"Le mari de la comtesse de Ségur" Hafid Aggoune
Hafid Aggoune
" Le mari de la comtesse de Ségur " (Éditions Reconnaissance)
Dans la France du XIXe siècle, Eugène de Ségur rencontre la russe Sophie Rostopchine. Il l'épouse à vingt ans et fonde avec elle une famille, mais ni l'un ni l'autre ne trouve leur place dans la monarchie corsetée d'après Napoléon Ier.
Tourmenté par sa rancœur envers une mère infidèle, Eugène multiplie les aventures.
Traversé d'incertitude, de culpabilité et de quête de sens, comment va-t-il surmonter ses démons, et faire entrer son noble nom dans la modernité ?
"Le mari de la comtesse de Ségur" Hafid Aggoune

La chronique de Jacques Plaine
Hafid Aggoune – Le mari de la comtesse de Ségur – Editions Reconnaissance – 17 €
Ecrivain, artiste, Hafid Aggoune, ancien élève du lycée Claude Fauriel, est Stéphanois.
Fille d’un père gouverneur de Moscou - qui en mettant le feu à la ville avait contraint Napoléon à la retraite - et d’une mère ancienne demoiselle d’honneur de Catherine II, Sophie Rostopchine est devenue, à l’âge de vingt ans, la comtesse de Ségur en épousant le comte de Ségur et, à cinquante, auteure en écrivant une vingtaine de romans. 30 millions d’exemplaires
vendus.
Le comte Eugène de Ségur qui prend aujourd’hui la plume pour raconter sa vie de pair de France et de père à éclipses, de mari absent et de fils de suicidé. Humilié par les infidélités de sa femme, son père s’était balancé dans la Seine. Un détraqué du sexe qui, de filles de rien en
femmes de pas grand-chose, a passé sa vie de dépravé loin, bien loin, de la comtesse, « le monde parisien, vibrant d’intrigues et d’aventures, m’appelait ». La comtesse qu’il allait voir entre deux adultères et trois trahisons dans son château de Normandie.
« Ses récits de jardinage m’endormaient et ma politique ennuyait Sophie ». Résultat, « après chacun de mes retours, un enfant naissait ». Huit au total.
Un livre pour se justifier, s’excuser, expliquer que fils d’une mère indigne –c’est à l’âge de huit ans qu’il l’avait vue embrasser un autre homme que son père - il ne pouvait lui non plus qu’être habité par le besoin de tromper et de se rouler dans la fange. Tout juste bon, une fois l’an, à venir faire un nouvel enfant à sa femme.
Expliquer aussi comment il avait incité celle-ci à écrire les histoires qu’elle racontait si bien à ses enfants et petits enfants – « avec ses récits, Sophie avait de l’or entre les mains » - puis convaincu son ami Louis Hachette de les publier. Enfin, grâce à ses relations aux Chemins de fer, aidé les éditions Hachette à créer - dans toutes les gares de France - le réseau de bibliothèques qui y fleurit encore aujourd’hui, les Relais Hachette.
L’honneur de celui qui à la naissance de son premier enfant avait fini la nuit avec l’infirmière était sauf. Sauf qu’à l’heure de la signature du contrat, il aura tout juste le droit de faire le
poireau derrière la porte. « Après la pluie, le beau temps », la comtesse de Ségur née Rostopchine - descendante de Genghis Khan, légende de l’Empire Mongol - n’avait pas eu besoin de lui pour négocier ses droits d’auteure avec Louis Hachette.


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