foot comme un objet intellectuel, une "sorte de tremplin pour rebondir vers des questions philosophiques".

 



 

Et Le sens du collectif ?

20 ans après, qui ne s'émeut pas de la victoire des Bleus en 1998, la France entière réunie par une même ferveur collective ? Parlons-en du collectif. "La somme des intérêts particuliers fait l'intérêt collectif", dit-on en économie. C'est même la définition du libéralisme : "chacun pour soi et la somme des intérêts particuliers fera l'intérêt de tous", rappelle l'économiste. "Le football, c'est un sport collectif mais c'est le sport collectif le plus individualisé." Sur la pelouse verte "des équipes de mercenaires", composées de joueurs et de véritables stars, et entre eux "des écarts de rémunération astronomiques".

"Le système économique du football à l'heure actuelle en tant que tel peut me décevoir." Pierre Rondeau, auteur avec Richard Bouigue de l'ouvrage "Le foot va-t-il exploser ?" (éd. L'Aube), en appelle à "une régulation pour sa protection".

 

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