"Le gabelou des Colombines" Alain Faucoup
Alain Faucoup
" Le gabelou des Colombines " (Éditions du Mot Passant)
Dans la seconde moitié du 17e siècle, la famille Morand s'échine à faire prospérer la ferme des Colombines. Le père a rencontré d'Artagnan. Le fils côtoiera Vauban.
Il vivra les batailles contre les Savoyards et sera témoin des persécutions contre les huguenots. Devenu gabelou, c'est à dire douanier de l'impôt sur le sel, il constatera qu'il n'y récolte que l'opprobre des villageois.
Il décidera alors de changer de vie. Mais on n'échappe pas toujours à son destin…
"Le gabelou des Colombines" Alain Faucoup
La chronique de Jacques Plaine
Alain Faucoup – Le Gabelou des Colombines – Editions du Mot Passant – 20 €
Après avoir publié une série de beaux livres régionaux, Alain Faucoup est aujourd’hui écrivain. « Le Gabelou des Colombines » est son sixième roman.
1665, c’est l’hiver. Hippolyte a lacé ses guêtres, jeté son havresac par-dessus son épaule et, après avoir embrassé femme et enfants, pris le chemin de Briançon. Pour aller vendre au marché les produits de la ferme ? Pas du tout. Comme tous les hommes du village il va essayer de se louer. Comme peigneur de chanvre ou comme berger, voire comme instituteur. « Ce serait quelques rentrées d’argent frais et une bouche de moins à nourrir. »
Sauf qu’aujourd’hui à Briançon, pas l’ombre d’un loueur. Triste de ce constat mais heureux d’aller retrouver sa famille, il s’apprête à remonter aux Colombines, quand un mousquetaire l’interpelle « Approche mon gars, j’ai de l’embauche », accompagner un prisonnier à la forteresse de Pignerol. Ce mousquetaire c’est d’Artagnan, le prisonnier, Nicolas Fouquet.
Six mois plus tard, la tête pleine de belles histoires et la bourse de solides écus, le voilà de retour, heureux de retrouver sa femme. «Bercés par le cricri des grillons, ils s’aimèrent comme au premier jour»…et neuf mois plus tard virent arriver un nouvel enfant. Pancrace.
Pancrace, chéri de sa mère, honni de ses frères, marris de voir s’allonger la liste des héritiers. Pancrace, qui à vingt ans, se sentant de trop, prendra le chemin de Briançon. Pas pour se louer comme son père au même âge, mais pour s’engager dans les armées du roi. Contre les troupes du duc de Savoie tout d’abord « je vais me battre pour les renvoyer chez eux », puis dans les pas du marquis de Vauban « cet homme est un génie », enfin dans l’armée du maréchal Catinat où, après la bataille de La Marsaille, un aumônier prévenant lui donnera l’absolution.
Sauvé – après avoir avalé un peu de « poudre des Jésuites » mais trop faible pour continuer la guerre - « pour toi, c’est fini » - le voila promu agent des douanes, chargé de collecter la gabelle.
Gabelou. C’était son projet de vie, son ambition, son rêve de toujours. Mais est-il possible - sa vie durant - de s’épuiser à faire payer le sel au prix fort à ceux qui vous entourent, alors que leur objectif à tous, amis et famille compris, est de vous rouler dans la farine ?


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