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RCF Le film "Les vieux", ôde à la vieillesse, avec une touche alsacienne
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Le film "Les vieux", ôde à la vieillesse, avec une touche alsacienne

Un article rédigé par M.-L.W. - RCF Alsace, le 24 avril 2024  -  Modifié le 24 avril 2024
Les Trois Questions · RCF Alsace Le film "Les vieux", ôde à la vieillesse, avec une touche alsacienne

Donner une voix à ceux que l'on n'entend pas ou peu. Dans son documentaire Les Vieux,  Claus Drexel nous entraîne dans un tour de France pas comme les autres, à la rencontre de 32 personnages âgées de tous milieux et de tous endroits, notamment en Alsace.

© Les vieux, Claus Drexel © Les vieux, Claus Drexel

Donner une voix à ceux que l'on n'entend pas ou peu. Dans son documentaire Les Vieux,  Claus Drexel nous entraîne dans un tour de France pas comme les autres, à la rencontre de 32 personnages âgées de tous milieux et de tous endroits, notamment en Alsace.

RCF Alsace : Après votre documentaire Au bord du monde sur les sans abri parisiens et Sous les étoiles de Paris, qui suit le quotidien d'une femme SDF et d'un jeune migrant africain dans la capitale, vous semblez avoir une prédilection pour les personnes en marge. Qu'est ce qui vous a poussé cette fois ci à réaliser un film qui traite du grand âge?

Claus Drexel : J'aime donner la parole à ceux que l'on n'entend pas. Je me suis rendu compte que dans le débat public, la thématique des personnes âgées est omniprésente avec la fin de vie, des EHPAD, etc. Or, on en parle souvent comme un problème, ce qui me révolte. Les considérer ainsi parce qu'elles ne sont plus productives me révolte complètement. L'idée des Vieux était de partir sur les routes de France et de rencontrer des "gens simples", dans toute la noblesse du terme.

RCF Alsace :  Que vient apporter votre film au débat sur les sujets brûlants des personnes âgées ?

C.D :  Lorsque je fais des documentaires, je m'émerveille en voyant que l'humanité est constituée d'individus tous différents. Or, on a toujours tendance à mettre les gens dans des cases :  "les SDF", "les personnes prostituées" ou "les vieux". Ce qui est essentiel, c'est que toutes ces personnes ont des points de vue différents sur la vie, sur la mort, sur le quotidien. J'ai un grand rêve : que ce film attire aussi les jeunes !  Les vieux ont été jeunes, mais les jeunes n'ont pas encore été vieux. Et je pense que les spectateurs jeunes qui ont vu le film n'avaient pas forcément envie d'aller le voir mais en sont sortis bouleversés d'entendre ces personnes du grand âge parler de leur quotidien, de leur enfance. Et nombreux sont ceux qui m'ont dit que ce film leur a permis ou leur a donné des clés pour reconnecter avec leurs parents ou parfois arrière grands-parents avec lesquels ils n'avaient plus beaucoup de contacts.

RCF Alsace : Dans votre film, vous donnez à entendre différents accents ou des phrasés  qui viennent presque d'un autre âge ?

C.D : Tout à fait. J'avais déjà envie que ce film soit un voyage à travers la France. Les paysages filmés par Sylvain Leser, mon directeur de la photo, sont magnifiques. Cela ressemble un peu au Tour de France cycliste, mais là c'est un peu un tour de France des vieux. Cette mélodie avec ces accents, c'est magnifique. Je tiens beaucoup justement à ce qu'on reconnaisse la diversité de chacun. 

RCF Alsace : Une partie de votre film se déroule notamment dans en Alsace. Comment s'est passée cette partie-là du tournage ? 

C.D : Je cherchais la diversité au niveau des régions, mais aussi au niveau du passé socioculturel de chacun. J'avais aussi très envie d'aller tourner en Alsace. Via une association d'anciens mineurs, on a rencontré M. Mohamed Mendes qui a travaillé au puits Wendel vers Forbach. C'était une rencontre formidable parce que chez ces personnes qui ont travaillé à la mine avec une vie incroyablement difficile, ils en gardent  une certaine nostalgie et ça, c'est vraiment bouleversant.

RCF Alsace : Une figure vous a-t-elle plus particulièrement marquée ?

C.D : Je suis extrêmement reconnaissant envers toutes ces personnes qui m'ont accueilli, qui ont eu pris le temps de me parler (36 en tout, ndlr). Il y a beaucoup de personnes qui ne sont pas dans le film mais qui m'ont touché également. Moi qui suis d'origine allemande, j'étais évidemment particulièrement touché par une dame juive sont les parents ont été déportés alors qu'elle était lycéenne. Elle a donc passé la fin de la guerre seule dans son appartement. Elle pleurait le soir en étant toute seule et à l'école le jour c'était elle le pitre de la classe qui faisait rire tout le monde. C'est un enseignement de la vie incroyable. Je retiens aussi l'histoire incroyable de monsieur et madame Erny, de Colmar, un exemple de vie. Un jour, leur maison a été cambriolée. Ils savaient que c'était les enfants du quartier, mais plutôt que de s'énerver et d'être révolté contre cela, ils se sont dit "mais pourquoi nous ont-ils cambriolé? La maison a toujours été ouverte, on a toujours accueilli tout le monde et s'ils nous ont cambriolé l'été, c'est parce qu'ils étaient désœuvrés. " Ils ont  alors commencé à créer un centre d'activités. Au fil des ans, ce sens est devenu l'un des principaux centres d'accueil de la jeunesse à Colmar. Faire quelque chose de positif à partir d'une expérience difficile, c'est un exemple extraordinaire.

Les vieux sort au cinéma le mercredi 24 avril.

 


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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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