Le livre de la semaine : Surchauffe, de Nathan Devers

Nathan Devers est un habitué de nos studios car chacun de ses livres est un événement. 

Surchauffe

Le mot apparaît cinq fois dans le roman. Voilà un roman terrible qui s’articule autour de trois S, non pas Sea, Sex and Sun mais Surchauffe, Spirale et Sentinelle ; on n’est pas là pour rigoler.

Ici, il transmet son dessein : « J’aimerais décrire le monde comme une usine ardente, fabriquant méthodiquement sa propre destruction. Une machine colossale et aveugle, tournant à plein régime pour brûler ses turbines. C’est cela, qu’il faudrait : esquisser la fresque de l’incendie où se consument nos vies ».

C’est l’histoire d’une femme, Jade Elive Fasquin, 36 ans, cadre sup chez Arcadie qui écrit un roman ou plutôt, qui aimerait écrire un roman. Elle y parle de son N+1, Jean-Christophe Moranges, un ancien député cultivant « l’art de l’hypocrisie », d’un certain Jermiel qui érotise toute relation et se gave de films pornographiques. « Je ne vois autour de moi que des tristes sires à cran, des pauvres diables dévorés par le stress, des paires d’yeux saturés par des écrans qui ne cessent de sonner (…) A la vérité, la Spirale ne m’appartient pas. Venue du dehors, elle est le symptôme d’une maladie globale : la Surchauffe du monde. Car, si quelqu’un fait un burn-out dans toute cette histoire, par-delà ma petite personne, c’est bel et bien lui, ce salopard de monde ».

Son mari, Thomas, est journaliste, une vedette du petit écran. « La science infuse, il assénait ses certitudes sur les sujets du matin, sans même prendre la peine de lire le journal. Car il savait, lui. Expert de tout et de n’importe quoi, il n’avait pas besoin de se documenter pour livrer son verdict. »

Le projet Arcadie

Le projet d’Arcadie est de créer une chaîne d’hôtels de luxe sur l’archipel d’Andaman, qui compten environ 550 îles (dont 38 sont habitées) situées en mer d'Andaman, à sa limite avec le golfe du Bengale, à 281 km au sud-sud-ouest des côtes birmanes, 507 kilomètres séparant ces dernières de Port Blair, la capitale. Le groupe trouve un actionnaire, Rohan Baylan, un Indien aussi riche que mafieux qui reçoit tout ce petit monde dans une île de l’Archipel. De quoi tenter Alice d’approcher les Sentinelles, ce peuple refermé sur lui-même qui tue tout étranger pour éviter des contaminations bactériologiques.

John Chau, 26 ans, globe-trotter, évangéliste, voulut témoigner du Christ fut abattu par les Sentinelles en novembre 2018. De quoi aiguiser la curiosité de la jeune cadre dirigeante. La fin du monde des Sentinelles car il s’agira d’une hécatombe par ouverture au monde, n’est-elle pas une métonymie de notre propre anéantissement ? La question de l’altérité. Elle est toxique et mortellement toxique. Qui a raison qui a tort ?